24 juin 2010

... (43)

les contradictions 
se nouent sans trêve autour du cou
de celui qui sourit
elles sont la robe soyeuse 
de la prêtresse profane


22 juin 2010

Shaomi a trouvé la brebis de ses rêves !


Elle est trop bêêêlle cette brebis !!! 
Je crois que je suis amoureux ^^

18 juin 2010

... (42)

danse avec les soupirs
en cette redécouverte absurde
il est une nuit qui ne finit jamais
celle des écritures vaines
& nécessaires


15 juin 2010

Vuvuzela mon amour

Alors oui je sais, ce n'est pas bien de s'en prendre au football, et c'est un peu facile aussi. Le seul problème c'est qu'il n'y a pas dans ce pays un seul journaliste pour oser prendre position contre le football. Vous pouvez traiter le Président de la République d'escroc, vous pouvez à la rigueur dénoncer le salaire des joueurs, mais c'est à croire qu'on leur apprend dans les écoles de journalisme qu'il n'y a pas plus grand tabou que de dénigrer le football pour ce qu'il est : c'est à dire une nuisance scandaleuse et le pire ennemi de l'intelligence.

Je ne parle pas ici de la pratique du football : c'est sans doute très sain que de pratiquer un sport d'équipe. Je parle du culte du football, de son hyper-médiatisation. On estime que près d'un million de Nord-Coréens sont morts de faim en 1998 mais ça n'avait pas vraiment d'importance puisque la France accueillait la Coupe du Monde. On nous raconte que le football est porteur de valeurs, mais je ne vois guère quelles valeurs... Le patriotisme exacerbé ? L'hystérie collective ? Le passage à tabac des supporters de l'équipe adverse ? Le culte de la testostérone et du pognon ?

Le football occupe une place très importante dans les médias :il arrive qu'un J.T. lui consacre un tiers de sa durée alors que pendant ce temps, des lois moisissent sur les bureaux des ministères sans qu'on n'en signe jamais les décrets d'application, des peuples s'entre-tuent ou crèvent de faim, le déficit des Etats européens se creuse dangereusement, les banques vous volent quotidiennement, des femmes meurent sous les coups de poings de leurs maris et amants, et j'en passe. Le football est la plus généreuse diversion qu'on puisse imaginer et son culte est le plus grand témoignage de l'échec d'un idéal d'éducation. On dit qu'il faut bien que les couches populaires aient leur loisir mais il fut une époque où la République avait pour mission d'éduquer les couches populaires, de leur transmettre l'idée d'une société où la connaissance, la culture, la science, la pensée étaient des choses importantes. On se plaint que les jeunes brulent nos bus mais enfin bon, que leur offre-t-on aujourd'hui comme exemple ? Des personnes qui travaillent dur ? Certes, on ne devient pas footballeur professionnel en ne branlant rien, mais encore, quoi ? De l'intelligence ? Du raffinement ? De la connaissance ? Non : c'est le corps triomphant, la virilité brutale, le fric... Le football n'est pas seul en cause dans l'abrutissement des masses, l'ensemble des médias y participe avec allégresse d'un commun accord avec les grandes entreprises et les dirigeants politiques. Mais le football est peut-être le symptôme le plus visible de la chute de la civilisation occidentale. Ce culte du football, j'en suis convaincu, va nous coûter très cher à terme, très très cher. Je n'ai rien contre Franck Ribéry à titre personnel (je ne le connais pas et il ne m'a rien fait) mais amusez-vous à faire une recherche Google Image juste pour rire (je l'ai fait car je ne savais pas qui c'était, alors des fois je me renseigne ^^), regardez bien les premières images. Voilà le totem, l'exemple pour les jeunes, que la société occidentale demande aujourd'hui à vos enfants de vénérer, un modèle tout en subtilité !

Vous me direz que je suis de mauvaise foi parce que si j'avais googlé Zidane j'aurais eu autre chose, de beaucoup plus distingué, mais bon je me base sur le nom que j'ai le plus entendu dans les médias ces derniers temps... Je constate aussi avec amusement que la troisième image ramène vers le blog de Sylvain Souklaye, un auteur littéraire dont le travail est admirable, comme quoi tout mène à la culture même les choses les plus improbables (lol !).

Alors récemment j'ai entendu tout le monde se plaindre de l'utilisation de la vuvuzela dans les stades africains : les joueurs se plaignent que ça les déconcentre et les empêche de communiquer, les commentateurs se plaignent que ça les empêche de commenter, les téléspectateurs se plaignent qu'on leur gâche tous les matchs avec ce bruit ignoble... C'est vrai que le son de la vuvuzela est assez insupportable... Et soudain (alors que notre dette publique s’aggrave toujours et que des gens meurent toujours de faim), les médias n'ont plus que le mot vuvuzela à la bouche, nous expliquant la polémique, le problème gravissime, la Coupe du Monde foutue en l'air pour tout le monde : joueurs et spectateurs...

Et moi je me marre bien parce que depuis le temps qu'ils nous font chier avec leur foot, qu'ils nous pourrissent le paysage audiovisuel, qu'ils nous forment du benêt à tour de bras en faisant croire aux pauvres gens que tout ceci est quelque chose de positif pour la société alors qu'ils creusent notre tombeau... Ben je dois bien l'admettre, j'éprouve une reconnaissance infinie envers le peuple d'Afrique du Sud, qui est en train de foutre en l'air, pour la première fois dans l'histoire, une Coupe du Monde de football.

Alors je le dis haut et fort : vive la vuvuzela, et que cette pratique se répande dans tous les stades du monde !!!

13 juin 2010

Voile ta face...

Pour des raisons déjà évoquées, je ne suis pas certain de savoir quoi penser du projet de loi sur le port de la burq... heu... du niqab (et ce sans parler des conséquences sur le corps de métier des ninjas). Je suis par contre assez étonné de la polémique relative au fait que Laurence Ferrari ait interviewé Mahmoud Ahmadinejad voilée (c'est à dire non pas visage masqué mais les cheveux recouverts d'un voile).

J'ai bien entendu les arguments selon lesquels tout ceci est une insulte décourageante envers le combat des femmes iraniennes, une soumission au régime d'un dictateur fondamentaliste, etc.

Certes...

Il y a dans le monde occidental une idée selon laquelle l'humanisme à la sauce « Siècle des Lumières » est une vérité universelle et, à vrai dire, j'aurais tendance à être assez d'accord avec cette idée. Après, il y a ce qu'on en fait et de ce point de vue-là, que ce soit économiquement ou en terme de dignité de la femme (lien et lien), je crois qu'on est encore loin du compte (donc mal placé pour faire la morale)...

Ce qui est certain, pour en revenir à nos moutons voilés, c'est que l'opinion iranienne n'avait pas manqué de nous épingler lorsque nous avons interdit le port du voile (pardon, le port de « symboles religieux ostentatoires ») à l'école il y a quelques années. Si ma mémoire est bonne, il y avait alors eu dans l'ensemble du monde arabe des manifestations concernant « l'oppression » des musulmans en France. Evidemment, nous savions alors que nous « n'opprimions » personnes (en tout cas pas au sens de « persécuter » qui, pour le coup, peut être le sens commun dans certains pays), mais les citoyens iraniens, eux, ne le savaient nullement...

Depuis il y a eu cet absurde débat sur l'identité nationale (qui a coûté de l'argent au contribuable et servi à... quoi ?) et à présent il s'agit d'interdire le port de la burq... du niqab, dans une démocratie où chacun était jusqu'alors supposé pouvoir se vêtir comme il le souhaite (certes). 

Du point de vue « Siècle des Lumières », porter un voile sur les cheveux est une oppression de la femme. Du point de vue de l'Iranien(ne) moyen(ne), ceci est assez naturel. Il est après tout illégal de se rouler des pelles dans la rue en Inde et pareille interdiction nous semble scandaleuse mais enfin bon... Pour nous c'est une liberté individuelle, pour les Indiens c'est obscène. Si demain, ici, vous voyiez un couple en train de copuler sur la voie publique, vous seriez assez choqués que l'on impose un tel spectacle à vos enfants et vous appelleriez la police, alors que d'un point de vue « Lumières », personne n'est à même de décréter que faire l'amour en public n'est pas un progrès social et une progression des droits de l'homme et de la femme. 

Par contre, il n'existe (encore) aucune loi en Inde qui stigmatise le tapage nocturne car là-bas, on considère comme un « droit » le fait que chacun fasse ce qu'il veut chez lui, alors que les combattants des droits de l'homme et de la femme seront les premiers à appeler la police en cas de tapage (au nom de leur « droit au silence », qui est en fait un déni du « droit de faire ce qui me plait chez moi » de leurs voisins). Que diraient nos Lumières si on leur demandait leur avis quant au fait que le Bon Sauvage copule en public et fasse du bruit dans sa hutte la nuit ?

Désapprouver le régime iranien est une chose (je le désapprouve). Désapprouver que les femmes soient contraintes de se voiler la face en est une autre (je le désapprouve aussi si elles sont effectivement contraintes). Mais par contre, respecter les coutumes d'un pays, n'est-ce pas exactement ce que nous demandons aux musulmanes françaises qui, de leur propre gré (il semble y en avoir), se voilent ? Et au delà de ça, les « Lumières » ne nous ont-elles pas rappelé ce que les philosophes Grecs nous avaient enseigné avant eux, à savoir que toute vérité est relative et qu'il convient de faire preuve de la plus grande prudence avant de poser un jugement ?

Autrement dit : il faudrait ici légiférer au nom du respect des valeurs de notre République mais par contre mépriser les lois des autres Républiques. Il faudrait s'en aller gaiement en Iran, interviewer le président iranien en mini-jupe ? Que dirions-nous si une journaliste iranienne venait interviewer Nicolas Sarkozy en portant la burq... le niqab ? Ne le prendrions-nous pas comme une provocation ?

Il y a les partisans d'un choc des civilisations, les personnes d'extrême droite qui voient en tout ceci une guerre interminable entre la tradition chrétienne et la tradition musulmane. 
Il y a ceux qui croient au progrès en tant que valeur universelle.

Aux premiers, je dirai : vous êtes en train de creuser notre tombeau car on trouve toujours plus fort que soi.
Au seconds, je dirai : patience. Ce que nos ancêtres rêvaient, ils nous a fallu plus de deux siècles pour commencer à peine à le mettre en oeuvre : ne demandez pas au monde entier de se plier d'un coup à nos utopies : le monde y viendra bien à temps.

Quant à Laurence Ferrari... Foutez-lui un peu la paix sur ce coup-là !

Ce qui me ramène à tout un tas de réflexions quant à la politique du gouvernement chinois, politique que l'on regarde d'un autre oeil lorsque l'on commence à comprendre les problématiques et la réalité historique de ce pays. Mais ceci étant lié à mon dernier voyage en Chine, ça sera l'objet d'un autre article, plus tard.

NB : Cet article est un peu décousu et plein de raccourcis mais à la fois il est quatre heures et demi du matin, j'ai bu du vin rouge et de toute façon je ne suis pas journaliste, donc je m'en branle ! 

4 juin 2010

Lorelei





essoufflée, elle se retourne & s’emplit
d’immensités solaires
d’appréciations complexes
de cordes intérieures
de la brise & des feuilles rouges
qui tourbillonnent autour de son cou
petite pause méditative & bilan des
sucreries qui la composent
projets de réunification
réinvention perpétuelle
les yeux qui pétillent
les arbres qui enlacent
sa peau d’herbe

fantômime, elle se joue des tours & nargue
les gammes éthiques
les choix politiques
les images figées de ces familles
embourbées, pédophages
elle se libère des ligaments que ses ancêtres ont enfoncés
dans sa chair
elle regarde les miroirs de son manoir
contemple sa main, noire de charbon
crasse des antithèses avancées
par ses travailleuses
racines
il lui suffira donc 
de purifier le temps

(interlude militaire 1)
la fausse attribution des réputations 
cache-cache avec les loups
cache-cache avec les corps qui se meuvent
dans les artères & les cocktails
derrière la cruauté des uns
derrière la mesquinerie des autres 
elle ne voit plus finalement
que les larmes des petits enfants
trahis
qu’ils étaient

« presque éveillée », se dit-elle
presque éveillée mais comme encore endolorie
cotonneuse, peut-être
il y a tant de fleurs & de coussins sur ce lit
tant de serpents chauds qui s’enroulent avec tendresse autour de ses bras
serpents roses, qui mordillent tendrement
« presque éveillée », murmure-t-elle
aux esprits qui l’accueillent en nuisettes
conseillers de ses songes à rebours
conseillers de cet instant précis & flou
lorsque l’âme flirte avec le véhicule
& qu’il est encore probable
de remonter un peu
la temporalité
d’un soi en devenir

grandes idées, petites mains 
« difficile de bâtir
un monde meilleur », se dit-elle
parfois elle rit lorsqu’elle se souvient
que son propre bonheur
peut être une sorte de filament conducteur
pour les autres âmes
elle ne perçoit pas vraiment
le pourquoi d’un si impétueux
besoin de se connaître
elle-même
mais il y a une évidence
à peine cachée
prête à naître

lorsqu’elle est brave, ses rêves périssent
s’évaporent dans la vanité 
vanité de volonté
vanité d’espérer autre chose
que le réel qu’elle peut toucher
& qui se prête aux jeux
ses désirs périssent car soudain
le réel
est son désir  

un sourire paresseux
c’est son arme de guerre…
dans les chambres environnantes
des guerriers s’agitent, des mégères explorent & implosent
tous à tâtons, tous en train de gigoter
de chercher la nourriture
dans la penderie
leur boucan si souvent l’épuise
qu’elle peut bien laisser libre cours à sa fatigue
en ne faisant rien d’autre
que ce qui a du sens

un clignement d’œil & la voilà partie
un clignement d’œil & la voilà 
décédée
ressuscitée
réinventée
prête à se moquer gentiment des guerriers
& des mégères
c’est le seul cadeau
qu’elle puisse leur faire

(interlude militaire 2)
« nous allons par-delà !
nous allons par-delà les paradigmes !
nous allons par-delà la vérité !
nous allons par-delà la science !
nous allons plus loin, plus vite, plus fort !»
d’un geste vif, elle éteint la télé

(interlude militaire 3)
comme un parfum de combats incessants 
la grâce & tout ce qui est délicat
provoque l’immédiat vomissement
des foules
alors parfois elle se cache
« est-il vrai, se demande-t-elle
est-il vrai que là-bas
des enfants meurent
à la guerre ? »
les prophéties de vie & de mort qui chaque jour
percent les oreilles des spectateurs
ces prophéties lui semblent à elle
la chambre de résonance
du cerveau humain
« si vous n’aviez pas tous ces fusils dans vos têtes, dit-elle
vos enfants ne mourraient pas »
bien sûr, personne n’écoute

charmante, sans colonne vertébrale
si légère que souvent les bourrasques l’emportent
(mais elle se plaît à flotter ainsi)
elle aime bien jouer
avec les bambins
avant qu’ils ne soient
compromis
avant que les insomnies de leurs aînés
n’aient déteint sur leurs paupières
elle caresse leurs cheveux & prie
pour que ces ébauches d’hommes & de femmes 
ne se gâchent pas
parfois les graines deviennent d’autres comme elle
prêtres & prêtresses
voués à l’incompétence
& à la joie

lorelei n’est pas sirène
les marins qui se noient dans les sons cristallins
de l’épopée qu’elle fredonne
ne sont que dommages collatéraux
d’un envoûtement personnel
les veuves & les mères qui la maudissent ignorent
qu’elle est juste ensorcelée
par son propre chant
& qu’ainsi possédée
elle ne peut l’interrompre

elle est à la fenêtre du monde
il y a bien des rondes
qu’elle ne comprend pas
mais en dessous de chacun des cailloux qu’elle soulève
se cache une fourmilière
les économies sans fond qu’on lui conte
les spirales quotidiennes & les incessants débats
ne sont pour elle
que les infernaux symptômes
du psychotique ressac 
collectif

vierges & apsaras
l’entendez-vous ?
entendez-vous le son voisé
de par delà vos vitraux ?
vous délectez-vous de ses ballets ?
vous régalez-vous de ses prières ?
elle vous est dévouée
subjuguée
par les portraits de vous
que sans cesse elle esquisse

ses yeux translucides
fixés sur les toiles d’araignées
tarentelles enchevêtrées
synchronies de toutes ces choses
qui arrivent
ses yeux embués
par l’émotion qu’éveille en elle
la chaleur d’en haut
ce pilier de lumière qui chaque jour un peu plus
la traverse & la dresse
satisfaction immanente
canal du divin

essoufflée d’avoir tant ri
déjà en elle, elle devine
cette vieille femme tout occupée
à câliner un jardin
déjà en elle, elle entrevoit l’apaisement
de son linceul lorsque, enfin
elle quittera ce monde
le corps exténué par tant de voyages intérieurs
l’âme aspirée, tendue vers le tout  
elle se souvient de la tristesse dans leurs yeux
elle se souvient de sa dernière pensée
d’un étonnement candide
« sont-ils tristes parce que je pars ?
ou parce que eux, ils restent ? »

(interlude militaire 4)
& soudain, elle seule est seule 
tout ce qu’il y a autour
s’écroule sans bruit
petites poussières
elle marche dans les décombres
de l’humanité 
livrée à elle-même
les attributions fausses
les conflits & les bombes
les guerriers & les mégères
leurs enfants voués à la catastrophe
les prophéties imminentes
rien de tout cela plus ne compte
rien du tout
pas lorsqu’elle regarde ainsi droit devant elle
& ne voit que des murs de verre
elle les traverse
lave les corps des défunts
embrasse les vivants
& s’en retourne au nid

« le cosmos est un vieil homme ridé, se dit-elle enfin
& j’aime à compter ses rides
à déchiffrer les desseins sur sa peau »
lorsque, au bout du compte
tout est prononcé 
chaque rituel accompli
afin de préserver chaque jour
l’équilibre des choses
lorsque, au bout du compte
la vie s’écoule à reculons
elle peut s’allonger
& retourner aux ritournelles
là-bas au loin
dans sa tête
petite fille, femme & vieille femme
elle ne sait guère laquelle des 3
précède l’autre
ainsi captivée par les cycles
sereine
elle s’assoupit

Inspiré par l’album She Is A Phantom de Harold Budd et Zeitgeist.
L'aquarelle est de Sue, préexistante au texte et généreusement « prêtée » pour l’illustrer. Un grand merci à elle.
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