Comme j'écris
ces lignes, j'écoute le nouvel album du groupe Visage, formation
mythique de l'âge d'or de la new-wave et de la synthpop qui fait son come-back. Mes lecteurs et les habitués du Shaomix
connaissent ma passion pour les synthétiseurs, les boites à rythme
et la musique des années 80, ainsi que pour le revival synthpop de
ces dix dernières années. Surfant sur la vague, nombre de groupes
et d'artistes du début des années 80 réapparaissent et nous
livrent des disques qui, souvent, sont leurs premiers depuis très
longtemps. Ce qui me frappe pourtant à l'écoute de ce disque de
Visage, ce qui m'a frappé à l'écoute des derniers opus de The Human League, Ultravox, Duran Duran, Men Without Hats, Depeche Mode et plusieurs
autres, c'est l'absence de pertinence quasi totale de ces
enregistrements ! Ces artistes, essayant de se réapproprier le
son qui a fait leur grandeur, ne parviennent globalement qu'à
produire une pale copie d'eux-mêmes, une copie sans âme et à vrai
dire assez souvent ringarde. C'est troublant, parce qu'on pourrait
s'attendre à ce que ce soit la nouvelle génération, cette
génération si empressée de copier ses aînés, qui manque de
pertinence. Et en fait pas du tout !
Depuis les débuts de
l'electroclash jusqu'au déferlement d'electropop, de dreamwave et
de nu-disco qui a suivi, je suis témoin depuis dix ans du plus
vibrant hommage que la pop-culture se soit jamais rendu à elle-même.
Mêlant les sonorités de mon enfance à des esthétiques electro
plus modernes, l'obsession pour l'urbanité des années 80 à celles
que nous inspirent aujourd'hui les nouvelles technologies, les
frasques sensuelles et provocatrices des 80's aux préoccupations
métrosexuelles contemporaines, la nouvelle scène synthpop est
vibrante de sincérité, de fraîcheur et d'authenticité, parvient à
s'inscrire parfaitement dans l'air du temps en dépit de ses
tendances nostalgiques.
En parallèle, les géants
d'antan essaient de se refaire une place au soleil et ne parviennent,
pour la plupart, qu'à se parodier eux-mêmes, à nous pondre une
musique creuse, sans retrouver leur fougue originelle ni proposer
quoi que ce soit de nouveau. J'écoute leurs disques et souvent, je
les efface aussitôt, déçu. C'est un peu triste, je trouve, que les
pères fondateurs n'aient plus rien à dire. Je n'en ai pas moins de
respect pour ce qu'ils ont accompli, j'ai trop de respect en général pour le travail des artistes, parce que je suis bien placé pour en mesurer la difficulté. Mais justement, après dix ans d'opprobre dans les années 90, la synthpop a retrouvé sa place au panthéon des grands genres musicaux et, à présent qu'on les a rétablis dans
leur dignité, j'aurais apprécié que les anciens se foulent un peu plus, par amour de l'art sinon au moins pour faire honneur à tous ces
petits jeunes qui leurs rendent hommage et, ainsi, boucler une
boucle !
On me dira que c'est l'âge, que l'inspiration s'étiole, qu'il est difficile de se renouveler. Conneries ! D'autres y parviennent très bien. Il suffit d'écouter les plus récents travaux de Ryuichi Sakamoto, Kate Bush, Prince ou David Bowie pour se convaincre que l'on peut avoir cinquante ou soixante ans et conserver la flamme de ses jeunes années, sinon en tout cas la volonté de produire quelque chose de profond ou d'original.
Alors voilà, ça m'a soûlé...
1 commentaire:
Je n'aurais pas su mieux dire. Ok avec toi à 4000% !
Enregistrer un commentaire