29 octobre 2007

Docteur, ça bloque !

Je n’emporte jamais d’appareil photo lors de mes voyages. Je n’en éprouve aucun besoin, voilà tout.

Pourtant, il y a eu une fois, cette seule et unique fois… C’était à New Delhi, en février 2001. Cette fois-ci j’ai vraiment, vraiment regretté de ne pas avoir d’appareil.

Heureusement, quelqu’un d’autre a pris la photo pour moi et l’a mise sur internet. La chance a voulu que je l'y trouve
.














Juste des mots















juste le temps
de me souvenir
des nuits où je t’écrivais des poèmes

juste le néant
des draps blancs
sans toi ni taches

juste le froid
de se penser seul
d’avoir oublié comment on s’oublie

juste les heures qui tournent
en rond dans mon appartement
qui me posent des questions

juste la perspective
naïve
d’un réveil tonique

juste des peut-être
le poids d’un peu-être
le vide pèse lourd

juste un arrière-goût de romantique
grand piment
qui nourrissait jadis

juste cette cage de fer sur laquelle je dors mal
juste cette cage de béton qui m’entoure
juste cette cage, celle de mes impossibilités

27 octobre 2007

Lijiang, Yunnan

Photo : Dr. Ma Pingke
À dix jours de mon départ/retour en Inde, je réalise que je n'ai jamais mis en ligne ce poème relatif à mon voyage en Chine (septembre-novembre 2002). Le titre correspond à la ville de Lijiang, dans la province du Yunnan, où je résidai un mois durant. Petite ville de pierre et d'eau, Lijiang est l'une des rares cités chinoises qui évoque encore la Chine antique des estampes, un précieux havre de paix dont je tombai fou amoureux.

Le texte qui suit fut recomposé en juin 2003 à partir de fragments écrits à Lijiang. Il fut exposé alors au festival du Jardin des Possibles, une seconde fois à la Friche RVI en septembre 2003, et finalement à l’Ovale 203 en juin 2004, à l’occasion du festival Garden Freaks. La mise en page originale n'a malheureusement pas pu être respectée ici, les blogs ayant leurs limites techniques...


LIJIANG, YUNNAN

stop, stop, stop à la porte
grande ouverte
besoin de perdre mes pensées dans
des délices de charité
(quoi que cela puisse signifier !)
quel sorte de saltimbanque suis-je
si je n’écris pas ce soir ?
(ou qu’il se taise à jamais)
calculs, écrans vides de sens, à chercher des photos qui n’existent pas
& des mails
qui n’existent pas encore

xijiang, xaoshing
où êtes-vous ?
seuls les yeux vous ont pris en flagrant délit de locativité
les miens sont clos
aveuglés
foutus pixels
traces numériques

& (once again) la colère me pique celle que j’ai rêvé toute une incarnation
ASSEZ !
zenibobmer !
stop, stop, stop !

je me lève (toujours couché)
je ramasse les petits morceaux de chair collés au mur
mmh…

comment sortir des canaux ?
lijiang s’accroche
les 2 pieds collés au sol
lijiang m’a fait prisonnier
j’aime tellement ça…
la nuit – rêves (qu’elle baise avec des polonais !)
la nuit – retours frustrés
sortir ne pas pouvoir de ne je lijiang
décidé
j’étais pourtant
mais 7 femmes m’en empêchent
dont moi-même
je pense - je pense - je pense

au prix à payer pour mon art

(Sacrifices ?)

encore
isolement/nécessaire/que faire ?
le (…) de l’aura est paralysant
aura, tu es de mèche avec lijiang
pour me garder traducteur
-du chinois (ming xié) à l’anglais (yosuké) au français (moi)-
-de l’anglais (ming xié) au français (moi)-
-de l’anglais (ding) à l’anglais (moi)-
-& le bébé chien (shian hei) qui mâchonne (ma brosse à dent) toute la journée-
juste
m’échapper…
(c’est un mensonge : je veux rester pour toujours)
stop ! stop ! stop !
(toujours ! toujours ! toujours !)


lijiang, yunnan


paradis chinois loin des cubes & des bicyclettes maoïstes

loin de moi, qui se souvient ?
oublié - pas assez
quelle équation est ici enfantée par les bouches
qui prononcent mon nom là-bas ?
les mots - ha !
si je changeais de nom, ils parleraient de quelqu’un d’autre
ça a du sens…
je pourrais me mettre à mon balcon, & les écouter cancaner
blablablablablamadcap ®
madqui ? ©
je ™ regarderais mes amis & mes ennemis ragoter

JE M’AMUSERAIS BIEN !

mais il y a ce problème :


mon nom est devenu une marque de fabrique !
dans la gloire du caniveau, tout au moins

j’en ai besoin ?
nom de vie
nom de scène
non de non !
qu’est-ce que je fuis ?
mon reflet dans l’air du temps

je veux voir mon reflet dans la terre
je veux voir mon reflet dans les yeux de ceux qui…
je veux voir mon reflet dans les vers d’allen ginsberg & d’enna chaton
chaton…?
miao… mi…?
shaomi…?
un nom, peut-être

[shy - shaï - comment dire ?]

dedans, dehors

je sais moins
oh oui
pleurer tout seul ?
semblant 2 à 2 ?
deuil
1 re2 2

varsovie - canceled
moscou - cours toujours

nom en moi

oulan-bator
guiyang

tendra
toujours…

Vous reprendrez bien encore
un peu d’extrême

une semaine ?

refuser
me laisser avoir
doute
quand...

plutôt
que d’être re pis pus
ma route pique au début
ne peux refuser
cadeaux ! ! !

pleurer seul
en pensant « beau » (?!!!)

turfan - canceled
kunming

Je te…

urumqi/mer d’aral - canceled

loin ma joie
toujours

petit poète solitaire
aime

travers - steppes - mère ?

amen
dansedésert
toi
un doux-amer

ma foi

gobi
lijiang

où ?
à travers
(…prie…)

& 6 mails plus tard,
aura 2 moi ne répond pas (game... over)

iris la chinoise déguisée en française déguisée en chinoise
me demande
« pourquoi ? »

parce que les touristes sont des artistes déguisés en fleurs

bien
sûr
bien
sûr

le problème des autres c’est qu’ils veulent
ils veulent
rien ne veut moi ne veut rien
tout de moi veulent moi reflets de tous en coeur
cassez-moi les…
j’ai eu ma dose de tout
je veux VIVRE

sans liquide dur
parce que
la peur
(la terreur)
« quelle peur ? »
cherche pas : c’est métaphysique

ah… si je parvenais à pleurer tous les matins au lieu de boire une clope & du café…
à parler à la femme que j’aime
je ne veux rien de toi - juste toi pas autre chose
tu es l’aura, tu devrais savoir ça !
(trop de chine en bière)
où est jaisalmer ?
le karnataka ?
au fond, l’histoire se répète (oooooooom…)

tout a commencé aux alentours du 3 septembre 2000
maintenant, je dois passer à autre chose
yes, but...
« maybe… just oooone more time… » (air rabattu)

pleeeeeeeeeeease !

« une femme n’est femme que lorsqu’elle l’est sauvagement »
un poème n’est poème que lorsqu’il l’est sauvagement !

sauvage
en paix
sauvage
en paix
sauvage
(grand
petit)

en paix sauvage

agneau… dragon
telle est ma binoculaire
shao… mi ?
miao mi
miao bientôt
j’étais venu pour ça
pas de désert
mais des collines de volupté brumeuse
loin l’inde, plus près l’âme

enfin, toujours est-il - considérant l’endroit où nous sommes :
je voudrais juste arrêter d’écouter des tubes des années 80
mais pourquoi pas, après tout ?
pour ce que valent les tubes de 2002

1982 « i’m a nasty girl » (vanity)
2002 « i’m a slave4u » (britney)

le féminisme est MORT sur MTV (le christ, aussi)

britney, pétasse multimédia compatible macintosh/windows 95

(à la fois, penser à ça ici...)

depuis oulan-bator, mes racines poussent : elles en ont assez
muni de cure-dents, je récure mes origines
vaudrait pourtant mieux cesser de manger
vite dit !

& pendant ce temps, au mishi mishi :
des hommes & des femmes plient des serviettes en papier
C’est à se demander quelle sorte d’économies ils font ainsi…

lijiang - je dois partir

lijiang - merci

merci (tellement) merci

pour tout

(peut-être le plus beau mois de ma vie)

veille du départ, espoir…

25 octobre 2007

Les morts me parlent

Mon récent article « Ah… la pub ! » a recueilli le commentaire suivant, d’une certaine Valérie Solanas, que je recopie tel quel, fautes comprises :

« arrêtes d'écrire s'il te plait, tu es trop vide, vide, vide pour ça... essais autre chose peut-être... je sais pas... tous ces lieux communs ça sert à quoi ? c'est la première fois que j'envoie un message comme ça, mais là... s'il te plait arrête c'est trop... triste. on vit dans un monde assez creux comme ça... merci... bisoux. »

Bon, j’avoue qu’en première lecture ça me met un petit coup au moral. Il est vrai qu’on ne peut pas recevoir que des éloges mais là, quand même, elle y va fort !

Comme ma détractrice a eu la politesse de signer, je fais une recherche Google et constate avec étonnement que Valérie Solanas fait l’objet d’un article sur Wikipédia. Mon affaire se gâte : non seulement je me fais pourrir, mais en plus par une célébrité ! Me voilà bien ! Je clique donc sur le lien, et là…

« Valerie Jean Solanas, née le 9 avril 1936 à Ventnor City (New Jersey, États-Unis), décédée le 26 avril 1988 à San Francisco (Californie), était une intellectuelle féministe américaine, connue pour son pamphlet SCUM Manifesto. Elle s'illustra également en essayant de tuer l'artiste américain Andy Warhol. »

Nom de Dieu !

Valérie Solanas est morte il y a dix-neuf ans !

Vous imaginez l’effroi ? C’est flippant comme truc ! Qui me dit, après tout, que le fantôme de Valérie Solanas n’est pas en ce moment même dans mon appartement, en train de me maudire ? Et puis, on parle quand même de quelqu’un qui a tenté d’assassiner Andy Warhol ! Le fantôme d’une psychopathe, ça doit être dangereux, non ?

Bon, après un exorcisme en bonne et due forme (on ne sait jamais…), j’ai longuement réfléchi à mon affaire et conclu que tout ça n’était pas si grave.

D’abord, le fait qu’une femme – célèbre de surcroît - revienne d’outre tombe pour poster un commentaire sur mon blog est quand même plutôt flatteur ! Agacer les morts au point qu’ils émergent de l’au-delà, juste pour me dire que j’écris de la merde, c’est pas si mal comme exploit !

Et puis, il faut quand même lire l’article sur Wikipedia : « Le 3 juin 1968, Solanas tira trois coups de pistolet sur Warhol. (…) Solanas avait déposé avec un vaporisateur une couche d'argent sur les balles, car elle considérait Warhol comme un vampire. (…) Elle continua de harceler Warhol et d'autres personnes au téléphone. (…) Solanas sombra alors dans l'anonymat, fit plusieurs séjours dans des hôpitaux psychiatriques. »

Valérie Solanas est une malade mentale avérée, son esprit est tordu ! Ses opinions - littéraires ou autres - n’ont donc aucune valeur objective !

Ouf ! Me voilà rassuré !

Je suis donc tenté, à présent, de me remettre à la musique : ce serait assez cool que le fantôme de Jimi Hendrix vienne me passer une branlée sur mon Myspace !

24 octobre 2007

Branchouille



Un artiste me donne sa carte de visite et me réclame la mienne.
MOI : Ah, ben j’ai pas de carte…
LUI (étonné) : Ah bon ? Mais comment ça se fait ?
MOI (spontané) : Oh, tu sais, pour moi c’est fini la branchouille…
LUI (effaré) : Ah bon ? Mais alors qu’est-ce que tu fais ?

Cette conversation à la fois navrante, hilarante et lourde de signification, a eu lieu la semaine dernière au cours d’un vernissage, à Lyon, et m’a inspiré ce court texte, que j’aurais pu écrire il y a quelques années (période 1997-2002). Petit moment de nostalgie, donc :

Qu’est-ce que je fais ? Bonne question. Je m’épuise à rester ici quand je voudrais être ailleurs. Pourquoi je m’inflige ça, déjà ? Courir à droite à gauche, de réunions de travail en soirées, de répétitions en vernissages, de rendez-vous en rendez-vous, been there done that… Tout ça pour atterrir chez moi épuisé, survolté et souvent ivre, obligé de mettre de la musique indienne pour m’apaiser avant de dormir et le lendemain c’est reparti.

Qu’est-ce que je fais ? Je m’agite. Je voudrais écrire, au fond de moi je rêve de vivre au bord de la mer et d’écrire chaque jour. Écrire, je n’y parviens pas – ou si peu - car j’ai trop soif de vivre ! Je suis trop jeune pour écrire ! Avant d’écrire, j’ai besoin de réel, de me gaver de réel jusque au jour où je serai rempli au point de tout dégobiller, gerber la vie sur des feuilles de papier recyclé !

Je parle de réel mais où est le réel dans cette vie mondaine, chimique, strass et paillettes, être à la bourre, enchaîner les paroles, passer pour ce que je ne suis pas et séduire des filles aux yeux verts ? Est-ce vraiment ça, le réel, ou est-ce Björk qui a raison : « there’s more to life than this » ? Quoi d’autre ? Bosser dans un bureau ? Faire du sport ? Élever des enfants ? Méditer dans un monastère bouddhiste et boire de l’eau ? Ce réel-là je n’en ai aucune idée. Le seul réel que je connaisse est une ivresse, une addiction ! Si j’arrête – il faut que j’arrête ! -, je n’ai aucune idée de ce que je ferai ensuite, j’ai peur de devenir fou, loin de cette agitation qui est aussi une forme de créativité collective ! Je n’ose pas m’arrêter par peur du vide, par peur de découvrir que tout ça n’est qu’un cache misère, par peur d’être juste un être humain sans agenda ni carte de visite…

11 octobre 2007

Lire aux cabinets

Dans son essai Lire aux cabinets, l’écrivain américain Henry Miller explique en quoi il considère le fait de lire aux cabinets comme un signe malheureux de notre incapacité à être « là nous sommes », ainsi que de notre besoin d’être « divertis » en permanence. De son point de vue, somme toute très bouddhiste, tout acte mérite d’être accompli avec intégrité et il est dommage de « fuir » celui-ci par la lecture.

Ce qu’il ne dit pas - et je me permets ici de le déplorer - c’est ce qu’il pense du fait de déféquer dans les librairies et les bibliothèques.
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