24 octobre 2007

Branchouille



Un artiste me donne sa carte de visite et me réclame la mienne.
MOI : Ah, ben j’ai pas de carte…
LUI (étonné) : Ah bon ? Mais comment ça se fait ?
MOI (spontané) : Oh, tu sais, pour moi c’est fini la branchouille…
LUI (effaré) : Ah bon ? Mais alors qu’est-ce que tu fais ?

Cette conversation à la fois navrante, hilarante et lourde de signification, a eu lieu la semaine dernière au cours d’un vernissage, à Lyon, et m’a inspiré ce court texte, que j’aurais pu écrire il y a quelques années (période 1997-2002). Petit moment de nostalgie, donc :

Qu’est-ce que je fais ? Bonne question. Je m’épuise à rester ici quand je voudrais être ailleurs. Pourquoi je m’inflige ça, déjà ? Courir à droite à gauche, de réunions de travail en soirées, de répétitions en vernissages, de rendez-vous en rendez-vous, been there done that… Tout ça pour atterrir chez moi épuisé, survolté et souvent ivre, obligé de mettre de la musique indienne pour m’apaiser avant de dormir et le lendemain c’est reparti.

Qu’est-ce que je fais ? Je m’agite. Je voudrais écrire, au fond de moi je rêve de vivre au bord de la mer et d’écrire chaque jour. Écrire, je n’y parviens pas – ou si peu - car j’ai trop soif de vivre ! Je suis trop jeune pour écrire ! Avant d’écrire, j’ai besoin de réel, de me gaver de réel jusque au jour où je serai rempli au point de tout dégobiller, gerber la vie sur des feuilles de papier recyclé !

Je parle de réel mais où est le réel dans cette vie mondaine, chimique, strass et paillettes, être à la bourre, enchaîner les paroles, passer pour ce que je ne suis pas et séduire des filles aux yeux verts ? Est-ce vraiment ça, le réel, ou est-ce Björk qui a raison : « there’s more to life than this » ? Quoi d’autre ? Bosser dans un bureau ? Faire du sport ? Élever des enfants ? Méditer dans un monastère bouddhiste et boire de l’eau ? Ce réel-là je n’en ai aucune idée. Le seul réel que je connaisse est une ivresse, une addiction ! Si j’arrête – il faut que j’arrête ! -, je n’ai aucune idée de ce que je ferai ensuite, j’ai peur de devenir fou, loin de cette agitation qui est aussi une forme de créativité collective ! Je n’ose pas m’arrêter par peur du vide, par peur de découvrir que tout ça n’est qu’un cache misère, par peur d’être juste un être humain sans agenda ni carte de visite…

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Tristounet ce flash-back. C'est vrai qu'il est parfois difficile de se motiver tout seul. Pour ma part je n'ai réussi à avancer concrètement que grâce à la présence et au soutien de personnes qui me sont chères et qui m'ont ramené à l'Essentiel.

Les 'autres', dans un rapport sincère, peuvent nous aider à surmonter nos peurs...

Par chance cela s'est fait assez tôt pour moi, et maintenant je ne supporte plus de PERDRE mon temps.

Au fait, il y a aussi une chanson (duo de Freddie Mercury et Michael Jackson qui n'est jamais sorti (dommage)) qui s'intitule "There must be more to life than this".

Clairikine a dit…

Motto: Ne plus hésiter à suivre ses envies [créatrices s'entend].

Bonjour au pays du soleil constant!

hu=man a dit…

:'(

Valérie Matillat a dit…

J'aime bien ton texte...
"Le plus grand ennui c'est d'exister sans vivre"
(citation facile et branchouille !)

Nouchka Thomas a dit…

Bjork :1 point :)

Yopito a dit…

A porn star is born; clique sur le lien et épate ton banquier.

Aude Sapere a dit…

<3

Mandy Rukwa a dit…

C'est parfait et tu as fait le bon choix Shaomi, continue..... <3

Mandy Rukwa a dit…

ps: je n'ai pas de carte de visite non plus....

DERNIER ENDORMI a dit…

Tout ce que j'évite. Ma vie est entre mes quatre murs où il y a tout pour créer. C'est un petit univers, à ma taille.

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