30 juin 2013

Synthpop au rabais

Comme j'écris ces lignes, j'écoute le nouvel album du groupe Visage, formation mythique de l'âge d'or de la new-wave et de la synthpop qui fait son come-back. Mes lecteurs et les habitués du Shaomix connaissent ma passion pour les synthétiseurs, les boites à rythme et la musique des années 80, ainsi que pour le revival synthpop de ces dix dernières années. Surfant sur la vague, nombre de groupes et d'artistes du début des années 80 réapparaissent et nous livrent des disques qui, souvent, sont leurs premiers depuis très longtemps. Ce qui me frappe pourtant à l'écoute de ce disque de Visage, ce qui m'a frappé à l'écoute des derniers opus de The Human League, Ultravox, Duran Duran, Men Without HatsDepeche Mode et plusieurs autres, c'est l'absence de pertinence quasi totale de ces enregistrements ! Ces artistes, essayant de se réapproprier le son qui a fait leur grandeur, ne parviennent globalement qu'à produire une pale copie d'eux-mêmes, une copie sans âme et à vrai dire assez souvent ringarde. C'est troublant, parce qu'on pourrait s'attendre à ce que ce soit la nouvelle génération, cette génération si empressée de copier ses aînés, qui manque de pertinence. Et en fait pas du tout !

Depuis les débuts de l'electroclash jusqu'au déferlement d'electropop, de dreamwave et de nu-disco qui a suivi, je suis témoin depuis dix ans du plus vibrant hommage que la pop-culture se soit jamais rendu à elle-même. Mêlant les sonorités de mon enfance à des esthétiques electro plus modernes, l'obsession pour l'urbanité des années 80 à celles que nous inspirent aujourd'hui les nouvelles technologies, les frasques sensuelles et provocatrices des 80's aux préoccupations métrosexuelles contemporaines, la nouvelle scène synthpop est vibrante de sincérité, de fraîcheur et d'authenticité, parvient à s'inscrire parfaitement dans l'air du temps en dépit de ses tendances nostalgiques.

En parallèle, les géants d'antan essaient de se refaire une place au soleil et ne parviennent, pour la plupart, qu'à se parodier eux-mêmes, à nous pondre une musique creuse, sans retrouver leur fougue originelle ni proposer quoi que ce soit de nouveau. J'écoute leurs disques et souvent, je les efface aussitôt, déçu. C'est un peu triste, je trouve, que les pères fondateurs n'aient plus rien à dire. Je n'en ai pas moins de respect pour ce qu'ils ont accompli, j'ai trop de respect en général pour le travail des artistes, parce que je suis bien placé pour en mesurer la difficulté. Mais justement, après dix ans d'opprobre dans les années 90, la synthpop a retrouvé sa place au panthéon des grands genres musicaux et, à présent qu'on les a rétablis dans leur dignité, j'aurais apprécié que les anciens se foulent un peu plus, par amour de l'art sinon au moins pour faire honneur à tous ces petits jeunes qui leurs rendent hommage et, ainsi, boucler une boucle !

On me dira que c'est l'âge, que l'inspiration s'étiole, qu'il est difficile de se renouveler. Conneries ! D'autres y parviennent très bien. Il suffit d'écouter les plus récents travaux de Ryuichi Sakamoto, Kate Bush, Prince ou David Bowie pour se convaincre que l'on peut avoir cinquante ou soixante ans et conserver la flamme de ses jeunes années, sinon en tout cas la volonté de produire quelque chose de profond ou d'original.

Alors voilà, ça m'a soûlé...

28 juin 2013

Des pigeons morts et des enfants...

« Je me souviens, quand tu étais toute petite, tu as voulu t'arrêter dans la rue pour observer un pigeon mort. On s'est accroupis et tu m'as questionné. En moins de deux minutes, trois personnes se sont arrêtées pour me dire que c'était mal de te laisser regarder un cadavre d'animal à ton âge. Ces mêmes gens, sans s'émouvoir, laissent leurs enfants regarder des feuilletons ultra-violents. Ils leurs apprennent également qu'il est normal de manger la chair d'animaux assassinés dans des camps d'extermination. Ainsi, ils leur transmettent la rassurante illusion que la mort est quelque chose de lointain et virtuel, qu'elle ne les concerne pas. Ce tabou est l'un des plus grands échecs de la société occidentale. Car la mort frappe à toutes les portes. Alors, lorsqu'elle frappe, elle laisse les survivants confus, remplis de terreur. »

Extrait de Tabloïde.

25 juin 2013

Le point de saturation

Je n'en peux plus, j'avoue !

Depuis un certain temps, je m'attelle aux dernières corrections de mon roman L'ami imaginaire, à paraître d'ici la fin de l'année. Je pense que j'en suis à environ une trentaine de relectures, du début à la fin, de la fin au début, en commençant par le milieu et en revenant au début ensuite. Essayez d'imaginer relire trente fois le même roman en l'espace de quelques mois... Et ce n'est pas encore tout à fait fini !

Au début, c'est un plaisir : on goûte à la joie de redécouvrir ce que l'on a écrit, et les modifications à apporter au manuscrit original sont suffisamment importantes pour nous occuper l'esprit. À présent, j'ai simplement atteint le point où je n'éprouve plus le moindre plaisir à me relire : je connais ce fichu bouquin par cœur et les modifications sont si mineures, si rares, que je n'ai presque plus rien à faire. Pourtant, le travail n'est pas encore tout à fait abouti, il faut continuer...

Je ne suis pas seul à connaître ce désarroi, je pense que tout artiste y a droit. Il y a quelques années, à propos du morceau Where You Go I Go Too (28 minutes !), le musicien Lindstrøm déclarait : « Ce fut un cauchemar de finaliser ce titre. J'ai l'habitude de réécouter un morceau depuis le début à chaque fois que je modifie quelque chose, alors je devais réécouter trente minutes de musique à chaque fois que je modifiais un truc vers la fin. Je ne referai plus jamais ça ! ».

Moi, je sais bien que je vais devoir le refaire, et encore L'ami imaginaire est un roman très court en comparaison des projets qui vont suivre... Je suis pas sorti de l'auberge !

Bon allez, j'y retourne à présent !

18 juin 2013

Ces petites choses qui nous façonnent...

Comme je travaille aux dernières corrections de mon roman, L'ami imaginaire, je m'aperçois que j'ai une dette immense envers Jean d'Ormesson. À seize ou dix-sept ans, j'ai lu son roman Histoire du Juif Errant, livre dont je garde un assez bon souvenir mais qui m'a marqué à cause d'une scène en particulier, une scène très courte, un dialogue entre deux personnages. Alors que tout le roman est écrit d'une manière classique, d'Ormesson a rédigé celle-ci à la manière d'une pièce de théâtre : noms des personnages avant chaque ligne de dialogue et didascalies. Comme ça, balancé au milieu, sans raison apparente ni explication, juste pour le fun. J'étais déjà, à l'époque, préoccupé par le processus d'écriture et cette insert inattendu m'a fait l'effet d'un choc : on pouvait, comme ça, briser les règles de sa propre narration et s'aventurer dans d'autres styles, dans d'autres genres que celui du roman, en toute impunité. Ce petit détail allait conditionner, l'air de rien, toute mon approche de l'écriture littéraire. Certes, ce n'est que des années plus tard, en voyant Fight Club de David Fincher et en lisant les romans de Milan Kundera, que je réalisai vraiment que c'était de cette manière-là, avec cette liberté-là, que je souhaitais écrire mais c'était déjà latent depuis longtemps, comme une envie un peu honteuse et pas vraiment assumée. Cette approche – le changement de styles et de perspectives – est omniprésente dans mon recueil de nouvelles Tabloïde, dans L'ami imaginaire et dans la quasi-totalité de mon travail depuis une dizaine d'années. Sans doute ma plus grande dette va-t-elle à Fincher et Kundera mais pourtant, si d'Ormesson n'avait pas entrouvert la porte longtemps avant eux, peut-être n'aurais-je pas épousé cette démarche avec autant d'enthousiasme. Alors voilà, merci M. d'Ormesson.

1 juin 2013

Le job de mes rêves !

Alors voilà ce que j'ai lu, tel quel, sur une offre d'emploi en Chine aujourd'hui :

« Foreign but Chinese-speaking boss who will assist you with your transition to your new life in China, so you don’t have to deal with asshole bosses who want blood from a turnip. » 

Ce qui en français donne : « Patron étranger mais sinophone qui vous accompagnera tout au long de votre intégration à la vie chinoise, de sorte que vous n'aurez pas à vous farcir des trous du cul de patrons qui demandent l'impossible ».

Je suis... épaté !
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