30 septembre 2013

La semaine internationale de Facebook : rétrospective

La Semaine Internationale de Facebook : même Mark
Zuckerberg a trouvé ça drôle !
Alors cet article c'est surtout pour ceux d'entre vous qui viennent du Wizz, de Google +, de Twitter, de Myspace (ah non c'est vrai, y'a plus personne sur Myspace) et les autres visiteurs improbables de ce blog, parce que si vous venez de Facebook je pense que vous avez déjà dû y avoir droit ^^ Bref, la semaine dernière j'avais pas grand chose à faire à part m'arracher les cheveux à relire mon roman pour la cinquantième fois en quête de fautes d'accord vicieuses, et puis il y avait ce truc, là, la Semaine Internationale du Livre (un hoax, soit dit en passant), à l'occasion de laquelle tout le monde sur Facebook s'est mis à partager des extraits de livres sur son profil, et puis vous me connaissez je n'aime pas trop faire comme tout le monde alors à la place j'ai fait la Semaine Internationale de Facebook et j'ai commencé à poster frénétiquement toutes les conneries qui me sont passées par la tête une semaine durant. Cette petite affaire a eu un certain succès auprès de ceux qui, parmi mes @mis, ont le sens de l'humour le plus déplorable, alors j'ai pensé que s'ils font des rétrospectives Ben au MAC de mon côté je peux bien faire une rétrospective Semaine de Facebook sur mon blog ^^

Alors les voilà, telles quelles et dans l'ordre : il y en a des plutôt drôles et d'autres qui sont vraiment nulles, mais de toute façon je suis pas humoriste alors si ça vous fait pas rire me faites pas un procès :)

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Avec Facebook : tout est possible ! Maintenant je peux tchatter avec Paris Hilton, en slip dans le salon de mon HLM, tout en me préparant un plat de penne al'arrabiata, et cette bouffonne elle croit que je suis en train de boire du champagne au bord de ma piscine !

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Je peux savoir en temps réel avec qui mon ex couche et me torturer avec ça quotidiennement, puis la harceler de messages et même écrire aux gros cons avec qui elle couches pour leur dire qu'en fait c'est moi qu'elle aime.

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Je peux être ami avec tout plein d'éditeurs qui n'en ont rien à foutre de mon travail d'écriture et qui de leur côté publient des livres dont je n'ai moi-même rien à foutre, mais c'est quand même grave cool parce qu'on peut tous se la péter, moi que je suis grave un hipster avec tous mes potes éditeurs, et eux que tout plein de gens s'intéressent à leurs livres la preuve c'est qu'ils ont pleins d'amis.

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Je peux poster sur mon murr qu'il faut lutter contre le cancer et la pauvreté et demander à tous mes amis de poster sur leur mur qu'il faut lutter contre le cancer et la pauvreté et ainsi tous ensemble nous faisons reculer le cancer et la pauvreté très efficacement !

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Grâce à Facebook je peux avoir des conversations privées sur mon mur avec mes @mis, l'air de rien mine de rien, de sorte à ce que sans en avoir l'air nous étalons nos discussions totalement inintéresssantes et nos vies privées devant tout le monde, et du coup ben nos vies elles ressemblent un peu à un reality show et alors ben on se sent autant une star que Nabila et c'est enfin l'aboutissement de nos vies humaines !

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Grâce à Facebook je suis amis avec des tas de gens que je connais pas mais surtout je suis ami avec des gens que je connais et qui m'aiment pas et que j'aime pas non plus. Quand on se croise dans la vraie vie on n'a rien à se dire et d'ailleurs on n'essaie même pas, mais on sait quand même tout ce qu'on fait et on peut s'offrir le luxe de ne pas cliquer "j'aime" quand ces gros cons postent un truc nul alors qu'en fait on épluche tout ce qu'ils postent et qu'on est super dégoutté quand ils récoltent plein de likes et de commentaires et que leurs groupies leurs laissent plein de petits cœurs. Et puis quand y'en a un qui me vire de ses amis ça me donne un bon prétexte pour lui faire un bon gros scandale par mail alors qu'en fait je m'en fous puisque je l'aime pas. Et ça vraiment c'est bien, parce qu'avant Facebook je ne pouvais pas être ami avec les gens qui n'étaient pas mes amis.

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Je peux faire des blagues super relous à mes amis, par exemple en postant un statut super humaniste du genre "la pauvreté c'est mal" ou "la peine de mort c'est vraiment trop affreux" et alors tous mes amis ils vont liker et laisser des tas de commentaires du genre "ouais t'as trop raison" et "je suis 42000 fois d'accord avec toi" puis quand tout le monde se sera bien lâché je vais utiliser la fonction "corriger" et changer complètement mon statut en écrivant par exemple "Marine Le Pen elle est trop cool" ou encore "violer les filles c'est sympa" et là tous mes potes et ben y vont passer pour des gros cons et on aura bien rigolé ! Et pis en plus j'm'en fous parce que la plupart je les connais même pas dans la vrai vie alors c'est pas comme si c'était vraiment mes amis ^^

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Je veux épater mes amis alors je passe des heures à essayer d'écrire des statuts drôles sans y arriver, en me disant que non vraiment c'est trop nul et en effaçant et en réécrivant et en ré-éffaçant et en réécrivant encore et encore et tout ça sans parvenir à m'arrêter de sorte que je ne parviens pas à dormir et que finalement après trois nuits blanches je commence à écrire vraiment n'importe quoi et à prendre des photos où je montre ma bite et à les poster sur FB et alors là je me fais virer par la moitié de mes amis qui trouvent ça choquant et l'autre moitié c'est des meufs qui commencent à me draguer en MP parce que ça les a excitées et alors c'est moi qui les vire parce qu'elles sont vulgaires et du coup j'ai plus d'amis et là je me dis que ça ne sert à rien de pondre un statut drôle s'il ne reste plus personne pour le lire et je peux enfin fermer Facebook et dormir mais au moins grâce à tout ça je serai parvenue à me dépasser et c'est plus important que d'écrire un statut drôle finalement, et je me sens d'un coup plus proche du Dalai-lama et c'est bien.

C'est la semaine internationale de Facebook. Partage avec tes amis les choses que Facebook te permet de faire aujourd'hui qui n'étaient pas possibles avant, copie ce mode d'emploi sur ton statut et dissimule une faute d'orthographe dans ton texte.

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Avec Facebook : tout est possible ! Depuis que j'ai Facebook je peux retrouver les brutes qui me tapaient dessus et les poufs qui me mettaient des vents quand j'étais un geek binoclard au collège, et alors évidemment on fait comme si de rien n'était genre "ah tiens ça va ? c'est chouette de te retrouver sur Facebook !" et puis on regarde ce qu'on est devenus, et moi je vois que eux ils sont devenus grave des losers avec des petites vies de merde et des tafs de merde dans leurs banlieues de merde et que les brutes sont mariées à des gros thons et les poufs à des gros sacs et eux ils voient que je suis devenu beau, riche, célèbre et heureux et que je voyage dans le monde entié et que je me tape des meufs que les brutes ne pourront jamais avoir et les poufs elles voient que ces meufs sont dix fois plus belles qu'elles et alors avec tous ces gens on se parle plus spécialement mais moi je compte les points en silence, et je me dis que FB c'est vraiment une belle invention pour ça et tiens d'ailleurs pour fêter ça je vais aller prendre un bain de champagne dans mon jacuzzi avec ma bombe sexuelle de la semaine ! Ah oui au passage bonne soirée les losers du collège, j'espère que vous passez un bon week-end ! Vous avez fait quoi aujourd'hui ? Z'êtes allé à Carouf' avec les mômes ? Ha ha ha ! :D :D :D

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PS : Ah merde ! On a oublié de racheter de la coke !

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Avec Facebook : tout est possible ! Avant Facebook, j'écrivais des poèmes que personne ne voulait lire ni publier et qui ne gagnaient jamais aucun concours. Même quand je les collais sous forme d'affiches sur les murs de ma ville les gens les arrachaient tellement ils étaient mauvais ! Je le savais bien qu'ils étaient nuls, j'étais super complexé et je travaillais dur pour les améliorer, mais c'était vraiment trop dur de faire des métaphores :( Et puis quand j'ai eu Facebook je me suis dit que quand même il faudrait essayer d'y poster mes poèmes et alors un jour j'ai publié ça :
"La nuit se termine et mon âme est lavée
Purifiée par les étoiles et enfin apaisée
Les heures m’auront aidé à réfléchir
Mes craintes ayant aidé le sommeil à s’enfuir
Il fut dur de digérer les souvenirs
Ces bonheurs partagés et ces peines à subir
Mais mes yeux se sont rouverts, illuminés
Par la perspective d’un avenir à créer
Le doute est encore présent c'est certain
Mais le temps qui passe me semble moins vain"
Et là, en moins d'une heure j'ai récolté 35 likes et des commentaires tels que "c'est magnifique", "merci, tu m'a touchée droit au cœur" ou encore "tu as su trouver les mots justes, quel talent !".
Je me suis dit qu'ils devaient avoir pris de la drogue ou qu'il était vraiment trop tard dans la nuit mais bon j'étais content quand même alors pour voir, le lendemain j'ai publié un poème humaniste :
"La guerre est implacable et les peuples brisés
Les dictateurs sanglants les ont bien écrasés
Mais j'ai aussi vu le rêve résister
Grâce à l’espoir, grâce à la volonté
On nous peint un futur damné
Un avenir mort, gangrené
Mais tout homme lucide au fond de lui sait
Que rien en ce monde n’est sclérosé"
Et là j'ai eu 167 likes et des commentaires du genre "quelle profondeur dans ton poème !", "c'est d'une sagesse ébourriffante" ou "la musicalité de ce texte est exceptionnelle !".
Alors depuis je ne perds plus mon temps à essayer d'améliorer mes poèmes, parce qu'ici et ben les gens ils le savent que le plus important c'est que je suis un être humain sensible, qui a des choses à dire et le droit de s'exprimer comme tout le monde, hein ? et que en fait c'est ça être un vrai artiste c'est juste d'avoir du cœur et que les gens qui écrivent des poèmes compliqués et ben c'est des sales intellos bobos qui n'ont pas de cœur et qui essaient de frustrer les braves gens de leur droit d'expression hein ? et puis d'abord si Anne-James Chaton et Rainer Maria Rilke ils écrivaient mieux que Grand Corps Malade et ben ça se saurait et puis pour commencer on y comprendrait quelque chose à leurs poèmes hein ? et puis alors c'est eux qui seraient invité chez Drucker et pas Grand Corps Malade, hein ? mais vous avez déjà vu Rilke chez Drucker vous ? ah ben non tiens comme c'est étrange ! on me la fait pas à moi, j'ai une vraie sensibilité moi, je sais reconnaître un grand artiste moi d'abord hein ? hein ? hein ? 
Et tout ça, c'est grâce à Facebook que je l'ai compris !

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Avek Fessebouque : tou et possibble ! Grasse a fessebouk je peu enffin ecrir com je veu parceke moua jé toujour penser ke là metresse c'ete unne gross conn avek ces dicté parrseke frqnchemen keskon qn à a fouttre dekrire d'1 manier où d'1 autr l'importqnt cé 2 comuniqué é kon se comprène est alor avan bin j pouvé pa ecrir com je voulé parsseke y'avé toujour dés 1télo poure me fehr dé remarks mé la mainetnant sur Fessebouque cé copmlètemen admi là libertté d'ortographe est ca vraimen ils été tant parsske là dikktqtur de l'ortograf ca serre a ri1 qu'a fair chié lé gen mé m1tenant onna gagner parsseke lé gen ki soi éduké ou pa est b1 il on lle droi desex primer kom lé autre é cé pa plu male se ke mwa jé a dirr ke se ke sept gross konne 2 métress ellle avé a dirr !

Cé la semène internationalle 2 Fessebouk. Parttage avek té ammis lé chose ke Fessebook t permer 2 fehr ojaurd'hui ki n'été pa posible avan, kopie se mod d'empploi surrton statu é dissimul 1 mo écri korrectement danton text.

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Avec Facebook : tout est possible, même les trucs qui n'étaient de toute façon pas possibles avant Facebook parce qu'ils sont intrinsèques à Facebook ! Par exemple, maintenant les gens ne peuvent plus me reprocher de passer ma vie scotché à Facebook depuis une semaine à poster des statuts pour dire ce que Facebook a changé dans ma vie parce que les seuls gens qui peuvent savoir que je passe ma vie scotché à Facebook c'est bien précisément ceux qui eux aussi passent leurs vies scotchés à Facebook sinon comment ils le sauraient, et du coup ils ne sont pas très bien placés pour se la ramener, et d'ailleurs cette liste de gens et ben elle inclut même mon patron ha ha salut patron !

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29 septembre 2013

Combustions Spontanées, mai 2006

Il ne reste malheureusement plus grande trace des nombreuses performances et lectures auxquelles j'ai participé entre 2000 et 2010. Je sais que quelques captas ont été faites mais je n'en ai jamais vu la couleur, et quant aux photos c'est à peine mieux : très peu ont atterri sur mon disque dur. 

Parmi ce très peu il y a cette série de clichés, pris par Jérémie Germain : deux perfs d'impro les 12 et 13 mai 2006, lors du week-end de lancement de Mercure Liquide #4 à l'Orangerie du Parc de la Tête d'Or. Je garde un souvenir particulièrement attendri de ces deux Combustions Spontanées : il y avait une chouette ambiance tout au long du week-end, nous avions (pour une fois) un peu bossé en amont, c'était des parenthèses créatives appréciables au milieu de mon rush d'organisateur... Et puis c'était bien de faire ça dans un grand espace lumineux, en pleine journée : ça changeait des petites salles obscures et des ambiances nocturnes. 

Je ne saurais plus vous dire exactement sur quels thèmes nous avions travaillé mais c'était très zen. Je ne sais plus très bien non plus quels textes j'avais utilisés comme matière première mais il y avait probablement des bribes de Ce qui meurt, Soisilence, Perdu vagues et D&li&. Ce dont je me souviens c'est qu'à la fin de chacune des deux perfs, plusieurs personnes étaient venues nous voir pour nous dire que ça les avait apaisées et on était tout contents parce que c'était exactement ce qu'on voulait susciter (ben oui, que voulez-vous, on ne peut pas être trashcore tous les jours ^^).

Mes partners in crime étaient Florence Bordarier, Emmanuel Borgo et Lise Rondot (danse), Sylvain Gérard et Damiens Larcher (musique) et Jean-Pierre Olinger (peinture). Manu n'avait malheureusement pu participer qu'à la première. Les photos sont présentées dans l'ordre où elles ont été prises.

Vendredi 12 mai 2006 :




























De gauche à droite : Jean-Pierre Olinger, Shaomi, Florence Bordarier, Lise Rondot, Emmanuel Borgo, Sylvain Gérard, Damiens Larcher.


Samedi 13 mai 2006 :







De gauche à droite : Lise Rondot, Florence Bordarier, Shaomi, Sylvain Gérard, Damiens Larcher, Jean-Pierre Olinger.


26 septembre 2013

Vindicte populaire


Je lis régulièrement sur les réseaux sociaux, à propos de tel ou tel fait divers abominable, des réactions extrêmement violentes d'internautes qui souhaitent aux bourreaux d'être à leur tour tourmentés, battus, torturés, violés par leurs co-détenus, condamnés à mort et puis finalement de brûler en enfer pour l'éternité. Par exemple aujourd'hui, à propos de l'affaire de Fiona, c'est un véritable déferlement de haine, c'est ahurissant à quel point les gens prennent ça personnellement.

Tout cela me choque profondément.

Je ne comprendrai jamais cette surenchère de haine et de violence... Pourtant, la barbarie de ces crimes me rend malade comme tout le monde... et c'est justement parce que ça me rend malade que je n'ai pas envie d'en remettre une couche... Comment peut-on souhaiter aux bourreaux de subir la barbarie qu'on leur reproche d'avoir accomplie ? Est-ce à dire que finalement ce n'est pas la barbarie qui nous choque, en elle-même ? Que c'est simplement le fait qu'elle s'abatte sur des innocents mais qu'elle n'est pas inacceptable en soi ? Est-ce à dire qu'il y aurait des contextes où elle est justifiée ? J'irai même plus loin : est-ce à dire qu'il y aurait des contextes ou elle est belle ?

Alors souvent, quand je dis ça, on me balance que je suis un cul-béni de gaucho naïf, que je sais pas de quoi je parle, que je n'ai pas idée des horreurs qui ont été commises et de la souffrance des victimes...

Ben... heu... justement, si.

Je vais pas rentrer dans les détails, on s'en fout, je l'ai déjà fait dans d'autres textes et la plupart des gens qui me connaissent savent de quoi il retourne, mais si : j'en ai une idée assez précise ! L'ultra-violence, les coups, la torture corporelle et psychologique, les sévices sexuels, le sang, les larmes et la sueur et autres raffinements... J'y ai « goûté » quelques années durant quand j'étais gosse. Ma mère était une femme charmante !

Et c'est vrai que j'ai parfois eu des élans de haine féroce envers ma mère autrefois, j'ai eu envie de lui rendre coup pour coup, torture pour torture, de lui coller une balle et j'en passe. J'étais jeune, tout ça était tout frais, je vivais au quotidien avec ces souvenirs atroces... C'est une réaction naturelle que de vouloir rendre la violence à ceux qui vous l'ont donnée... Mais maintenant elle est morte depuis plus de dix ans, moi j'ai trente-six ans et tout cela est bien loin derrière moi... Je suis bien content qu'elle soit morte, parce que ça veut dire que je suis débarrassé d'elle à tout jamais, mais je ne lui souhaite pas les tourments éternels : je m'en fous complètement, du destin de son âme, c'est plus mon affaire, ça ne me concerne plus... Cela dit, ça ne m'apporterait aucun soulagement de savoir qu'elle souffre tout ce qu'elle m'a fait souffrir, j'ai dépassé ça depuis longtemps. Pour tout vous dire, je trouverais même ça un peu pathétique d'en remettre une couche : il y a eu bien assez de souffrance dans cette histoire. Ça ira comme ça. Exit.

Et franchement je crois qu'elle est là, la différence entre ceux qui ont subi la violence extrême et ceux qui la lisent dans les journaux. C'est comme d'habitude, les gens parlent de ce qu'ils ne connaissent pas, ont un avis sur tout... Personnellement la violence extrême je l'ai connue d'assez près pour savoir que quel que soit le contexte et la personne qui la subit, elle n'est jamais belle. Je l'ai connue d'assez près pour ne souhaiter qu'une chose : que cela n'existe plus. Je sais ce que c'est que d'être une âme meurtrie dans une chair meurtrie, de se dire qu'on aimerait bien crever à présent pour que ça s'arrête tout en sachant qu'on ne va pas crever et que ça ne va pas s'arrêter. Je sais ce que c'est et c'est bien pour cela que je ne peux le souhaiter à personne, pas même aux assassins et aux violeurs. Qu'on les enferme pour de bon pour protéger les innocents et ça me suffira bien, va ^^

Alors tous les hystériques de la loi du talion, là : allez vous préparer une tisane, téléchargez-vous un album de Morcheeba, mettez-vous au yoga ou au cannabis, j'en sais rien, trouvez-vous un truc pour vous calmer... Mais arrêtez de parler de choses dont vous n'avez aucune idée, vous êtes grotesques. Vous n'êtes probablement même pas fichus de regarder Massacre à la tronçonneuse jusqu'au bout et vous venez nous tenir de grands discours sur la violence qu'il faudrait infliger aux criminels ! Allez les torturer vous-mêmes, pour voir, puis vous m'en direz des nouvelles ! Contrairement à vous, il y a des gens qui n'ont pas la chance de ne pas savoir de quoi ils parlent. Et pour en faire partie, je trouve que vos élucubrations sur la violence, lancées depuis vos canapés bien confortables avec les meilleures intentions du monde, sont en fait assez insultantes pour les victimes.

Parce qu'on mérite mieux que ça, ceux qui comme moi ont survécu et les autres qui sont morts. On mérite mieux que de voir des croquantes et des croquants essayer de rabaisser la société tout entière au niveau lamentable de nos bourreaux.

Alors voilà, ça m'a soûlé...

25 septembre 2013

J'accuse

une île calme, c'est tout ce que je te demande
dit-elle
une route vers nulle part, c'est tout ce que tu avais avant ce matin
dit-elle
je serai ton nosferatu tout à toi rien qu'à toi
dit-elle
au commencement, dieu te suça bien la côte
dit-elle
cela doit bien signifier quelque chose
dit-elle
mes cheveux sont un nuage orageux si tu les caresses
dit-elle
mes métaphores météorologiques forment une unité de temps
dit-elle
démêle mon jeu de tarot si tu peux
dit-elle
tu y trouveras une source vive & la virilité
dit-elle
si tu ne peux pas, je t'y forcerai
dit-elle
mon sexe est une prise mortelle & je t'élancerai jusqu'à l'électricité
dit-elle
les autres ne savaient pas le faire
dit-elle
tu vois bien que je suis supérieure à la somme de tes transitions au carré
dit-elle
je le sais bien que ton passé est décomposé
dit-elle
mais ne t'inquiète pas, je vais réparer tes fissures nuageuses
dit-elle
lorsque tu verras à travers mes orbites tu comprendras que mes métaphores météorologiques sont un passage vers toi-même
dit-elle
au-delà des vagues enragées, il y aura ton reflet dans ma joie
dit-elle
& ces voix distantes, tu ne les entendras plus
dit-elle
ta surdité sera ma chanson
dit-elle
après quoi nous irons nous acheter des légumes au marché bio
dit-elle
& tu sauras le vrai bonheur
dit-elle
j'accuse réception de tes lèvres
dis-je
& nous allâmes au marché bio

24 septembre 2013

Dans tes deux mains pleines de peinture

Avant-hier je vous renvoyais au texte Les habitués de Laura Vazquez en vous expliquant que c'était là le genre de poésie que je voudrais trouver plus souvent sur la toile. J'ai fait une autre belle découverte aujourd'hui, en la personne de Serge Martin, et tout particulièrement ce texte dénommé Dans les deux mains pleines de peinture

Je ne vais pas vous expliquer pourquoi j'aime parce que la poésie, à trop vouloir l'expliciter on la dessèche. Je vous dis juste d'aller lire et ça suffira bien pour faire un article.

Alors voilà.

23 septembre 2013

Ainsi font, font, font...

« Le miroir les flatte du reflet d'un couple heureux. Lorsqu'elle tourne les yeux vers lui, c'est en fait pour que son reflet à elle tourne les yeux vers son reflet à lui. Le couple du miroir lui plaît assez, elle s'amuse à l'animer comme on anime un petit théâtre de marionnettes. »

Extrait de L'ami imaginaire, roman en cours de finalisation.

22 septembre 2013

Les habitués

Il est assez rare que je trouve de la poésie qui soit « à mon goût ». Pour commencer je suis relativement allergique aux rimes et aux pieds, qui n'ont souvent d'autre effet que de « plomber » un texte, de l'enfermer dans un carcan qui bride la créativité de son auteur. Il faut un talent monstrueux pour parvenir à faire de la bonne poésie en vers et en pieds.

Ensuite, et quelle que soit la forme (classique ou libre), on tombe généralement sur deux types d'infamies très répandues :

1/ Les poèmes « fleur bleue », qui font preuve de la niaiserie la plus impudique et qui ont fait vœu d'abstinence envers toute recherche formelle. Vous savez, tous ces poèmes sur l'amitié, la famille, la nostalgie, les droits de l'homme, les pauvres jeunes des cités victimes du racisme et autres sujets qui « parlent au cœur ». Ce qui me choque dans ces textes n'est pas qu'ils soient mauvais, parce qu'après tout on peut tous se planter et chier une merde (moi le premier), c'est que leurs auteurs ne se donnent même pas la peine d'essayer. Ils pourraient, je sais pas, se livrer à des expérimentations foireuses, s'essayer à de nouveaux rythmes, épuiser leur dictionnaire de synonymes, s'amuser à trasher leurs textes pour voir ce que ça donne (j'ai sauvé nombre de mauvais poèmes comme ça, en trashant mon premier jet). Mais non, ils pensent qu'il suffit de dire « les dictateurs sont cruels / la souffrance des peuples est amère / quand donc se lèvera-t-elle / la voix qui mettra fin à cette galère » ou « mon enfant, je t'aime parce que tu es si douce / les éclats de ton rire me portent chaque jour » pour faire acte de poésie. Et le plus effroyable est que la foule applaudit des deux mains : ces textes sont récompensés de commentaires plus enthousiastes les uns que les autres ! Sans doute, ils doivent leur succès aux faits qu'il est facile de s'identifier, que la compréhension du texte est immédiate, qu'il n'y a qu'un niveau de lecture possible...
Mon verdict sera sans appel : fuck you, poètes du dimanche ! Bougez-vous le cul ! Arrêtez de vous complaire dans la facilité, expérimentez un peu, osez l'impertinence, merde ! Sans quoi, insidieusement, vous contribuez aussi au système qui veut que Grand Corps Malade vende des millions de ses disques accablants et que Claire Diterzi, poétesse ébouriffante, reste ignorée du grand public.

Entre les jolis cœurs et les casse-culs...
2/ Les poèmes « maudits » qui se livrent aux masturbations intellectuelles les plus illisibles, par exemple le mec qui vous explique qu'il aime bien se trancher les veines dans sa baignoire plusieurs fois par jour en pleurant sur la cruauté de son ex, cette salope qui l'a plaqué pour un hipster, sans réaliser qu'elle l'a plaqué précisément parce qu'il se tranchait les veines dans sa baignoire plusieurs fois par jour. Ici, la forme est généralement un peu plus soignée (un tout petit peu) mais ces textes se limitent au fond à prendre cent grammes de Baudelaire, une pincée de Lautréamont, une cuillère à soupe d'Artaud, un zeste de Bataille et à mélanger le tout. Les mots « douleur » et « tristesse » sont employés à tout bout de champ, avec une volonté manifeste de pondre des vers aussi tortueux et indigestes que possible.
Mon verdict ? Allez chercher ailleurs, vers une souffrance un peu plus authentique peut-être, et aussi un peu plus contemporaine parce que, contrairement à un Andy Vérol, vous n'êtes ni crédibles ni en phase avec les angoisses métaphysiques du moment. Et en plus vous êtes chiants.

Bref, en fait ce n'est pas du tout de ça que je voulais vous parler. Je voulais vous parler des autres : les perles rares que je rencontre parfois au fil de la toile. Parce que de temps en temps, trop rarement, je lis un texte qui me chauffe à mort, qui me rappelle pourquoi j'écris de la poésie et comment je dois l'écrire, qui me rappelle que la poésie se doit à elle-même d'être sexy, vivante, audacieuse ! Qu'il soit acide ou romantique, minimaliste ou surchargé, zen ou trash : un poème n'est poème que lorsqu'il est sauvage !

Et le dernier exemple en date, le dernier truc qui m'a fait jubiler comme ça, c'est le texte Les habitués de Laura Vazquez. Je ne me livrerai pas à une chronique : le poème se suffit à lui-même. Je me contenterai de crier ma joie haut et fort ! Pour tout vous dire je suis même un peu jaloux ! Et je suis aussi un peu scandalisé parce qu'en dehors de celui que j'ai laissé hier, Les habitués n'a pas obtenu un seul commentaire de la part des internautes ! Alors faites-moi le plaisir de vous tirer d'ici pour aller voir là-bas : il vous suffit d'un clic !

21 septembre 2013

La mire (version 1)

















boucles d'ondes
avidités diffuses
épatées, les entités
fabriques de sommeil
au mètre cube
chaîne des paradigmes
insomnuitées / sans thé / le jhala sans l'alap

poupées
dis-le moi, dis-le moi
en long en large & en revers
girouettes de sucre
des arabes / des blondes / des brunes
des vivantes & des mortes
frissons convenus

normalisés / documentés / ravalés
au statut de façades
mécontentements vernaculaires
il est peu ou prou indécent
de danser en ascendance
qui a mis tous ces escaliers
dans nos escaliers ?

ne pas s'y tromper est une pratique
un peu floutée
calfeutrées dans de petits coffres
les voix des vieux se fanent
dans la sueur les inactifs
leurs scient les jambes
ils n'iront plus au bois

arbitraires, les obsolètes
se lient en dividendes
déversent le passé
en remontrances exotiques qui n'amusent plus que
les redresseurs du thésaurus
il faudrait expliquer aux femmes / aux enfants / aux étrangers
que c'était mieux avant

à l'hôpital, des putes
lèchent les flûtistes que dieu (dans son infinie vision)
a cloués sur des croix
ne pas regarder sous les planches
ne pas toucher au quatrième mur
interdiction de réduire
la densité des matchs de foot

& voici
la haine

20 septembre 2013

En rond

« Pas de mots interdits, pas de secrets pour moi-même et lorsque nous en aurons terminé il sera encore temps de tout effacer afin que la postérité n'hérite pas de mes pensées qui parfois tournent en rond. »

(Extrait d'un texte que vous ne lirez jamais ^^)

18 septembre 2013

Touche pas à ma toolbar !

Vous je sais pas, mais je me suis déjà retrouvé chez des gens qui n'y connaissent rien en informatique et qui s'étonnaient que leur bécane rame à bloc, parce que vraiment il n'y avait aucune raison.

Quand j'ai ouvert leur navigateur, je n'étais plus étonné du tout, parce que ça ressemblait à peu près à ça :



Alors les gars, quand vous installez un logiciel, il faut regarder ce qu'il y a écrit avant de cliquer n'importe quoi ^^

16 septembre 2013

Joyeux Noël à tous !

Bon, alors ça y est : la Semaine du mauvais Goût est enfin terminée et nous allons pouvoir oublier toutes ces images de nains en laisse, de tronçonneuses, d'orgies de viande, de Télétubbies, de fauteuils roulants, de petites filles mortes, de vomis et de cadavres découpés en morceaux qui nous étaient restées dans la tête ! Ouf !

Bref, pour marquer le coup je vous propose aujourd'hui de fêter Noël tous ensemble et en musique, en compagnie du duo The 2 Bears.

Parce que l'amour, c'est beau !

(Vous pouvez zapper l'intro, la chanson commence à 1:40)


Voilà ! Maintenant ce blog est purifié :)
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