27 novembre 2009

Warp

Warp est un projet de bande dessinée de science-fiction, qui fut d'abord monté en 2001-2002 avec le dessinateur Arden. Nous étions sur le point de signer avec l'éditeur Pointe Noire lorsque celui-ci fit faillite, après quoi Arden renonça à la BD pour se consacrer à son métier d'infographiste.

Après un faux départ avec l'artiste Alexandra Rouvet-Duvernoy en 2004 (on a fini par s'engueuler comme du poisson pourri, j'espère qu'elle ne m'en tient plus rigueur), le projet fut finalisé en 2005 avec le duo dessinateur/coloriste C.M.H. & A. et c'est cette version que vous allez découvrir aujourd'hui (il ne me reste malheureusement rien des deux précédentes, hormis quelques croquis d'Arden dans mes cartons, qu'il me faudrait scanner un jour). Le projet fut soumis aux éditeurs en 2006, sans succès (il y en eut bien un pour manifester un vague intérêt, mais rien n'aboutit). Ainsi donc, Warp termina dans un warp ^^

Humainement et artistiquement, la collaboration avec C.H.M. & A. fut un réel plaisir ! Tout autant d'ailleurs que celle avec Arden. Mais au bout du compte, indépendamment de la qualité de leur travail et de nos échanges, je suis plutôt content qu'aucune des deux versions n'ait été publiée : ce scénario était exactement le contraire de ce qu'il aurait dû être. Les artistes n'y étaient pour rien : c'était ma faute, purement de ma faute.

Lorsque j'eus l'idée première de Warp, il devait s'agir d'une espèce de Aguirre, la colère de Dieu de la science-fiction, une réflexion sur la notion de civilisation, une épopée violente, déjantée, hystérique, dans laquelle des êtres prétendument évolués étaient plongés dans la barbarie la plus noire, jusqu'à eux-même sombrer dans les ténèbres. Mais bizarrement, j'ai écrit tout autre chose ! Était-ce la peur de ne pas parvenir à vendre un projet trop « littéraire » ? Était-ce une volonté inconsciente de rester « pop » ? Je ne sais pas ce qui s'est passé, juste que dès les premières lignes, Warp prit la forme d'un truc de SF au ton léger, complètement mainstream : précisément l'inverse de ce que je voulais !!! Évidemment, je n'étais jamais vraiment satisfait du scénario, que je retravaillais sans arrêt, m'efforçant d'en étoffer la dramaturgie pour compenser cette « dérive ». Au bout du compte, je crois que la dernière version n'était pas si mauvaise, pas pire en tout cas que nombre d'autres trucs « tous publics » que l'on trouve en librairies. Mais quelles qu'aient pu être ses qualités, mon script restait consensuel, convenu, formaté : tout ce que je déteste ! Mon seul pari un tantinet osé fut que, de la douzaine de personnages, un seul était humain... et mourrait avant la fin du premier tome ! Était-il possible de susciter l'intérêt du lecteur pour des personnages étant tous extra-terrestres, appartenant tous à des cultures différentes de la nôtre ?

C'est en tout cas bizarre, parfois, comme les histoires que l'on veut raconter ont leur propre vie, leur propre existence et nous échappent pour devenir ce qu'elles veulent devenir ! Peut-être finirai-je un jour par reprendre ce concept de zéro et en faire ce truc tordu que j'avais en tête. Peut-être... ou pas.

Quant à C.M.H. & A., ils écrivent désormais leurs propres scénarios, et je leur souhaite le plus vif succès dans leurs projets. Qui sait si nos chemins artistiques ne se recroiseront pas un jour ? Ce serait pour moi un plaisir... Dans tous les cas, je reste très amoureux de leur coup de crayon et du travail qu'ils ont fourni sur Warp...

Voici donc les planches, suivies de recherches sur les personnages.



























































































































































21 novembre 2009

La Compagnizz, la série : épisode 8 - La Compagnizz fait dans les mondanités

Explications et épisode 1 ici.
Épisode 2 ici.
Épisode 3 ici.
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Épisode 5 ici.
Épisode 6 ici.
Épisode 7 ici.

De temps à autres, lalaBolduc, Denis Lecarme et Sainthomas se réunissent en co-plateau, histoire de faire un peu de buzz, de motiver les programmateurs à venir découvrir les trois artistes d'un coup, de rameuter les spectateurs récalcitrants en leur offrant trois concerts pour le prix d'un...


Mais bon... Comme vous allez le voir, Carole Jacques de lalaBolduc est timide, donc pas toujours à l'aise lorsqu'il s'agit de présenter une soirée... Et depuis que Sainthomas est passé de sa formule quatuor à sa formule solo, Carole trouve ça encore plus compliqué à expliquer (ce que Thomas comprend bien, à en croire son hochement de tête) !


Et puis disons-le franchement : le vrai problème c'est que le public lyonnais est très... mondain...

La preuve en images !

La Compagnizz, la série : épisode 8 - La Compagnizz fait dans les mondanités

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A la semaine prochaine pour un nouvel épisode !

18 novembre 2009

La Compagnizz, la série : épisode 7 - Sainthomas n'est pas content

Explications et épisode 1 ici.
Épisode 2 ici.
Épisode 3 ici.
Épisode 4 ici.
Épisode 5 ici.
Épisode 6 ici.

La plupart des musiciens le savent : le jour où vous annoncez à vos parents que vous allez plaquer votre carrière d'architecte pour vous consacrer à la musique, la réaction est assez violente ! Sainthomas a eu de la chance : son père a compris que son fils devait réaliser ses rêves. Ainsi, il l'a encouragé sans réserve !

Quelques années plus tard, c'est l'heure des bilans... et là : Sainthomas n'est pas content, mais alors pas content du tout !

La Compagnizz, la série : épisode 6 - Sainthomas n'est pas content

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A la semaine prochaine pour un nouvel épisode !

17 novembre 2009

Insoluble

Comment dire aux gens qui nous ont blessé qu'ils nous ont blessé sans les blesser si le fait de leur dire qu'ils nous ont blessé les blesse ?


16 novembre 2009

Shaomi est complètement has-been

Ben oui : ce week-end j'étais malade, alors je me suis dit que ça devait être la grippe A !

Comme je suis un être totalement superficiel qui ne se soucie que de son image, j'étais super content, genre : « Wow ! La classe ! Je suis méga-tendance sur ce coup-là ! ».

Et ben non : c'était juste une grippe à la con, banale et bénigne...

Déjà que j'étais passé à côté de la vache folle dans les années 90 et de la grippe aviaire en 2003, et bien entendu j'étais trop jeune pour choper le sida en 1985 (j'aurais pu par la suite, mais c'était plus du tout avant-gardiste après 1990...).

Putain les mecs je suis complètement has-been...

15 novembre 2009

La réhabilitation de Thomas Dolby

Totalement oublié en France, Thomas Dolby fut, aux côtés de Gary Numan, The Human League, Heaven 17 et Depeche Mode, l'un des pionniers les plus remarquables de la synthpop anglaise. Si sa discographie s'est considérablement ralentie après 1988, Dolby reste l'auteur de l'un des disques les plus intelligents des années 80 avec son premier album autoproduit, The Golden Age Of Wireless. Empruntant (comme Numan avant lui) à David Bowie son sens de la mélodie à la fois élégante et envoûtante, Dolby s'imposa immédiatement comme un « savant fou » de la pop. Superposant avec allégresse nappes de synthétiseurs et bruitages incongrus, invitant la star japonaise (elle-même ô combien visionnaire) Akiko Yano à pousser la chansonnette sur un titre, mélangeant habilement instrumentation « traditionnelle » et bidouillages avant-gardistes, Dolby suscita immédiatement l'enthousiasme en cette année 1982. 

The Golden Age Of Wireless est un disque rien moins qu'essentiel, en ce sens qu'il parvient à synthétiser avec brio l'essence même de la pop music dans ce qu'elle a de plus intemporel, tout en cristallisant les innovations d'une époque. D'ailleurs, contrairement aux artistes cités plus haut, Dolby s'obstina ne jamais sombrer dans la froideur synthétique qui caractérisait ses contemporains : le son reste très « chaud », se refuse radicalement au minimalisme, de sorte que les savoureuses textures sonores sont ornées en permanence d'une panoplie d'arrangements fournis. Et, comme souvent avec les œuvres de jeunesse, l'ensemble respire un enthousiasme débordant de vie, contagieux ! Ces mots, tirés du single She Blinded Me With Science, pourraient s'appliquer au disque tout entier : « it's poetry in motion ».


Depuis que nous nous sommes rencontrés en 2002, The Golden Age Of Wireless ne m'a jamais ni déçu ni lassé : il restera probablement à jamais l'un de mes disques de chevet. À noter qu'il en existe plusieurs rééditions, avec des tracklists différentes d'une version à l'autre. Le mieux est donc de mettre la main sur la version remasterisée qui vient de paraître chez EMI, et qui contient l'intégralité des sessions. Cette version est disponible en digital à un prix dérisoire (9,99€ pour dix-neuf titres, sur Amazon).


Quelques extraits sur Youtube :

13 novembre 2009

Interdire la burqa ? Oui, mais...

Je ne suis pas spécialement excité par la burqa (je lui préfère le sari ou la mini-jupe) mais tout féministe que je sois, je serais bien en peine de juger à quel point elle participe d'une tradition et à quel point elle participe d'une oppression de la femme. Ce que je me demande, par contre, c'est à quel point son interdiction a le moindre sens. D'abord, comment l'appliquer ? Qui condamner en cas d'infraction ? La femme qui la porte ? Et en ce cas n'est-ce pas l'oppresser doublement ? Son époux, son père ? Et en ce cas qu'en est-il si la burqa est un choix de la femme et non des hommes qui l'entourent ? Condamnera-t-on des innocents ?

Mais au delà de ça, mon inquiétude concerne surtout le préjudice, plus grand encore, qui risque d'en découler pour les femmes des familles les plus radicales. Je suis certain que certains pères ou époux décrèteront que, si une femme ne peut plus porter la burqa dans la rue, la femme ne sortira plus de chez elle. Qui le saura ? Qui ira vérifier, et comment ? Des dizaines, des centaines, des milliers peut-être, de femmes musulmanes françaises pourraient alors se retrouver confinées dans leur appartement jusqu'à la fin de leurs jours, avec interdiction totale de mettre un pied dehors sous peine de graves représailles. On me dira que depuis l'interdiction du voile à l'école, les gamines y vont tout de même. Oui, car la scolarisation est obligatoire. Le travail, lui, ne l'est pas (pas encore en tout cas) : comment alors saurons-nous ? Qui les tirera de là, toutes ces femmes séquestrées ? Personne, j'en ai bien peur.

De fait, peut-être vaut-il mieux un combat idéologique contre un phénomène identifié, qu'une loi générant une dissimulation du phénomène davantage que sa disparition. J'ajouterai enfin que, à ma connaissance, il n'est pas un seul passage du Coran qui prescrive le port de la burqa. C'est une invention du clergé musulman et c'est peut-être plutôt cela qu'il faudrait répéter inlassablement aux communautés musulmanes, ça plutôt qu'une loi.

11 novembre 2009

... (31)

écumes voraces
insatisfaites par les lignes droites
déchirent la route en fourches
impromptus prédestinés au chaos
intérieur


10 novembre 2009

... (30)

le silence est improbable
sur l'incessante autoroute
l'ego sollicité peut se nourrir de plantes
mais le jeûne est un mirage
visionnaire


9 novembre 2009

Délicieuse charogne...

Après mon dernier article, je parie qu'en lisant le titre vous avez pensé « oh putain le salaud, il va encore nous faire chier avec son végétarisme, à nous faire encore culpabiliser et tout ».

Et ben non ! Même pas ! (Ceci dit, vous ne perdez rien pour attendre !)

Non : la charogne en question n'est pas celle que vous bouffez tous les jours mais une jeune écrivain ou plutôt -c'est elle qui le dit- une « putasse d'artiste » qui a choisi le pseudonyme de « Charogne de Doberman ».

Pour ceux qui trouvent ça vulgaire, je ferai remarquer que c'est un nom à particule, donc assez distingué en fait.

Coline Honoré, puisque c'est son vrai nom, est en train de manger le monde sur son blog. Et elle fait bien, parce qu'elle le fait dans les règles de l'art (l'art avec un grand « a ») ! Avec cynisme et intelligence, elle démonte, déchiquète et crucifie le marasme ambiant, l'échec flagrant de la civilisation occidentale, la morbidité de la société qui nous entoure, et c'est un vrai régal !

Alors je vous vois déjà en train de ruminer comme des vaches sacrées : « oh non, merde, y'en a marre de ces écrivains amers qui crachent dans la soupe ! »

Certes...

Sauf que Coline Honoré crache son venin avec une telle jubilation, avec tant d'élégance et de flegme, et surtout avec tellement d'humour, qu'il serait vraiment dommage de s'en priver ! Il n'est pas un de ses textes qui ne m'arrache au moins deux ou trois fous-rires, et c'est alors que la noirceur se fait lumière !

Et puis aussi, Coline écrit sans fautes d'orthographe et se souvient de l'existence de ces choses exotiques nommées « conjugaison » et « accords ». Vous me direz que c'est quand même la moindre des choses pour un auteur. Je vous répondrai que vous avez raison mais qu'internet a malheureusement atteint le degré de déchéance où cela mérite d'être noté, considérant que nombre de blogueurs -indépendamment de leur éventuel talent littéraire- ont décidé de se passer de ces encombrants concepts.

Mais ce qui est vraiment bluffant, ce qui témoigne d'un talent monstrueux et (je le lui souhaite sincèrement) d'un avenir brillant dans le métier : c'est son âge ! Coline a dix-neuf ans et sa plume a la maturité, la verve d'un écrivain accompli ! À chaque lecture de ses textes, je me dis : « la $£%ù¤& !!! », parce qu'à son âge j'étais loin d'une telle qualité d'écriture. Parce que ce putain de style, cette foutue précision du langage, ce satané regard critique qu'il m'a fallu tant d'années de boulot acharné à développer, que nombre de romanciers publiés n'ont pas et n'auront jamais, Coline les a déjà acquis, à un âge où l'on fait normalement ses premières armes littéraires ! Il lui reste certes à franchir l'étape la plus difficile : celle qui consiste à passer du texte court à une véritable dramaturgie, de l'article à la nouvelle, jusqu'au roman (ou à la pièce de théâtre, ou au scénario). Mais je crois savoir qu'elle y travaille déjà et son talent est déjà tellement flagrant, saute déjà tant à la gueule du lecteur, que je ne m'inquiète pas pour elle.

Alors je vous le dis tout net : il faut la lire ! C'est radical, sans concession, étonnamment bien écrit et hilarant ! Il faut la lire et il faut l'encourager, parce que si une plume aussi prometteuse se perdait dans l'obscur marécage des putasses-d'artistes-qui-finissent-par-renoncer-à-faire-le-tapin-faute-de-clients, ce serait juste trop triste.

Son blog est accessible sur son profil Myspace, c'est à dire ici.

Allez ! Vite ! Cliquez sur le lien et cassez-vous de mon blog pour aller lire le sien, sinon c'est moi qui vous mange !

7 novembre 2009

Elle est pas belle la vie ?

Le slogan de la marque de charcuterie Fleury Michon, « elle est pas belle la vie ? », me laisse rêveur...
















































Alors, elle est pas belle la vie ?

6 novembre 2009

La Compagnizz, la série : épisode 6 - lalaBolduc ne sont pas des filles faciles

Explications et épisode 1 ici.
Episode 2 ici.
Episode 3 ici.
Episode 4 ici.
Episode 5 ici.




Tout d'abord, veuillez accepter nos plus plates excuses pour ces deux semaines sans nouvel épisode. Comme vous le savez, notre série est produite à Bollywood (question de budget), et une grève des techniciens a paralysé la production dans tout Bombay, pendant deux semaines ! Figurez-vous qu'ils réclamaient un statut d'intermittent en Inde, ces cons-là. Heureusement, le patronat local les a matés vite fait (ils en ont même immolé deux ou trois pour l'exemple) !

Bref, ce nouvel épisode a pour but de laver la réputation de Carole et Lucile de lalaBolduc, vaguement entachée par notre épisode 3. Il se trouve en effet que Lucile a invité un mec à prendre un verre, l'autre jour, et voilà que le gars lui répond : « Merci pour l'invitation, que j'accepte bien sûr (même si la vidéo de la Compagnizz n'est pas tout à fait rassurante !). »

Ne vous y méprenez pas : si les lalaBolduc ont des techniques de dragues très efficaces, elles refusent régulièrement de donner leurs corps aux hommes, y compris aux plus grandes stars de la chanson française. La preuve par l'exemple !

La Compagnizz, la série : épisode 6 - lalaBolduc ne sont pas des filles faciles

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(Note : cet épisode a été réalisé par Lucile Brisset.)

A la semaine prochaine pour un nouvel épisode !

5 novembre 2009

Karcher mon cul !

Je n'ai jamais été un supporter de Nicolas Sarkozy. Je n'ai pas voté pour lui et ses ambitions m'ont toujours parues davantage au service de ses intérêts propres qu'à celui des intérêts de ses électeurs. Ceci dit, même si mon cœur balance vaguement à Gauche, je me demande parfois si je ne suis pas un mec de Droite qui ne s'assume pas, tant la Gauche me navre continuellement. Ce que je voulais dire c'est que les comparaisons perpétuelles entre Sarkozy et (au mieux) Le Pen et (au pire) Hitler me gavent. Confondre le libéralisme, aussi navrant soit-il (et il l'est souvent !), avec le fascisme ou le nazisme est aussi grossier que les amalgames que font les gens d'Extrême Droite entre le Parti Socialiste français et le Stalinisme. Mais bon, c'est pas de ça que je voulais parler.

Ce dont je voulais parler, c'est des promesses électorales de M. Sarkozy. M. Sarkozy nous a promis de « nous débarrasser de toutes ces racailles » et de « passer les banlieues au karcher ».

Aucun de ces propos ne m'avait choqué à l'époque. Dieu sait qu'il y a des choses qui me choquent chez Sarko, mais pas ces deux phrases. Pourquoi ? Parce que je fréquente suffisamment de gens de Gauche pour savoir qu'ils sont les premiers à se plaindre des « racailles » et de la dérive des « banlieues ». C'est normal. La Gauche est - traditionnellement - humaniste. Je ne vois donc pas au nom de quoi elle tolérerait que des gamins de seize ans agissent en gangsters sexistes ultra-violents, traitant les femmes de « salopes » et agressant physiquement les gens à tours de bras. Le mec de Gauche qui vous dit qu'ils ne sont pas représentatifs de l'immigration : il a raison. Le mec de Gauche qui vous dit qu'ils ont toutes les excuses du monde, dans un pays riche comme le nôtre : il se fout de votre gueule !

J'ai rencontré une fois un éducateur spécialisé qui avait mené des gamins en séjour de vacances en Algérie. Des gamins issus de l'immigration, des « jeunes délinquants », des « durs ». Deux semaines. Deux semaines dans un village empli des valeurs musulmanes (pas islamistes : musulmanes), un village où les gamins n'avaient même pas la télé chez eux, où ils devaient faire dix bornes à pieds par jour pour aller à l'école (et les faisaient)... Le mec me raconte : « sur seize ados soi-disant irrécupérables, quinze sont rentrés dans le droit chemin à leur retour, et un seul a continué ses conneries. »

Tout ça pour dire quoi ? Nous sommes responsables du désastre de nos gosses ? Certes. Ils en sont seuls responsables ? Non. Comme le souligne très bien Pennac dans son dernier livre, comme le soulignera n'importe quel prof de collège qui a fait ses armes en banlieue, ces gosses ont eu le cerveau lavé par la télévision et les marques, et voilà le résultat ! Il n'empêche que quand on a voyagé en Inde, en Chine ou en Mongolie, leurs caprices se révèlent pour ce qu'ils sont : des caprices d'enfants gâtés de pays riches, parce que là-bas aucun ado n'oserait se comporter en « racaille ». Donc, selon moi, il en résulte un double constat : un manque d'éducation ET un manque de discipline.

Mais bon, c'est pas de ça que je voulais parler. Ces bâtards de télévision et de marques, je leur en réserve d'autres sur ce blog, restez connectés.

Ce dont je voulais parler, c'est de ce qui m'est arrivé hier soir. Et oui : cet article est totalement égocentrique. J'assume. À la fois, ce qui m'est arrivé hier soir n'est pas anodin. Pas du tout anodin. Représentatif ? Je sais pas. Anodin : non. Quant au lien avec ce menteur de Nicolas Sarkozy, suivez-moi jusqu'au bout et vous verrez.

Contextualisation : J'habite rue Sainte Catherine à Lyon, au 18, entre deux bars nommés l'Arrosoir et la Taverne du Perroquet Bourré (véridique !!!), donc on a de gros problèmes de tapage et de voisinage, auxquels j'évite habituellement de me mêler vu que j'habite au sixième et que j'entends pas grand chose et que de toute façon, en bon Indien, le tapage je m'en tape. Ah oui, aussi : j'ai une fenêtre (avec barreaux et, bien entendu, rideaux) qui donne sur le palier du côté cour. C'est un détail important pour la suite.

Bref... c'est pas de ça que je voulais parler. Ce que je voulais dire c'est que hier, vers 22h30, je suis au téléphone avec mon oncle, qui me fait le bilan quotidien de la santé de mon père (entre la vie et la mort depuis bientôt un mois), lorsque l'on frappe à ma porte. Je dis à mon oncle « attends deux secondes, ça frappe » et j'ouvre. Je me dis que les voisins veulent du sel ou un truc du genre...

Trois gamins. Et puisque je sais qu'on va me poser la question même si ce n'est vraiment pas le sujet, deux d'origine maghrébine et un caucasien à bouclettes blondes. Trois ados, je dirais seize/dix-sept ans.

Je demande
« - Oui ?
- C'est toi qu'a un appart' qui donne sur la rue ?
- Heu... oui [NDLR : tous les apparts de mon immeuble donnent sur la rue].
- C'est toi qui nous a jeté un verre de pastis dessus par la fenêtre ?
- Non [NDLR : j'aurais du mal, ma fenêtre donne sur le balcon du voisin du dessous].
- Vas-y enculé on t'a vu on sait que c'est toi ! »
Bon là j'avoue je me suis énervé, j'ai manqué de diplomatie : j'ai dis à mon oncle « attend y-a un problème je te rappelle » et j'ai raccroché et je leur ai dit à eux :
- Vous venez pas me parler comme ça sur le pas de ma porte, je vous ai rien jeté dessus, dégagez !!! »

Là, je sais pas trop ce qu'y s'est passé : j'ai du voir l'étincelle de la haine dans leurs yeux, je sais pas, ils ont commencé à me chauffer et j'ai eu le réflexe de leur fermer la porte au nez. Je me souviens juste d'eux répétant « on t'a vu, on sait que c'est toi ».

Alors, tout est parti en sucette, Orange mécanique version 2009 et la porte entre nous : les mecs ont essayé de bloquer ma porte avec leurs pieds, j'ai été plus fort et, une fois la porte fermée, tout a basculé. Coups de pieds sur la porte (qui par miracle n'a pas cédé, c'est vraiment une porte de merde pourtant), et derrière les mecs ont pris les pots de plantes (pas de fleurs, de plantes, genre des gros pots) sur le palier et les ont balancé sur la fenêtre ! Le second miracle étant que la fenêtre ferme mal (ne peut pas s'enclencher) et qu'elle s'est ouverte toute seule et que les débris ont atterri chez moi sans briser les vitres. Les mecs ont continué à balancer tout ce qu'ils ont pu et se sont tirés en courant voyant que j'appelais la police (en même temps que trois autres voisins, apprendrai-je plus tard).

Moralité 1 : plus de peur que de mal, un gros chantier sur le palier (terre et bouts de vases), le plâtre autour de ma fenêtre écroulé, un énorme tapage, et c'est tout.

Moralité 2 : « tu aurais du sortir et les fumer ! ». Ce à quoi je réponds :
- J'ai eu peur, ils étaient trois avec des chaussures et j'étais tout seul pieds nus (je sais que plein de mes lectrices ne voudront plus coucher avec moi après avoir lu ça, mais qu'elles se rassurent, je veux pas coucher avec elles non plus).
- Je suis non-violent par conviction et si je ne suis pas acculé je préfère la fuite (là, les même lectrices voudront de nouveau coucher avec moi mais moi je veux toujours pas, c'est trop tard mesdemoiselles : fallait y penser avant).
- Franchement, j'ai été pris de court (ça arrive même aux meilleurs).
- C'était pas si con, parce que si on s'était battu et que j'avais perdu, ils aurait défoncé mon appartement, cassant tout et partant avec au moins mon ordinateur portable (là, les lectrices qui n'en peuvent plus d'excitation devant mon instinct de préservation du nid sont priées de se souvenir du point numéro un).

Bref, qu'est-ce que ça a à voir avec Sarkozy ?

J'y viens.

Un quart d'heure passe : deux flics par ailleurs très cordiaux arrivent et m'expliquent que c'est bien fâcheux tout ça mais que les mecs ils ne les choperont jamais en dépit des caméras de surveillance dans la rue qui ne servent à rien parce que peu importe à quel point elles sont performantes on a trop de suspects et que je vais perdre au moins deux heures à faire la queue le lendemain si je veux porter plainte donc c'est pas la peine. Je dis « OK, je verrai ».

Aujourd'hui, je me dis que quand même c'est citoyen de porter plainte ne fut-ce que pour le principe et je vais au commissariat.

J'arrive à douze heures trente : « Repassez à treize heures parce que là on va changer de service. »

OK.

Je repasse à treize heures. On me reçoit.

EUX : Monsieur, tentative d'agression et tentative d'effraction ça n'existe pas et acte de vandalisme pour deux pots de fleurs ça compte pas.
MOI : Oui, mais... Enfin si les mecs étaient rentrés j'aurais fini aux urgences.
EUX : Ils ne sont pas rentrés.
MOI : Ils ont essayé de défoncer ma porte, c'est une tentative d'effraction !
EUX : Une tentative d'effraction c'est avec un pied de biche.
MOI : Oui mais ils ont quand même saccagé l'allée et jeté des pots de fleurs sur la fenêtre.
EUX : La fenêtre a été cassée ?
MOI : Non, mais bon...
EUX : Bon, comme vous dites. Donc il n'y a pas lieu de porter plainte, on va faire une main courante.
MOI : Non mais attendez ! Des mecs sont venus frapper à ma porte et ils voulaient me défoncer et ils ont essayé de rentrer chez moi de force et...
EUX : Ils vous ont menacé de mort ?
MOI : …
EUX : …
MOI : Non, mais...
EUX : Si il n'y a pas menace de mort, c'est une main courante.
MOI : Même si...?
EUX : Si il n'y a pas menace de mort, c'est une main courante.
MOI : C'est compté dans les statistiques, une main courante ?
EUX : Non. C'est juste au cas où ils reviendraient, pour avoir une trace.
MOI : …
EUX : …
MOI : Bon ben on va faire ça.
EUX : OK on va faire ça. Par contre le système informatique ne marche pas aujourd'hui, gros bug. Je suis désolé j'y peux rien.
MOI : Oui bien sûr je comprends.
EUX : Vous pouvez repasser demain ?
MOI : Heu... Oui. À quelle heure ça vous arrange pour que je fasse pas la queue ?
EUX : Oh... bon ben... vous travaillez pas, donc neuf heures ça va vous faire lever trop tôt.
MOI : O_O !!! Je travaille pas ?! Mais si, je suis salarié, je... je travaille ! Mais je travaille chez moi donc je peux...
EUX : Disons onze heures et demie ?
MOI : Non mais heu je trav... OK.
EUX (cyniques) : Bon ben passez à onze heures et demie, ça vous laissera le temps de travailler un peu avant.

Entre temps, j'ai contacté une amie juriste. Ils n'ont pas le droit de refuser ma plainte. Mais pour la leur imposer je vais devoir porter plainte contre la police pour refus de recevoir une plainte, mais c'est un terrain glissant...

Mais bon, c'est pas de ça que je voulais parler...

Enfin... si.

Je voulais parler du fait que c'est comme ça que « les chiffres du crime » baissent. C'est pas la faute aux flics, notez : ils ont sans doutes des consignes strictes et je ne suis même pas ironique en disant ça. C'est la faute au putain de Ministère de l'Intérieur. Et pour le coup, puisque M. Sarkozy insiste que c'est lui qui décide et que les autres appliquent, c'est la faute du Président de la République.

Et donc ???

Et donc Nicolas Sarkozy est un menteur et un escroc. Parce que, que l'on ait été d'accord avec ces déclarations ou pas, il avait promis de « passer les banlieues au karcher » et de « nous débarrasser de toutes ces racailles », et que, sept ans après qu'il ait été nommé Ministre de l'Intérieur, deux ans après qu'il ait été nommé Président de la République, les « racailles » continuent de rigoler quand on leur dit qu'on va appeler les flics, et de filer en toute impunité, et les Institutions de la République refusent que l'on porte plainte lorsque l'on est agressé jusque chez soi et grâce à ça, on nous affirme que la criminalité baisse. 

Ce qui, par contre, est la faute des flics, c'est d'humilier les victimes comme ils l'ont fait en affirmant, sans aucune raison, que je ne travaillais pas !

Je n'ai pas encore décidé si j'y retourne demain et si je menace les policiers de porter plainte contre eux si ils refusent de prendre ma plainte. Je me donne la nuit pour réfléchir. Mais je suppose que je vais m'écraser : porter plainte contre la police, c'est porter plainte contre l'État, et porter plainte contre l'État c'est toujours compliqué...

C'est un peu comme ce prof, la semaine dernière, qui a plaqué au sol et accidentellement tué cet ancien élève qui avait pénétré chez lui par effraction, les avait arrosé lui, sa femme et sa petite fille d'essence et sorti un briquet, et qu'on a inculpé pour « homicide volontaire ». Dernier point pour les filles qui veulent plus coucher avec moi : j'aurais passé un des trois mecs par le balcon (j'aurais pu en me jetant fort sur lui), je serais en taule à l'heure qu'il est.

Vive la République, vive la France !

En attendant (mais ce sera le sujet d'un autre article), les jeunes Indiens et Chinois, quels que soient leurs défauts, se souviennent du sens du mot « civilisation ». Pour le moment.

Jusqu'à quand ?

Jusqu'à-ce que McDo et Nike les aient asservis !

4 novembre 2009

Shaomi a un nouvel ami

Il s'appelle Machine Dreams, c'est le dernier album du groupe Little Dragon et il est merveilleux !

Vous pouvez en écouter des bribes sur leur site et leur myspace, ou simplement en regardant les vidéos ci-dessous.

Vu que l'apocalypse de 2012 me fait une petite avance sur droits d'auteur ces derniers jours, autant dire que ce genre d'ami est précieux pour le moral ^^

Ceci dit, j'y crois pas une seconde à cette histoire d'apocalypse en 2012...









3 novembre 2009

Shaomi se pose beaucoup de questions

Le nouveau slogan des pubs Mamie Nova, « Mamie Nova, il n'y a que toi qui me fait ça », est-il un appel à la gérontophilie ?

Si une entreprise refuse la candidature d'une personne parce qu'elle est décédée, la famille du défunt peut-elle porter plainte pour discrimination ?

Quand quelqu'un termine d'écrire une phrase par « ^ » au lieu de « ^^ », s'agit-il juste d'un étourdi ou a-t-on affaire à un cyclope ?

2 novembre 2009

Pennac et moi...

Je viens de terminer Chagrin d'école, le dernier essai de Daniel Pennac. Retrouver cet auteur, ou plutôt retrouver cette personne abstraite que je pourrais nommer « les livres de Pennac », m'a fait la sensation de boire un café avec un vieil ami, un qui m'avait manqué, un qui a toute ma confiance... et qui me fait du bien à chacun de nos rendez-vous.

Je dois beaucoup à Daniel Pennac, en fait. Je lui dois beaucoup en tant qu'écrivain, je veux dire. Lorsque je découvris la Saga Malaussène, ce fut un choc qui devait contribuer à modifier définitivement mon rapport à la littérature, en tant qu'acteur (modeste) de celle-ci. Tout comme les romans de Milan Kundera, que je découvrais d'ailleurs à la même époque, les romans de Pennac me firent l'effet d'une grande baffe bienfaisante, parce qu'ils constituaient à mes yeux un idéal de roman. Un idéal qui devait me servir de guide, qui me dévoilait la possibilité de sentiers que je devinais, sur lesquels je tâtonnais, mais que je n'osais m'avouer à moi-même comme des sentiers praticables, en terme d'écriture. Bref, une baffe de celles qui vous réveillent, qui vous donnent tout d'abord l'impression d'être passé à côté de l'essentiel, puis qui vous font finalement réaliser que vous y aviez toujours été, dans l'essentiel ! Sauf que vous vous sentiez seul au monde, en marge de votre discipline, cancre en somme, et que votre travail en souffrait...

Je me souviens d'une conversation, peu après. J'expliquais le choc de cette double découverte : Kundera et Pennac, deux pierres angulaires de la littérature contemporaine, pourtant aux antipodes l'une de l'autre. Et mon interlocutrice de me faire remarquer que, quoi qu'ayant aimé les livres de Pennac, elle ne les qualifierait pas de « littérature » au sens de ceux de Kundera, au sens de « grande littérature ». Oh putain ! Que n'avait-elle pas dit ! Je me revois en train d'expliquer que si, c'était précisément de la putain de grande littérature, en tout cas les quatre premiers Malaussène sans le moindre doute ! J'expliquais combien, à mes yeux, la plume de Pennac était débordante de style, dégoulinante de subtilités. Derrière leur apparence « simple », voire « facile », j'avais trouvé dans ces livres une mine d'or, que ce soit en terme de construction de personnages, de style, de ton, de construction dramatique, de sens du dialogue...

Surtout les dialogues ! Mon Dieu, ces dialogues !!! Moi qui avais toujours accordé, dans mon propre travail littéraire, une très grande importance aux dialogues (déformation professionnelle du scénariste de BD ?), je trouvais en Pennac l'incarnation ultime du dialoguiste-romancier ! Ai-je jamais lu dialogues plus pétillants, pétaradants, dynamiques, insolents, qui sonnent vrai, que chez Pennac ? Pas que je me souvienne. Et j'avoue être tombé fou amoureux de cet usage du « - … » en tant que réplique (la technique peut sembler anodine, elle est en fait d'une efficacité redoutable !).

Et puis, ça n'a pas grand chose à voir mais cela crève tant la page dans ses romans et mille fois plus encore dans ses essais : il y a Pennac l'écrivain, qui est juste là derrière. Pennac l'écrivain donc Pennac l'homme. Un homme qui semble déborder de ce mot qu'il décrit comme un « gros mot » dans les dernières lignes de Chagrin d'école : l'amour. Pennac n'est pas naïf, ses livres ne sont pas niais ni spécialement consensuels. Son humour est, en fait, aussi acide qu'il semble, au premier abord, inoffensif. Mais Pennac n'est pas cynique. Moqueur, oui. Taquin, oui (coriace dans la taquinerie, même). Insolent, c'est indéniable ! Mais pas désenchanté ni cynique. Ce n'est pas une qualité en soi, du point de vue littéraire je veux dire. Mais c'est un morceau de sucre appréciable de temps à autre, entre deux livres plus amers. Et l'idée que ce type chaleureux, intellectuellement honnête, existe, quelque part, met de meilleure humeur les jours où l'on désespère de l'espèce humaine...

Alors voilà. Pennac n'a pas vraiment besoin de moi et de mon petit blog pour vendre ses livres, puisque ce sont des best-sellers. Mais si vous êtes de ceux qui n'avez jamais été voir par chez lui, par peur que son succès ne cache un auteur édulcoré, ou pour quelque autre raison, courez acheter Au bonheur des ogres (autant commencer par le début), parce que là vous êtes en train de rater un auteur essentiel !

Quant à moi, puisque je viens de terminer la lecture d'un livre dans lequel Pennac s'interroge sur ce qui fait ou non un bon professeur des écoles, j'en profite pour lui exprimer mon immense et sincère gratitude. Parce que sur les bancs de l'école de l'écriture, il aura été parmi mes professeurs les plus généreux, les plus encourageants, les plus enrichissants ! Tout ce que j'ai écris au cours des sept dernières années, je le lui dois un peu. Il est probable que sans les « enseignements » de M. Pennac, de M. Kundera et de quelques autres, je n'aurais jamais fini par décrocher ce premier contrat avec un éditeur. Mais surtout, je serais sans doute passé à côté de bien des joies dans ma pratique !

Merci, monsieur Pennac ! Merci, monsieur Malaussène !
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