26 mai 2016

The China Experience – 28/ The Lijiang Experience (Pt. 17)

Premier voyage en Chine, septembre-novembre 2002.

Décollage ici.
Expérience précédente : The Lijiang Experience (Pt. 16).


07 octobre 2002 – 02 novembre 2002 : The Lijiang Experience, Lijiang (Yunnan).

Dix-septième jour. Comme je dois donner une leçon de français à Ming Xia, je renonce encore à quitter Lijiang. Elle vient avec sa méthode, m'explique ses difficultés, nous travaillons une heure, peut-être deux… Le français est une langue très difficile à prononcer pour les Chinois : il existe, dans chacune des deux langues, des sons totalement inexistants dans l'autre. Je réalise avec stupéfaction qu'on ne peut prononcer du premier coup les sons qui n'existent pas dans notre langue, pour la bonne raison qu'on ne les entend pas ! J'en profite pour demander tout un tas de mots et d'expressions chinois à Ming Xia, et me casse les dents sur les tonalités. Il y a aussi les questions auxquelles je ne m'attendais pas : pourquoi dit-on soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix au lieu de septante, octante et nonante ? Je suis bien en peine d'expliquer ça ! La conversation se mêle au cours et vice-versa, avec beaucoup d'éclats de rires et d'anecdotes... Une belle complicité s'installe entre nous, sous le regard réjoui de Yanli. Woo Di passe nous faire ses adieux (ses vacances se terminent ici) et Yosuke arrive en même temps que lui. Je sens à notre conversation que Woo Di est légèrement las de mon incessante éloquence. Je fais celui qui n'a rien remarqué et comme il reste courtois jusqu'au bout, je lui souhaite bonne route. En parallèle, un sympathique Américain, se livre à un trafic de CD avec Yanli. Il copie les disques du Prague Café, et elle copie les siens.

Photo : Dr. Ma Pingke


À l'heure de l'apéro, Ming Xia et Yanli me présentent deux de leurs amis : Guo Tao et sa compagne, dont je ne retiendrai malheureusement pas le nom. Ce sont deux jeunes Chinois sympathiques et chaleureux. On m'invite à dîner en leur compagnie, et bientôt la table est recouverte d'une quantité astronomique de mets plus succulents les uns que les autres. Guo Tao est fonctionnaire de police, et c'est une opportunité intéressante de connaître l'opinion d'un membre des autorités quant à la politique chinoise. Guo Tao n'a pas vraiment le profil du flic : détendu, délicat, drôle, bon-vivant, cultivé… Il est néanmoins tout aussi catégorique que tous les Chinois que je rencontre : le gouvernement permet au peuple d'améliorer son niveau de vie, c'est donc un bon gouvernement. Il y a tout de même un bémol : la corruption qui ronge tout le système, de haut en bas. Des quantités astronomiques d'argent public sont détournées chaque jour, et cela le met hors de lui. Pour autant, il précise qu'il adore la Chine au point d'être prêt, sans hésitation, à « mourir pour son pays ». Notre festin est arrosé d'alcool de riz, le saké chinois. On m'en sert verre sur verre. Je découvre avec plaisir cet alcool au goût délicat, mais très vite je réalise que c'est vraiment un alcool fort. Lorsque le repas s'achève, Ming Xia et moi sommes ivres morts. Ming Xia évoque son beau Français qui est si loin, qui lui manque tant, qui vient si rarement… Elle finit par fondre en larmes, et nous la réconfortons tant bien que mal. Je la prends dans mes bras et lui murmure des paroles rassurantes sur la patience, le temps qui consolidera leur relation, mais rien n'y fait, elle continue de pleurer comme une madeleine… Elle se lamente ensuite à propos de la barrière de la langue : elle a les plus grandes difficultés à exprimer en anglais, dans les lettres qu'elle lui adresse, ses sentiments les plus profonds. Me vient alors une idée qui lui remonte instantanément le moral. Yosuke possède un chinois et un anglais parfaits. Ming Xia pourrait donc écrire sa lettre en chinois, Yosuke la traduire en anglais, et moi la retraduire en français. Ming Xia est enchantée, nous convenons de procéder à l'opération dès le lendemain. Au bout du compte, je me retrouve complètement sec, avec une envie de boire encore que je sais déraisonnable, et l'Américain aux CD qui m'explique que je ferais mieux d'aller me coucher. Trop ivre pour faire autre chose, je suis son conseil.

Partirai-je, enfin, demain ?


Prochaine expérience : The Lijiang Experience (Pt. 18).
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