27 mars 2010

Étanchéité
























étanchéité des conséquences
cartographie perturbée
par des volontés biaisées

appropriation des idéaux
par d’inconséquentes apologies
excuses formatées

étanchéités des corps consumés
livrés aux ivresses
consuméristes

pornographies en lieu & place
d’un dénuement réel
des êtres

étanchéités de la foi
dieu x 2 = 4
aberrations théologiques

promesses de paradis ensanglantés
dégoulinants de déni
larmes divines

étanchéités économiques
morphosyntaxes névrotiques
de riches

crises existentielles en toile de fond
de la faim
diversité des détresses

étanchéité des mots
je dis blanc & tout le monde se vautre
dans le bleu

inégalité des antériorités
infantilismes barbares
des réincarnations juvéniles

étanchéité des douleurs
indifférence chirurgicale
ordination placée du beau

euthanasie du karma
indifférence de l’ordre
serments d’hypocondriaques

étanchéité des drogues
pertes de repères livrées à elles-mêmes
purification des codes

flaques de vomi
innocences violées
puritanisme enflammé

étanchéité des voix
solitude collectivisée
urine dans le bain commun

dyslexie des volontés
baba-cools surdiplômés
prêtres pourpres ignorés

étanchéité des guitares
sans machines pour rythmer
leurs alchimies

préconçus triomphants
génération spontanée
de clones en robes noires

étanchéité des eaux
fœtus incapables de se reconnaître
entre œufs

aveuglement de ceux qui se croisent
sans savoir
qui ils sont

étanchéité des simplicités
étouffement des sages
par peur du meurtre

dépassement de soi condamné
empathie décriée
crimes imaginaires

étanchéité des fatigues syndicales
bicyclettes crashées dans les murs
travailleurs aveuglés

illusions délictorales
impossibilités répétitives
utopies séduisantes

étanchéité des hurlements
entre les immeubles marchent des aveugles
qui font semblant d’être sourds

téléchargement des principes
de révolutions virtuelles
sourire de bouddha

étanchéité du crescendo
jusqu’au chaos fait norme
jusqu’au trop quotidien

triste constat :
dans la mort enfin se dévoile
le silence ou l’errance

22 mars 2010

Obsession

Un monument de non-sens dont je ne parviens pas à me lasser... Accrochez-vous à vos lunettes parce que ça envoie du steak !!! (Et la musique est cool aussi !!!)


Animotion, Obsession, 1984.

19 mars 2010

Du « dérapage » d'Eric Zemmour et de l'identité nationale


Le récent « dérapage » d’Eric Zemmour à propos du fait que les contrôles de police aléatoires visent prioritairement les « Noirs » et les « Arabes » (je cite : « la plupart des trafiquants sont Noirs et Arabes… c’est un fait ») provoque le scandale et j’ai le sentiment qu’une fois de plus, tout le monde passe à côté du vrai problème. Soit dit en passant, je ne trouve pas les propos de Zemmour si choquants que cela, parce que dire que tous les chiens ont quatre pattes ne revient pas à dire que tout ce qui a quatre pattes est un chien. Autrement dit, il ne faudrait pas faire dire à Zemmour ce qu'il n'a pas dit (à savoir que tous les Noirs et tous les Arabes seraient des trafiquants). Pour autant, je reconnais qu'il n'a pas fait preuve d'une grande finesse en tenant de tels propos à la télévision.

On peut néanmoins reconnaître à M. Zemmour une honnêteté dont n’avait pas su faire preuve Nicolas Sarkozy, il y a quelques années. Alors ministre de l’intérieur et n’en étant déjà plus à un mensonge près, Sarkozy avait soutenu mordicus (face à Fogiel, je crois) que « Non non non, bien sûr que non, les personnes issues de l’immigration ne subissent pas davantage de contrôles aléatoires que les autres citoyens, comment pouvez-vous insinuer que notre belle police bla bla bla… ».

Mais il y a une vraie question qu’il faudrait peut-être se poser. Dès lors que l’on admet l’existence de cette discrimination, quels sont ses effets directs et indirects sur la tranche de population concernée. On nous rabâche que les jeunes issus de l’immigration ne « respectent pas les valeurs de la République » mais enfin de quelles valeurs parle-t-on ? Les valeurs d’un état policier où le fait d’être basané justifie des contrôles d’identité, des fouilles au corps, des intimidations, des insultes parfois ? C’est ça, les « valeurs » de la France ?!

Alors je vois déjà certains lecteurs s’insurger : « Mais enfin de quoi parle-t-il ? Demander sa carte d’identité à quelqu’un n’est ni une agression ni une intimidation ! Les policiers de ce pays ne sont pas des brutes ! Tout ça s’effectue dans la plus grande courtoisie ! ».

Alors attendez les gars, on ne me la fera pas à moi. Les contrôles d’identité, les fouilles en règles, j’y ai eu droit plus souvent qu’à mon tour, entre dix-huit et vingt-cinq ans. Ben oui, il y n’y a pas que les Noirs et les Arabes qui sont dans le collimateur des forces de l’ordre : il y a aussi les d’jeun’s. Maintenant que je suis trentenaire et bobo, on me fiche une paix royale. Mais à l’époque où j’avais un look un peu babacool, c’était une autre affaire ! Parce qu’il faut voir comment ils se déroulent, les contrôles en question : dans deux cas sur trois, je me suis retrouvé insulté, humilié, intimidé, parfois menacé par des fous en uniformes, dont l’objectif était clairement de provoquer l’infraction qu’ils cherchaient vainement dans mes poches, à savoir l’outrage à agent. Je me souviens très bien du sentiment d’humiliation et d’injustice que provoquaient en moi ces agressions récurrentes : j’étais suspect, j’étais présumé coupable jusqu’à preuve de mon innocence, j’étais juste bon à me faire traiter comme une merde sans raison valable. Ils s’y sont d’ailleurs tant et si bien pris qu’ils ont fini par l’avoir, leur outrage (une plaisanterie qui me coûta, en 1999, quatorze heures de garde à vue, trois-mille francs d’amende et autant de frais d’avocat !).

Je me souviens encore du juge scandalisé « par le comportement de ces jeunes qui empêchent la police de faire son travail ». Quel travail ? La police nationale n’avait-elle donc rien de mieux à faire que de m’arrêter, me faire les poches et me traiter comme un délinquant avéré juste parce que je marchais dans la rue ? Je finissais par changer de trottoir à la vue d’un groupe de policiers, en ressentant les mêmes craintes que face à un groupe de « racailles » ! Certes, j’ai également été confronté à des fonctionnaires de police beaucoup plus sympathiques (si, si, il y en a aussi de très gentils), mais c’était l’exception davantage que la règle.

Alors puisqu’on nous parle d’identité nationale, j’estime raisonnable de se poser la question : si le jeune caucasien, issu d’une famille bourge, que je suis a pu développer une peur instinctive et une « haine » du gendarme, que peuvent donc ressentir les jeunes issus de l’immigration ? Quel sentiment d’appartenance à la France peut avoir un jeune Maghrébin ou un jeune Noir qui, à vingt ans, a déjà fait l’objet de dizaines de contrôles de police, effectués avec une agressivité avérée ? N’entretient-on pas chez eux le sentiment d’un « nous contre eux » ? Ne les pousse-t-on pas insidieusement au rejet de ces institutions qu’on leur demande par ailleurs de respecter ?

J’irai même plus loin : dans quel pays vivons-nous, que la police a le droit d’arrêter n’importe qui au hasard, de l’interrompre dans sa journée et de lui vider les poches en se montrant désagréable ? Est-ce digne d’une démocratie moderne ? Est-il légitime qu’un citoyen du « pays des droits de l’homme » puisse être ainsi intimidé s’il n’a commis aucun délit au préalable ? Dans un contexte d’insécurité galopante, alors qu’une génération entière de gamins est livrée à elle-même et décérébrée par les « valeurs » que lui enseignent TF1 et M6 (en gros : « fais un max de fric et baise tout ce que tu peux, voilà la clé du bonheur ! »), la police n’a-t-elle pas mieux à faire que de farfouiller dans les poches des passants et de se comporter comme les voyous qu’elle est censée poursuivre ? N’y a-t-il donc en France aucune agression, aucun viol, aucun vol, aucun crime qui ne soit résolu, pour que nos policiers soient à ce point désœuvrés ? Parce qu’il faut les voir errer « en bande » à la recherche d’une « proie », tout cela aux frais du contribuable ! On se demande vraiment dans quel pays on vit ! 

Alors voilà la question que j’ai envie de poser à M. Besson à propos de l’identité nationale : quel impact ces contrôles d’identité peuvent-ils avoir sur le « sentiment d’appartenance à la République » ?

Et voilà ma réponse : le pire, le plus déplorable. Celui-là même qui entretient un sentiment de « non-identité nationale » et de « loi du plus fort » ! C'est un encouragement à la violence et à la délinquance, ainsi qu'au mépris des institutions. 

Et cela, j’en suis absolument convaincu.

14 mars 2010

Le dimanche après-midi pourri de Shaomi


Par un dimanche après-midi d'ennui

Je me promenais dans une campagne étrange

Lorsque j'ai rencontré un gros lézard

Qui n'aimait pas mon beau pull jaune
Comme je le contemplais d'un regard effaré
On s'est battu et jeté quelques cailloux
Puis, totalement déprimé par cet incident
Je suis rentré chez moi regarder la télé


(Merci à Severine Rouy d'avoir immortalisé en images cet épisode pathétique de mon existence...)

11 mars 2010

Elle est même dans mon funk

Petite chansonnette sans prétention, écrite un soir de février 2001 sur les bords du lac de Pushkar (Inde), et considérée un temps pour les Fragments nocturnes. La même muse inspira aussi Elle me brule les neurones, Trip et Mon nom n'est pas Tantale.

ELLE EST MÊME DANS MON FUNK

lorsque mon regard se perd
sur l'ombre d'un lac sacré
lorsque ma colère s'échoue
contre le bon sens & la vérité
lorsque je succombe aux étoiles
& les supplie tout bas de m'étreindre
elle est dans ma tête
elle est dans ma peau
elle est dans ma voix
elle est même dans mon funk

lorsque ma chanson prend la couleur de l'air
& que mon air se fait un peu trop rare
lorsque j'atteins des sommets de lucidité
& câline mon ego sur un doux canapé
lorsque mes abysses se plissent
au son de son cru murmure
elle est dans mon sang
elle est dans mon ventre
elle est dans mes yeux
elle est même dans mon funk

lorsque je mue ma muse en drogue
fais de sa peau ma partition
lorsque je fuis dans le sens du vent
en attendant qu'enfin il me traverse
lorsque je torture mon âme
pour la laver de tout soupçon
elle est dans mes tripes
elle est dans ma main
elle est dans mon karma
elle est même dans mon funk

elle est là dès l'aube
dans mes rêves matinaux

elle est là à midi
son visage se dessine dans mon assiette

elle est là quand je cours partout
qui me rassure & m'apaise

elle est là lorsque je m'assoupis
ses bras sont la matrice

elle est dans ma télé
elle est dans ma radio
elle est dans mes bouquins
même dans les magazines

elle est dans l'ascenseur
elle est dans le métro
elle est sous le bitume & au-delà des cieux
elle est autour de, avec, & en moi

elle est même…
elle est même…
elle est même dans mon funk

10 mars 2010

... (40)

la compétition est le gouffre
des galeries civilisées
l’ego qui ne peut s'en écarter
doit s'enivrer de trophées jusqu'à
les vomir tous


6 mars 2010

De la cocaïne partout à Lyon ? Chui pas trop sûr, en fait...


Lyon est une ville d'intelligence et de culture, c'est bien connu. La preuve : le magazine Mag2Lyon fait dans le journalisme d'investigation en titrant « Cocaïne partout à Lyon ! (Et on l'a testée...) ».

J'avoue que les mecs ils m'ont bien bluffé ! Parce que comme j'évolue dans les milieux dits « culturels », je suis censé être relativement au fait des drogues « en vogue ». Hors, il ne me semblait pas que les gens consomment davantage de coke que d'habitude...

Rhôôô, mais je suis bien bête !

Ben oui, vous vous souvenez pas ? Cet hiver il a neigé à Lyon ! Et en plus (chose rare) il a neigé plusieurs jours d'affilée, alors la neige elle a tenu !

Et les grands journalistes de Mag2Lyon n'ont bien sûr pas manqué d'en tirer les conclusions qui s'imposaient :
- Oh p'tain les mecs vous avez vu y'a de la coke partout dans Lyon là, c'est délire !
- Ah ouais c'est guedin y'en a même sur les trottoirs ! Vous croyez qu'elle est bonne ?
- Je sais pas mais c'est trop exceptionnel : on tient not' prochaine couv' là, c'est sûr !
- Ouais. Par contre les gars, on est un journal sérieux : on peut pas en parler comme ça sans l'avoir goûtée ! Je veux dire on fait du journalisme d'investigation, nous !
- C'est clair, on n'est pas comme ces bouffons de Lyon Cap' ! Bon, y'a pas photo : faut qu'on la teste !

Et là soudain, je me souviens que durant ces jours de neige, je me demandais qui pouvaient bien être ces cons à quatre pattes dans la rue, en train de sniffer de la neige avec une paille...

Maintenant je sais...

Heureusement qu'il y a désormais un arrêté municipal pour contraindre les gens à ramasser les crottes de leurs clébards, sinon j'imagine déjà la prochaine couv' de Mag2Lyon : « Des barrêtes de shit partout à Lyon ! (Et on les a testées...) »

2 mars 2010

... (39)

l’agneau qui s'écarte des violences du monde
ne pourra fuir indéfiniment
mieux vaut alors accepter leur ombrage
car elles sont intrinsèques à l'internement
terrestre


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