26 juin 2009

Ouh le menteur !

La semaine dernière, Nicolas Sarkozy déclarait devant les caméras : « On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'État n'existe plus ».

Il fallait oser...

Et bien moi j'ose dire que cette déclaration est le plus gros mensonge de la carrière politique de Nicolas Sarkozy.

En osant espérer que le Président de la République a un peu plus de dignité que Mme. Nadine Morano, secrétaire d'État à la famille, qui avait fait convoquer une internaute au commissariat pour avoir écrit « ouh la menteuse » à son propos (mais il est vrai que Nadine Morano a finalement retiré sa plainte).

25 juin 2009

... (24)

l'abstinence est un art héroïque
en ces temps de facilité
réalisable en dépit des appels
elle requiert une stricte discipline
masturbatoire


24 juin 2009

... (23)

orgies décalées de l'enfance
tarie désemparée
par les images accumulées
la mémoire surchargée de mots
shunte


20 juin 2009

Naturel, pas naturel...


Je suis toujours très étonné, en tant que végétarien, de la violence de la réaction de certains omnivores face à un mode de vie certes affiché, mais jamais de façon militante. Régulièrement, des gens à qui je ne demande rien tentent de me démontrer l'absurdité de mes habitudes alimentaires. Les arguments rivalisent alors de mauvaise foi, avec en tête de file cette phrase qui revient sans cesse : « c'est pas naturel ».

Ainsi donc le végétarisme serait « mal » parce que l'homme est naturellement omnivore et qu'il serait « néfaste » de s'éloigner de notre comportement « animal ». Lorsque l'on sait les dégâts causés à l'environnement par l'industrie agroalimentaire, sans parler du fait que cet argument provient de gens qui vivent en ville, portent des vêtements, se chauffent en hiver, conduisent des voitures, utilisent des contraceptifs et ont toutes sortes de comportements qui n'ont pas grand chose de « naturels », j'ai déjà du mal à être réceptif.

Mais cette argument ouvre surtout la porte d'un raisonnement qui, vous le verrez, est une véritable boite de Pandore !

Manger de la viande pour obéir à ses instincts, pourquoi pas ? Mais où s'arrête-t-on ? Parce que, si l'on creuse un peu, on se rend compte que le meurtre et le viol sont également des comportements naturels de l'homo sapiens sapiens en tant qu'espèce. Leur pénalisation serait donc tout aussi anti-naturelle que le végétarisme, et devrait de fait être remise en cause.

Je vous vois déjà pousser des cris et vous dire intérieurement que je raconte n'importe quoi, et pourtant si vous regardez l'espèce humaine du point de vue d'un zoologiste : c'est vrai !

Il existe très peu d'espèces dont les individus tuent les membres de leur propre espèce, mais il en existe (je pense entre autre aux coqs ou à certaines araignées) et l'homme en fait partie. Sans le cadre de la loi, sans le poids de la morale et de l'éducation, sans la peur de la sanction, l'homme peut très facilement céder à ses pulsions meurtrières et l'Histoire comme l'actualité nous montrent chaque jour qu'il ne s'en prive pas, malgré la loi, la morale, l'éducation et les sanctions. Ces choses n'existent pas chez les loups, leur nature leur dicte de ne pas s'entretuer. L'homme, lui, tue l'homme pour un oui ou pour un non (et plus souvent pour satisfaire à une pulsion que pour des raisons idéologiques). Se laisser aller à certains comportements sous prétexte qu'ils sont naturels devrait donc nous conduire à la légalisation du meurtre, que l'on considèrerait alors comme un débordement fâcheux mais acceptable.

Il en va de même du viol : l'acte sexuel imposé par la force existe également chez certaines espèces animales (les guépards, par exemple). Là encore l'Histoire et l'actualité nous montrent que le mâle humain a une propension non négligeable à ce comportement et que le moindre prétexte (de la guerre aux effets de l'alcool en passant par l'espoir de ne pas être pris) est bon à prendre pour abuser sexuellement d'une femme. Donc la soumission de l'être humain à sa nature devrait nous conduire à une légalisation immédiate du viol !

Alors il va de soi que la plupart des êtres humains admettent l'idée que certaines pulsions doivent être réfrénées pour le bien commun, que les comportements énoncés plus hauts sont inacceptables et doivent être combattus. Mais alors on se rend compte que l'argument « ce n'est pas naturel » ne tient pas : tout n'est qu'affaire de choix éthiques. La plupart des individus et des civilisations estiment que la morale nous dicte de ne pas nous entre-tuer, de ne pas abuser sexuellement de nos prochains (ce dernier point étant déjà beaucoup plus flou dans nombre de sociétés, à commencer par la nôtre), mais que la torture et le meurtre de membres d'autres espèces à des fins alimentaires (voire récréatives) est un comportement parfaitement acceptable. C'est un choix moral qui consiste à faire preuve de compassion dans un cas, et à s'en montrer incapable dans l'autre. Je m'interroge d'ailleurs sur le bien fondé de notre compassion dans le cas numéro un : est-ce réellement de la compassion ou simplement le choix d'interdire quelque chose qui pourrait nous arriver à tous (alors que l'on a assez peu de chance d'être mangé par un autre être humain) ?

Cela peut être sujet à discussion, mais la morale et la compassion ne sont - a priori - pas des comportements naturels. Ce sont des comportements induits par des valeurs acquises et un consensus social. Pour ne citer qu'un exemple (mais il y en aurait bien d'autres), l'esclavage des Noirs n'émouvait pas grand monde à une certaine époque. Les Noirs étaient des animaux, ou du moins des sous-hommes, et par conséquent ils n'avaient aucun droit et leur vie n'avait aucune valeur. Des millions de gens de par le monde trouvaient cela parfaitement normal... et naturel.

Alors si vous voulez bouffer de la viande, bouffez de la viande. Testez éventuellement votre compassion et vos choix moraux en regardant des vidéos d'abattoirs (Youtube en regorge) ou en égorgeant vous même un lapin mais si après avoir fait l'un ou l'autre vous considérez toujours que manger les autres est votre droit, ou que votre plaisir à le faire vaut plus que la souffrance de ceux qui sont mangés, alors ma foi faites-le.

Mais ne venez pas m'emmerder avec mon végétarisme, parce qu'il ne s'agit pas de « nature » mais d'éthique. L'éthique des Talibans leur dicte que lapider une femme est naturel. Votre éthique vous dicte que manger de la viande est naturel. Mon éthique me dicte que ne pas en manger est aussi naturel que ne pas égorger mes voisins (et pourtant Dieu sait qu'ils m'emmerdent) !

De ces trois éthiques, laquelle est la plus juste ? Ce n'est qu'une affaire de points de vue et la « nature » s'en contrefiche.

Mais s'il advient que l'Histoire avance dans le sens du progrès moral et de l'égalité des droits, il est vraisemblable que nos lointains descendants seront végétariens. Leur regard sur l'homme du XXIème siècle sera alors aussi sévère que notre regard sur les esclavagistes du XVIème siècle.

17 juin 2009

Le sage et l'apprenti

LE SAGE : Mais ce n'est pas parce qu'un projet n'est pas à la hauteur de ce que tu aurais espéré que - d'une part - il aurait forcément été à la hauteur si tu avais eu tous les pouvoirs de décision et que - d'autre part - il n'a pas influé positivement sur nos vies... Il n'y a jamais de perte de temps : il y a juste le temps qui passe et qui est ce que tu as décidé d'en faire...
L'APPRENTI : Moi je sais, mais elle ne sait pas : elle croit que le temps se « perd » !
LE SAGE : C'est fâcheux, parce que si l'on considère que le temps qu'elle perd ne se retrouve jamais... Elle doit voir sa vie de façon très triste !
L'APPRENTI : C'est le cas. Ça fait des années qu'elle voit sa vie sous cet angle et c'est tragique ! Je veux l'aider à en sortir !
LE SAGE : Heu... tu ne peux pas ! Elle a choisi sa vie... et elle en a quand même pour encore un moment (sauf accident de parcours que je ne lui souhaite pas). Après, peut-être qu'elle devrait envisager de réorganiser cette vie de sorte qu'elle lui convienne... On n'est jamais que le maître du voyage qu'on fait ici bas : si on coule, on ne peut pas tout rapporter à la qualité de la barque.
L'APPRENTI : C'est une lutte éternelle entre sa solitude et ma collectivité...
LE SAGE : C'est donc sans fin pour elle.
L'APPRENTI : Ou pas. C'est sans fin tant qu'elle accepte mes invitations...
LE SAGE : C'est donc à elle de faire des choix. Si elle ne les fait pas, c'est sans fin pour toi...

Merci à Cycy
.

16 juin 2009

Ce s'ra pas toujours moins bien qu'les Ricains !

-M- disait « ce sera toujours moins bien que les Américains » et malheureusement, c'est souvent très vrai. Pourtant, de temps à autre, un artiste français aurait de quoi en remontrer à nos ainés d'outre-Atlantique. C'est le cas de Curieux Dandys, groupe parisien qui fait partie de mes grands coups de cœur de l'année, et qui vient de sortir son premier album, Ixe Reality Show.

Alors comme ils chantent en français on pourrait dire que c'est de la chanson française. Mais si vous aimez la chanson qui vous parle de votre « quotidien », du regard de la boulangère, d'une tasse de thé sur un canapé Ikea ou des parfums nostalgiques de votre village d'enfance, mieux vaut passer votre chemin ! Chez les Curieux Dandys, on est glamour et hédoniste ! Leur quotidien consiste à vivre dans la décadente métropole de Voracity, à passer de chaudes vacances dans la luxueuse station balnéaire d'Alvadora, à chauffer le chauffeur de sa limousine, à se faire belle comme une « cosmetic lover », etc. ! Bref, un univers joyeux et moite, dont le maître mot est une sensualité torride. Et quelle sensualité ! Même la douleur d'une séparation, épisodes peu glorieux de nos existences terrestres, se transforme ici en un requiem à la fois grandiose et ironique. Ce qui n'empêche pas le disque de se terminer sur une note sensible avec une très intimiste ballade au piano, comme quoi ici tout est permis ! Et ne vous laissez pas avoir par mes mots si tout cela vous paraît superficiel : Ixe Reality Show est un magnifique voyage, un album concept bourré de second degré. C'est juste pour le fun !

Derrière Curieux Dandys, il y a avant tout 20.100 V-GA, (synthétiseurs, piano, percussions et programmation), auteur compositeur et chef d'orchestre : c'est à lui que l'on doit le concept de cet univers musical surprenant. Il y a ensuite la brillante Clémence Lévy, qui assure le rôle clé de chanteuse lead du groupe. De formation classique (elle a obtenu plusieurs médailles du conservatoire de Paris), elle a l'air bien sage lorsque l'on visite sa page Myspace et celle de son ancien groupe Love Canailles, mais ici elle s'encanaille pour de bon et ça lui va à merveille ! À leurs côtés sévissent la très croquette Elise Nortop aux chœurs, le batteur G-Mo et les guitaristes Vidda et Ju l'Autruche (eux même issus d'un fameux groupe de metal dénommé Psykup). La version live du groupe est en train de se mettre en place et m'est avis que ça va enflammer pas mal de salles de concerts !

La musique des Curieux Dandys est assez difficile à définir : il y a de tout dans ce disque et c'est tant mieux. Pop avant tout, l'ensemble garde un esprit très funk (20.100 V-GA est tout comme moi un inconditionnel de Prince, et il lui rend d'ailleurs un hommage que seuls les initiés percuteront, dans le morceau M. Diva). On y retrouve toutefois une bonne dose d'electro, parsemée d'un peu de synth-pop par-ci et de chanson française par-là, le tout dans un esprit très glam-rock qui n'est pas sans rappeler Goldfrapp, et une démesure poétique qui me fait penser aux frasques folles de Claire Diterzi. Peu importe le « genre » : le résultat est tout simplement épatant ! Des compositions qui allient parfaitement mélodies riches (les habitués de ce blog connaissent mon goût pour la mélodie) et grooves irrésistibles, le tout avec des textes très travaillés, des arrangements raffinés et une originalité unique dans le paysage musical national.Curieux Dandys pourraient bien être à la musique française des années 2010 ce que les Rita Mitsouko furent à celle des années 80 : une bouffée d'oxygène salvatrice et inspirante ! Reste à voir si le succès frappera réellement à leur porte en ces temps concurrentiels. Un remix réalisé pour Lio semble démontrer que leur talent ne passe pas inaperçu et augure de futures collaborations avec d'autres artistes reconnus (mais je n'ai pas le droit d'en dire plus à ce stade). Espérons en tout cas que les producteurs parisiens ne passeront pas à côté d'un tel talent ! Pour finir (et cela démontre une épatante prolixité) 20.100 V-GA travaille déjà au second album, qui devrait s'appeler Série Z et que j'ai très, très hâte d'entendre !

En attendant, le premier est disponible sur iTunes et autres sites de vente en ligne (Fnac, Virgin, etc.) via le myspace du groupe. Alors filez vite écouter ça et si ça vous séduit, faites-les connaître autour de vous ! Ils le méritent !

12 juin 2009

Neweden/Mercure Liquide : fin d'un projet, fin d'une époque...

Ce soir, une aventure culturelle lyonnaise s'est terminée, qui fut probablement l'une des plus singulières de la vie artistique locale de ces quinze dernières années.

La revue Mercure Liquide sortait son dernier numéro, et célébrait de joyeuses funérailles lors d'une ultime soirée. Tous ne le savent pas, mais Mercure Liquide fut en fait l'ultime émanation du collectif Neweden, collectif pluridisciplinaire fondé en 1997 autour du fanzine Scrach, lui même né en 1995. Cette soirée était la dernière, ever.

Co-fondateur et de Scrach, et de Neweden, et de Mercure Liquide, ce n'est pas sans émotion que je vois cette page se tourner, même si j'avais quitté le projet depuis deux ans déjà. Je n'ai pas assisté à la soirée, pour diverses raisons, mais mon cœur était un peu là-bas tout de même.

Il y aurait sans doute une histoire à écrire autour de ces quatorze années, car quand je parle d'aventure je peux vous dire que c'en fut une sacrée ! Deux fanzines, une revue et une maison d'édition ; trois festivals et plus de trente autres événements où se mélangèrent concerts, danse, expositions, lectures, performances, projections et théâtre ; aux alentours de trois-cents artistes et bénévoles impliqués de près ou de loin ; quelques trois ou quatre milliers de spectateurs et lecteurs... Tout ça avec des bouts de ficelle et une foi inébranlable : Neweden aura bien vécu ! Que d'anecdotes et de moments ahurissants, hilarants ou difficiles, que de galères, de joies, de succès, d'engueulades et d'embrassades... Que de travail aussi. Si vous saviez le nombre de souvenirs qui m'assaillent quand je repense à tout ça ! Il y a eu des périodes d'accalmie, mais il faut comprendre que ce n'était pas juste un truc qu'on faisait, c'était un truc qu'on vivait, qui construisait et déconstruisait nos quotidiens, nos priorités, nos fêtes, nos amitiés, nos histoires d'amour parfois même.

Il y a une histoire à écrire, du premier numéro de Scrach, fanzine photocopié, tapé à la machine et tiré à 22 exemplaires jusqu'au dernier numéro de Mercure Liquide, revue classieuse reconnue nationalement, subventionnée et tirée à 500 exemplaires. Il y a une histoire à écrire, de la toute première New Eden Party dans un petit bar obscur jusqu'à nos soirées aux Subsistances ou au Croiseur (en passant par l'épique New Eden Week de juin 2000, un festival homérique, long d'une semaine, qui marqua pas mal d'esprits). Une histoire de projets impossibles et pourtant mis en œuvre, souvent titanesques au regard des moyens financiers et humains dont nous disposions. Une histoire de lieux aussi, ceux qui ont accueillis nos soirées, ceux que nous avons occupés plusieurs mois durant (la Casa Okupada, puis la Friche RVI à ses débuts). Et surtout une histoire humaine, de rencontres, de collaborations, tissée non seulement par une équipe (qui connut tant d'incarnations différentes) mais aussi par de nombreux acteurs de la vie culturelle locale, qui flirtèrent avec nous le temps d'un ou quelques événements.

La liste complète des contributeurs, artistes pour la plupart, est presque impossible à établir mais peut-être avec nos archives y parviendrons-nous un jour. Des tas de noms, de visages, me reviennent en mémoire en plus de tous ceux que je fréquente toujours. Certains étaient plus avancés que nous dans leurs carrières, et nous ont généreusement donné un coup de pouce. D'autres, la majorité, ont fait leurs premières armes à nos côtés. Des tas de gens à qui j'ai envie de dire merci ! Merci d'avoir été là, merci d'avoir fait avec nous, merci d'avoir fait cette légende. Ce n'était peut-être qu'une petite légende lyonnaise, qui sera vite oubliée, mais il n'empêche que régulièrement je croise des gens qui évoquent avec émerveillement et gratitude tels ou tels moments qui les ont marqués, qui leur ont permis d'avancer dans leur vie, leur création ou leur carrière. C'est tellement bon de savoir que tout ça n'a pas servi à rien !

Alors en attendant d'évoquer tout le monde ou presque, de vous raconter un jour tout ça dans les détails, il y a quand même cinq personnes sans lesquelles je n'aurais rien fait du tout, et que je tiens à saluer en ce jour d'enterrement. Plusieurs autres personnes ont apporté des éléments déterminants quant aux directions artistiques du collectif et de ses projet. D'autres encore ont été très impliquées, voire vitales à certaines périodes transitoires. Mais il serait impossible de les nommer sans évoquer une foule de pourquoi et de comment. Aussi me contenterai-je aujourd'hui de vous parler des cinq personnes qui ont été, à mes côtés et à tour de rôle, la colonne vertébrale de Neweden.

Tout d'abord mon ami l'auteur de BD Frédéric Thirion, co-fondateur de Scrach, qui n'eut de cesse pendant deux ans de me tanner pour qu'on monte un fanzine, jusqu'à ce que je craque et accepte, sans imaginer une seconde où tout cela nous mènerait !
Il y a ensuite les deux personnes qui ont formé avec moi le « trio moteur » de la première « grande époque » de Neweden entre 1998 et 2001 : la danseuse et chorégraphe Florence Bordarier et le photographe Fred Grégeois. Nous avons traversé de telles tempêtes ensemble, à cette époque où le collectif comptait une quarantaine de membres ! Nous n'étions que des gamins de vingt ans, avec une immense envie de déplacer des montagnes, et nous les avons déplacées !
Il y a enfin les deux autres membres du second « trio moteur », celui du festival Garden Freaks et des années Mercure Liquide (2003-2008) : le photographe safran et la chargée de projet Marion Blangenois. Nous étions déjà moins jeunes et moins fous, l'équipe était plus réduite mais la tâche toujours aussi ambitieuse, sinon davantage. Grâce à eux, Neweden quitta la sphère de l'underground et mit en œuvre un projet plus mûr, plus abouti, plus cohérent aussi... Nous avions envie de déplacer d'autres montagnes, et de nouveau elles furent déplacées !

Sans tous les autres, nous n'aurions rien pu faire du tout.
Sans ces cinq personnes-là, je n'aurais jamais pu construire un bateau assez solide pour accueillir tous ces autres. À titre personnel, je leur dois beaucoup. À titre collectif, Neweden leur doit énormément.

Alors voilà, Neweden avait bien vécu : trop bien, trop vite et trop intensément pour vivre plus longtemps. C'est à peine une métaphore que de dire que le cœur a lâché... Le moment était venu d'explorer d'autres horizons, de faire chacun notre route. Les deux Fred se sont fait un peu plus discrets depuis quelques années, mais il continuent de faire leurs trucs dans leur coin, toujours avec le même plaisir. Je crois savoir que Marion prépare déjà un autre projet, et je ne doute pas un instant que ce projet sera à la hauteur de son talent d'organisatrice. Quant à Florence, safran et moi, en parallèle de nos projets personnels nous sommes en quelque sorte revenus aux sources, avec les Combustions Spontanées qui regroupent, entre autres, un certain nombre d'anciens membres et collaborateurs de Neweden. Et toujours, partout autour de nous, je vois naître (ou durer) d'autres collectifs, d'autres revues, d'autres talents... Je vois aussi nombre de ceux qui nous ont accompagnés murir, grandir, s'épanouir dans leur création. La scène lyonnaise est si riche !

Un jour je vous raconterai tout, promis ! En attendant, tout ce que je peux vous dire, c'est que c'était un sacré voyage, qui valait vraiment la peine d'être vécu ! Merci encore à tous ceux qui en ont fait partie, et bonne route à tous !

This is the end, my friends...
This is the beginning!

11 juin 2009

Contresens
















aube empourprée
pourquoi toujours heure temps ?
éclats d'argile
immuable immédiat
quand le seul lieu est rencontre
un corps qui n'a de sens
d'importance
de beauté
que lorsque extatique
le reste
déjà
souvenir
à peine consumé
mes mots - fruits de plaisirs à peine écartés
voile - écarté
nom ombre
(ou du moins ce serait mieux ainsi)
(ne) recherche (plus) ange
(blanc)
pour dépasser la béatitude
se fondre dans la croisée
es-tu là ?
es-tu là ?
je suis là
quand tout semble renaître
surtout ce qui vit (encore) déjà
complétude presque (là)
au dessus des nuages (là)
je t'observe d'en haut, à mille lieues du sol
& pour autant
je dois encore
lever
les yeux
la magie n'a d'égale que la plénitude
(plénicertitude)
ce serait drôle que les sphères soient en
apesanteur
tout ça comme
au lieu de rouler, de tomber dans les trous
oublier chacun des éphémères
devant l'évidence
d'un océan d'idées sauvages
(la sagesse est tellement sauvage)
vagues
gouttes
facettes
réalité senteur
couleur
de ton
deep space nine
ou quelque chose comme ça...
te goûter était un mythe
le mythe est consumé

(Remix d'un inédit de l'automne 2000, qui dit aujourd'hui le contraire de ce qu'il disait alors...)

7 juin 2009

Lyon, capitale européenne du puritanisme ?

Lyon n'a peut-être pas été capitale européenne de la culture (et c'est bien dommage) mais la ville s'annonce bien classée pour être capitale européenne du puritanisme !

Le premier arrondissement de Lyon est en train de muter et à bien des égards c'est tant mieux. Les habitants de la rue Sainte Catherine, où j'habite depuis un an, se sont mobilisés pour que cesse le chaos qui régnait depuis des années dans cette rue (les lyonnais qui lisent ce blog savent de quoi je parle) et il faut reconnaître que moi même, qui n'ai jamais cru en la validité du concept de « tapage nocturne » (voir à ce sujet le récit de mon dernier voyage en Inde), j'en avais jusque là de l'ambiance glauquasse de la rue après vingt-deux heures : bruits de bagarres, insultes, hurlements, bouteilles cassées et poubelles renversées, les copines pas rassurées lorsqu'elles quittaient mon appartement en fin de soirée, etc. Que les gens fassent la fête, très bien. Malheureusement la « fête » ressemble trop souvent ici à une beuverie violente.

Alors les autorités ont - enfin - réagi. Les bars de la rue Sainte Catherine qui, d'après certaines rumeurs, avaient jusque là obtenu le droit de faire tout et n'importe quoi à coups de pots de vin et de copinage politique, ont été contraints de maîtriser leur clientèle et de fermer plus tôt. Il faut admettre que cela n'est que justice quand on sait l'hécatombe des café-concerts et autres lieux culturels associatifs qui a suivi l'élection de M. Gérard Collomb, maire de gauche certes mais pas trop tout de même. Un nombre ahurissant de ces espaces, malgré tous leurs efforts, ont été fermés souvent à cause des plaintes d'un seul voisin, alors que les antres d'ivrognerie de la rue Sainte Catherine passaient allègrement à travers les mailles du filet et emmerdaient tout le monde au passage.

Malheureusement, l'espèce humaine est incapable d'agir avec modération et c'est ainsi que je constate avec effarement un changement d'attitude radical de la part des riverains. Fiers de cette petite victoire, les « croquantes et les croquants » (comme disait l'autre) se précipitent pour faire régner l'ordre et le silence. Ainsi, dans mon immeuble, il a fallu du jour au lendemain virer tous les vélos, cordes à linges et autres choses qui pouvaient « encombrer » les allées. De même, les petites gens bien pensants ont-ils décidé de ne plus tolérer le moindre pet de lapin après vingt-deux heures. Avec l'agressivité sans borne dont savent faire preuve les gens qui ruminent leur amertume de se lever le matin pour aller faire un boulot de merde, j'entends maintenant hurler la nuit non seulement les ivrognes, mais aussi ceux qui ne supportent pas que tel ou tel de leur voisin passe une petite soirée entre amis sans fermer ses fenêtres (et je ne parle pas là de « fêtes » mais bien de « petites soirées » à trois ou quatre). J'observe et j'écoute l'air de rien : il se créé des alliances, des clans, ça cancanne dans les allées et l'ambiance n'est pas sans me rappeler le passage du voyage vers l'Afrique de Voyage au bout de la nuit, quand les bien-pensants s'allient pour montrer du doigt le supposé fauteur de trouble.

Mais l'aspect le plus honteux, le plus lamentable, de cette « épuration » est le décret préfectoral qui interdit désormais aux épiciers de vendre de l'alcool après vingt-deux heures. Nous sommes dans la seconde métropole de France, une ville qui se veut « capitale européenne » et il n'est même plus possible de s'acheter une bouteille de bière ou de vin le soir si l'on a décidé de finir entre amis à la maison. Enfin si : c'est encore possible. Mais cela oblige à faire appel aux sociétés de livraison d'alcool à domicile, pour des prix démesurés. Ce décret tout d'abord ramène Lyon au niveau d'une petite bourgade de province alors que pouvoir trouver à boire (ou à manger) à toute heure fait tout de même partie des avantages d'une ville comme la nôtre ! Ce décret ensuite punit les (nombreux) braves gens dont la vie ne s'arrête pas à vingt-deux heures, tous ceux qui, sans être des poivrots, sans foutre le bordel dans les rues, aiment bien pouvoir décider de façon impromptue de poursuivre la soirée chez eux avec une bouteille. Pour une poignée de fauteurs de troubles, c'est la majorité silencieuse des bons-vivants qui est « punie » par les très actifs puritains (et une lettre du conseil de quartier vient de remercier très chaleureusement M. le Préfet pour ce décret). Ce sont, enfin et encore et toujours, les riches qui sont favorisés, puisque ceux qui ne peuvent s'acheter qu'une bouteille de vin à quatre euros ne pourront pas forcément payer leur bouteille douze euros aux sociétés de livraison nocturne.

Mais bon, ainsi va le monde, ainsi va Lyon. Les lieux nocturnes associatifs, innombrables il y a dix ans, sont désormais quasiment inexistants. Les fêtards sont désormais décentralisés vers le Ninkasi et les péniches, entreprises lucratives. Les habitants des immeubles seront désormais priés de vivre enfermés chez eux dans le plus grand silence et sans qu'un seul objet ne dépasse de leur porte d'entrée.

Moi aussi je voulais que ça se calme rue Sainte Catherine. Mais pas comme ça, pas dans cette ambiance, et pas au prix de ma liberté d'acheter une bouteille de vin à une heure du matin si le cœur m'en dit !

6 juin 2009

Journée mondiale de l'environnement, fête des mères, tout ça...

Image : Daphne Todd
Aujourd'hui c'était la journée mondiale de l'environnement...

Oui, bon...

Le truc c'est que le réchauffement de la planète, moi je suis POUR !!! D'abord je trouve qu'il fait beaucoup trop froid en France. Et puis voir la Bretagne et Marseille (surtout Marseille) engloutis sous les flots, ben si ça permet d'avoir la mer à Lyon moi je dis au bout du compte c'est pas une si mauvaise affaire. ^^

Heureusement dimanche c'est la fête des mères et là je remercie le ciel parce que que ça fait maintenant huit ans que je suis débarrassé de cette innommable corvée ! Bon courage à tous ceux qui ont encore une maman.

En tout cas l'acteur David Carradine a célébré tout ça avec humour puisqu'il semble bien qu'il soit décédé d'un accident masturbatoire, ce qui n'est pas donné à tout le monde ! Moi je dis : la classe jusqu'au bout le mec, et paix à son âme !

Ben quoi ? Là depuis minuit on est le 6 juin. C'est pas le 6 juin la journée mondiale de la mauvaise foi ? Ah, bon...

4 juin 2009

Ah... c'était le bon temps !

On dira ce qu'on veut sur les années 80, elles furent au moins autant la décennie des romantiques que celle du matérialisme. Les pop-songs d'alors avaient un sens de la mélodie implacable et témoignaient d'une dévotion sans borne au sentiments les plus rose-bonbon. Tout ça s'est perdu depuis et je me demande bien à quoi peuvent rêver les ados d'aujourd'hui avec ce que crachent les radios (à être des stars du porno peut-être ?). En fait j'aurais beaucoup à dire sur la magie de ces années-là, sur ma joie d'avoir grandi dans cette atmosphère culturelle mais ce sera le sujet d'un autre article, un jour.

Bref, mon trip du moment c'est la B.O. du film Electric Dreams (1984), un des premiers films de la génération MTV, dont la bande son contient quelques-uns des titres les plus romantiques de l'époque. On commence avec la kitschissime (et irrésistible) Together In Electric Dreams de Philip Oakley et Giorgio Moroder, suivie de la délicieuse Video de Jeff Lynne et de la toute douce Love Is Love de Culture Club.

Bon trip nostalgie à ceux qui ont connu 1984, en espérant que les plus jeunes comprendront ^^





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