24 novembre 2013

Les femmes viennent de vénus

« Ils sont entrés dans le jeu. Il l'exaspère en ne comprenant pas. Elle l'exaspère en faisant comme s'il devait comprendre. Il attend d'elle qu'elle se satisfasse de ce qu'ils sont en train de vivre. Elle attend de lui qu'il se saisisse d'un sentiment d'urgence face à son insatisfaction. Elle sous-entend que quelque chose ne va pas. Il se justifie en lui renvoyant la balle. Et comme rien ne se passe, elle bât en retraite pour ne pas devenir agressive. La scène a été répétée des centaines de fois. Chacun connaît son rôle par cœur. »

Extrait de L'ami imaginaire, roman en cours de finalisation.

22 novembre 2013

Dieu n'a pas d'ego

Toutes les religions enseignent la nécessité pour le croyant de se libérer de son ego et des pulsions qu'il commande. Du côté des religions abrahamiques il est beaucoup question d'humilité face à la magnificence du divin, dans les religions orientales il est davantage question de se libérer de la trivialité des souffrances humaines. Ces deux approches ne sont d'ailleurs pas mutuellement exclusives mais simplement davantage mises en avant d'un côté ou de l'autre.

Par ailleurs, il est souvent question – essentiellement dans les religions abrahamiques - de mettre Dieu en colère en lui manquant de respect. Je me suis toujours interrogé sur la pertinence de la notion de « blasphème », sur notre capacité de mettre Dieu « en colère » et donc, sur la nécessité de le « craindre ». Je sais qu'un grand nombre de mes lecteurs sont athées alors commençons par mettre cette discussion sur un plan purement théorique. Accordons-nous ensuite sur une définition de Dieu tel que le conçoivent les religions abrahamiques : un être parfait vers lequel chacun doit tendre, un être suprême, créateur, immuable, omniscient et omnipotent. Un être qui transcende, en somme, toutes les imperfections de la condition humaine. Un être, en fait, totalement inimaginable étant donné qu'il est relativement impossible de se figurer ce que pourrait être un être qui réponde aux critères susnommés.

De notre côté, nous sommes des créatures imparfaites, soumises aux indignités corporelles et spirituelles de notre condition animale, en lutte permanente avec nos pulsions, nos envies, nos instincts, nos peurs, nos déceptions, nos tristesses et nos colères.

Vous me voyez déjà venir, je pense ^^

Lors de mon dernier passage à Lyon, je discutais un soir avec un ami musulman et je lui faisait part de la relation « intime » que j'entretiens avec Dieu, à savoir que nous avons à l'occasion de grandes conversations et que je ne me prive pas de l'insulter copieusement, de l'engueuler allègrement et de négocier avec lui lorsque j'estime qu'il dépasse les bornes. Il n'y a qu'un pas entre la foi et la psychanalyse et je ne m'étalerai sur la question de savoir, de Dieu ou de mon inconscient, avec qui je dialogue dans ces cas-là. Disons que si l'inconscient représente ou du moins contient la part de divin qui sommeille en chacun de nous, il n'est pas nécessairement nécessaire de trancher. J'ajouterai que ce n'est pas parce que l'on insulte Dieu de temps à autre qu'on ne lui voue pas une réelle affection. C'est juste que des fois, il faut bien le reconnaître, la vie nous pousse dans nos retranchements. Toujours est-il que mon ami s'exclama qu'il n'oserait jamais s'adresser à Dieu de cette façon-là, parce qu'il craint trop son courroux. Ma grand-mère, bonne chrétienne, partageait cette conviction : je l'ai parfois faite bondir au plafond lorsque j'étais enfant et que, las de ma mère alcoolique, de mon père adultère et de l'existence infernale qu'ils me menaient, je traitais un Dieu auquel je ne croyais alors pas du tout de tous les noms. La pauvre femme ne savait plus ou se mettre et c'est à peine si elle ne regardait pas en l'air pour s'assurer que la foudre n'allait pas s'abattre sur nous.

Sauf que... Dieu est parfait, non ?

Et la colère, c'est une faiblesse humaine contre laquelle les hommes, cherchant à se rapprocher de Dieu, ont le devoir de lutter, non ?

Donc finalement, Dieu ne peut pas se mettre en colère, si ?

Je n'irai même pas jusqu'à demander comment il est possible qu'un être immatériel puisse éprouver des émotions humaines alors que nos émotions sont en fait conditionnées par les réactions chimiques de notre cerveau, parce qu'après tout si l'on admet l'existence d'une âme humaine pré et/ou postexistente au corps, on admet qu'il existe une forme de conscience en dehors de la chair et de la chimie, mais enfin tout de même : essayez deux secondes de vous imaginer un être parfait, baignant dans la lumière suprême et immuable de son amour, de sa sagesse et de son omniscience... se mettre en colère ! Genre un mec sur terre balance « Dieu t'es trop un sale con » et là Dieu il prend la mouche et il pense « le mec il me manque de respect, je vais le niquer ! ». C'est grotesque ! Pour se mettre en colère à cause d'une insulte, il faut une blessure de l'orgueil, donc de l'ego. Pour avoir un ego, il faut être imparfait.

Soyons sérieux. Ce n'est pas l'ego de Dieu qui est ici en jeu, c'est l'ego du croyant, ce même ego qu'il doit vaincre pour se rapprocher de Dieu. Ce n'est pas Dieu qui se met en colère et condamne le blasphémateur, c'est le croyant qui pèche par orgueil et prétend juger son semblable à la place de Dieu. En fait, affirmer et croire que Dieu est sensible aux outrages et susceptible de se mettre en colère, c'est précisément le pire des blasphèmes ! C'est réduire Dieu à la bassesse et à la petitesse de nos petites vexations, c'est affirmer que Dieu est juste un type comme toi et moi qui prend la mouche lorsqu'on lui manque de considération. C'est en somme nier absolument la perfection de Dieu et cela, il me semble que la Bible comme le Coran l'interdisent.

Alors si l'on décide de croire en Dieu, allons plutôt vers une relation libérée de tout tabou et de toute formule de politesse à son égard. Si Dieu vous fiche les boules, de toute manière il le saura puisqu'il sait tout, non ? Alors mieux vaut s'engueuler avec lui une bonne fois de temps en temps si l'on en éprouve le besoin, ça fera de mal à personne, va. La relation du croyant au divin, j'en ai la conviction profonde, ne peut être qu'une relation interpersonnelle, un échange, un dialogue constant. Chercher à se rapprocher de Dieu c'est d'abord chercher à comprendre quelles sont les potentialités de l'être humain sous l'éclairage du divin. Même si l'on décide de se raccrocher à une tradition religieuse, la foi reste une chose très intime et la communauté religieuse ne peut intercéder en permanence. Il appartient donc à chaque croyant de dialoguer avec le divin, de questionner le divin, de chercher la lumière du divin en lui-même. C'est alors – et seulement alors - qu'il parviendra peut-être, un jour, à s'abandonner totalement à la volonté du divin, ce qui en revient en fait à accepter le réel tel qu'il est (mais ce serait le sujet d'un autre article). Et ma foi s'il faut en passer par quelques explications et quelques engueulades, amen !

Dieu ne se mettra pas en colère parce que contrairement à nous, Dieu n'a pas d'ego. 

17 novembre 2013

Les bébés c'est pas des poupées


« – Je sais pas. Ça n'a jamais été une priorité pour moi d'être mère. Je te dis pas que j'en ai pas eu envie des fois, mais bon… Le truc c'est qu'un jour j'ai réalisé que mes envies d'avoir un bébé ça ne tenait pas debout. On n'a pas un bébé, on a un enfant.
– Heu… Je te suis pas, là.
– Je m'en suis pas rendu compte par moi-même, je m'en suis rendu compte en voyant faire mes copines. Elles étaient un paquet à être gâteuses comme moi, dès qu'un nouveau-né leur passait sous le nez, à s'extasier en répétant qu'elles avaient tellement envie d'avoir un bébé, un joli bébé, leur bébé à elle…
– Et puis…?
– Et puis elles les ont eus. Elles les ont eus avec leurs mecs, ou en solo. La plupart de celles qui étaient en couples se sont séparées dans l'année, les autres ont du affronter ça toutes seules dès le début. Dans tous les cas, il n'était plus question de jolis bébés. Il était question de nuits blanches, de ne plus supporter les hurlements du petit, d'avoir les tétons écorchés à force de tétées, de ne plus avoir de vie sociale, de ne plus être invitées nulle part, de pleurer toutes seules le soir pendant que leurs ex faisaient la fête et sautaient des minettes de vingt ans… Là, j'ai pigé qu'un bébé ça n'est pas juste un mignon poupon qu'on lange, qu'on câline et à qui on chante des chansons. J'ai pigé que c'est un paquet de contraintes et de responsabilités, de sacrifices aussi. Et j'ai compris que toutes mes copines qui déchantaient, elles tombaient des nues parce tout que ce qu'elles voulaient, c'était retrouver leurs jeux d'enfants avec les poupées alors que justement, enfanter c'est le contraire : c'est l'obligation de devenir adulte. » 

Extrait de L'ami imaginaire, roman en cours de finalisation.

8 novembre 2013

Ça plane pour moi moi moi moi moi

Hier, je publiais un échange de mail avec les éditions Ankama (je voulais pas faire de name dropping mais bon allez on s'en fout, de toute façon mes lecteurs habitués savaient de qui il s'agissait - par contre pour ceux qui sont sous valium, allez juste lire l'article d'hier, ça vous posera le contexte en quelques lignes).

C'était une sorte de petit cadeau du destin, ce mail qu'ils m'ont adressé par erreur trois ans et demi plus tard, avec les adresses de tout leur staff en CC, parce qu'à l'époque j'avais ravalé mon orgueil et fermé ma gueule. Par souci de dignité, sans doute. Pourtant, non content de nous l'avoir fait à l'envers du début à la fin, le directeur artistique d'Ankama nous avait giclés par mail, et encore un mail très méprisant, ce qui n'est pas tout à fait la même chose que de prendre son téléphone et d'y mettre les formes. 

Je préciserai par honnêteté que oui, il y avait des problèmes avec mon scénario et les planches. Sauf qu'un éditeur il est justement là pour te sortir la tête du guidon et te dire ce qui ne fonctionne pas a priori, pas pour se branler pendant sept mois et ensuite te virer a posteriori parce qu'il n'aime finalement pas ton travail. Sauf qu'un éditeur il lit le scénario avant de te laisser dessiner les planches, au lieu de te demander de modifier le scénario après que les planches aient été dessinées (ce qui oblige à refaire les planches). Sauf qu'un éditeur il ne t'engueule pas à propos d'une scène parce qu'un truc n'est pas expliqué alors qu'il est expliqué sur la page d'après, sauf que comme elle n'est pas encore dessinée et qu'il n'a pas lu le scénario il n'en sait rien. Sauf qu'un éditeur il ne te dit pas « Oh et à propos il faut que tu traduises mes commentaires en anglais pour le dessinateur et le coloriste parce que moi j'ai pas le temps de leur envoyer des mails ». Sauf qu'un éditeur ne touche pas un salaire d'éditeur pour bosser en fait sur sa BD (pour laquelle il touche un autre salaire), de sorte qu'un jour - après des mois de galères - son assistant t'annonce tout content « Non mais là ça va aller mieux, parce qu'il a décidé de consacrer un jour par semaine au suivi des projets ». 

On me dira ce qu'on veut sur mon scénario, les dessins de German Ponce et les couleurs de German Nobile, nous au moins on a fait notre part du taf ! L'assistant susmentionné aussi, d'ailleurs, a bossé admirablement contre vents et marées.

Je préciserai aussi comme ça en passant qu'on parle du même éditeur qui, dans une interview de 2008, disait : « Maliki, qui voulait sortir son album chez un éditeur pas très recommandable...(rires) ... qui le faisait poireauter, tu vois, c’est horrible de faire cela, signer un projet, et finalement, dire, "ben non, on ne le sort pas". ». 

Ouais, je confirme : c'est horrible, et les éditeurs qui le font ne sont pas très recommandables.

Mais honnêtement, je lui en veux même plus, à ce mec. C'est de l'histoire ancienne, j'ai fini par m'en remettre et même si il n'a pas été réglo sur ce coup-là, ce n'est sans doute pas un mauvais bougre au fond. Tout le monde déconne, des fois, ça arrive aux meilleurs et je lui souhaite sincèrement les meilleures choses voilà c'est dit. Pour autant, puisqu'il me tombait du ciel une occasion de le vanner devant 135 employés et artistes d'Ankama, je n'allais pas non plus m'en priver hi hi.

Et puis ce matin, outre quelques mails de félicitations de la part de quelques auteurs employés ou anciennement employés par Ankama (que j'ai reproduits en commentaires), j'ai aussi reçu un mail ahurissant de ce monsieur, qui m'a arraché un vrai bon gros fou rire :

« Salut Shaomi,
Effectivement ce mail n’aurait pas dû t’être adressé.
Pour ce qui est de ta réponse, j’aimerai savoir de qui tu parles, qui te suivait, qui t’as signé, et de quel projet il s’agissait alors.
Merci de me répondre. »

Hé, Run, gros bouffon, arrête la came ! C'est toi qui m'a signé, c'est toi qui m'a suivi, c'est toi qui m'a viré, c'est de toi que je parle !

J'y répondrai pas à ton mail, je te réponds ici à la place.

(Mais je suis content parce que cette sombre affaire, qui avait si merveilleusement commencé en 2009 puis qui m'avait rendu si malheureux en 2010, se termine finalement par une bonne partie de rigolade et ça, c'est cool :p)

7 novembre 2013

Parce que c'était trop tentant :P

Le Jeudi 7 novembre 2013 21h21, XXX a écrit [à 135 destinataires] :

Bonjours à tous,

Ce mail concerne les auteurs en dédicaces sur les salons [des éditions XXX]. 

La direction a pris la décision de ne plus avancer ni prendre en charge les frais de restauration et de transport de vos conjoint(e)s. Si vous voulez voyager ensemble vous pouvez prendre les billets de transport et [les éditions XXX] vous remboursera le vôtre une fois votre fiche de frais retournée. 
En ce qui concerne l’hébergement il peut être pris en charge pour vous et votre conjoint(e).

Merci de votre compréhension.
Bonne journée à tous !

XXX
Chargée de Dédicaces chez [les éditions XXX]

***

Le Jeudi 7 novembre 2013 21h25, Shaomi a écrit [à l'expéditeur et aux 135 destinataires] :

C'est très gentil de votre part, mais vu que vous m'avez viré comme un malpropre en 2010, du fait que votre directeur artistique était trop occupé à réaliser sa propre BD pour faire le travail pour lequel il touchait son salaire et nous a laissé bosser pendant sept mois pour finalement découvrir avec stupeur qu'il n'aimait pas les 40 planches que nous avions déjà réalisées, alors que son assistant le suppliait depuis des mois de suivre les projets éditoriaux en cours, je trouve d'assez mauvais goût que vous continuiez à m'adresser des emails concernant des salons auxquels moi-même, mon dessinateur et mon coloriste n'aurons jamais la chance de participer et auxquels nous ne sommes d'ailleurs absolument pas les bienvenus.

Je vous serais donc reconnaissant de ne plus m'adresser d'emails, sauf bien entendu s'il s'agit de me régler finalement les 450€ qui me restent dus depuis trois ans et auxquels j'ai alors eu la grâce de renoncer.

Merci de votre compréhension,

Cordialement,

Shaomi.
http://shaomix.blogspot.com

5 novembre 2013

Jour & nuit (Shaomix)


au centre du centre (chants nuptiaux, bien d'aurore)
chorégraphie des dorures de l'automne
amoncellements chromatiques & résonances
mercure liquide en totem (l'or est leurre)

jour & nuit / nos sens / de septembre en septembre
s'assimilent en chairs détricotées (en lignes emmêlées)
dans les stases de nos résurrections outrancières
tes frémissements         m'accordent         au monde

depuis le jour où mes pas de chat
m'ont dansé jusqu'à humer les traces
de tes innocentes guerres de troie
j'ai pris le chemin de traverse (& je t'ai traversée)

aux rythme des heures translucides & des oliviers
je jouis de tes épées transversales (tu me glisses en faveurs provençales)
au gré de tes providences / le vaudou de tes cadences / enveloppé
le canapé
                 se fait
                             canopée

nous vivrons nos envols en boucle
& autant de pujas sur ton épiderme (épice)
nous infligerons l'infinitude à l'usure de leurs habitudes (nous nous jetterons à la face du monde)
nous confondrons les lignes droites
& notre vie sera le vrai livre


Texte original de Pascal Guilbert.
Remixé par Shaomi.

2 novembre 2013

Derrière le mur (Shaomix)













derrière le mur
il y a des sauveurs conjugués
mon sauveur / ton sauveur / notre sauveur
« télécharge ton sauveur personnalisé pour 7 €uros 77 ! »*
(*offre soumise à soumission)
héros sur papier, idoles sur t-shirts
esclaves des ismes impérieux
petites marionnettes dociles
de la loi / de la foi / de la nation / de la passion
(du nafs & de la caméra)
sous le tapis les philosophes

{interlude musical instrumental – la la la ♫}

des explosions / des gerbes de feu / tout le monde meurt un jour mais ce soir tout le monde mourra avant l'aube & les organes sécheront sur le pavé
la guerre n'est plus la guerre
la guerre est sur youtube
une mélodie
les cris terribles des camés qui s'arrachent l'estomac parce que c'est plus pratique (parce que ça fait vendre)
le culte / écartelé / travesti / au diable la raison
la poésie rêveuse marche seule
au brasier les métaphores !
à terre le grand théâtre !
on ne sait trop le quoi du quiproquo du quant-à-soi du quand va la cruche à l'eau quand est-ce qu'elle casse ?
la tendresse a pris ses bagages & sa fille
elle n'est pas partie parce qu'elle n'a jamais été là
elle nous attendait au tournant mais nous ne l'avons jamais pris
elle n'a laissé qu'une lettre :
m
les cris partout, la terre déserte & nos traces de pas confondues en un seul
flou
des excuses, des prières, des regrets, la nostalgie de ce qui n'a jamais été là
nous pleurons la perte de ce que nous n'avons jamais eu
c'est juste une idyllique excuse pour ne pas enfanter l'avenir

{interlude publicitaire – tralala la la ♫}

derrière le mur
derrière le mur
derrière le mur
plus de cris juste un révolutionnaire de pacotille
plus de cris juste un vieux parolier dépouillé de son verbe
plus de cris juste un innocent qui mange sa famille (un bon père de famille)
plus de cris juste une lumière infectieuse qui brûle les chairs au nom de l'amour
plus de cris juste des consciences émerveillées par le brillant des chaînes qu'elles s'enroulent autour du cou
plus de cris juste le gémissement rassasié d'un ogre

{interruption momentanée des programmes #1 : la guerre – bam bam ♫}

derrière le mur,
est-ce le début ? – non !
est-ce la fin ? – non !
est-ce que c'est trop tard ? – non !
il n'y a que le filtre de la pensée sur le réel

derrière le mur
nos esprits nient la neutralité du monde & se tortillent en vain
derrière le mur
nos peaux se touchent inutilement & nous ne parlerons jamais

{interruption momentanée des programmes #2 : le tsunami – patatrac ♫}

& lorsqu'un homme se lève & parle à l'endroit
la foule s'exclame :
« MONSTRE ! MONSTRE ! MONSTRE ! »
l'enfer n'est pas devant nous
l'enfer n'est pas sous nos pieds
l'enfer n'est pas les autres
l'enfer est un petit jardin secret
l'enfer est mon petit jardin secret
l'enfer est ton petit jardin secret
cultivé avec soin
cultivé avec soin
cultivé avec soin
un désastre (filmé) / des explosions (filmées) / des hurlements (enregistrés) / du sang (collecté pour plus tard)
& le silence pour seul témoin


Texte original de Khalid El Morabethi.
Remixé par Shaomi.
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