Premier
voyage en Chine, septembre-novembre
2002.
Décollage
ici.
Expérience
précédente : The Lijiang Experience (Pt. 20).
07
octobre 2002 – 02 novembre 2002 : The Lijiang Experience,
Lijiang (Yunnan).
Vingt-et-unième
jour. Je commence ma journée au Photo Café, d'où j'envoie un email
collectif contant l'histoire de Xiaohe et de la brosse à dents. Ne
perdez pas le fil car cet email aura une importance capitale pour la
suite. Ensuite, je glisse du Mishi Mishi au Sakura Café. Là, je
réfléchis à la phrase de Zoé Oldenbourg, « seul celui qui
ne se protège pas est fort », et d'une manière plus générale
à mon rapport aux agressions du monde, aux stratégies que l'on puis
trouver pour s'en protéger. Je suis d'accord avec Zoé, ainsi
qu'avec mon amie Caroline eRre, qui me parlait quelques mois plus tôt
d'un livre nommé Éloge de la
fuite. Mais n'y a-t-il pas un
compromis à trouver entre l'armure et la fuite ? Je trouve ma
réponse en composant Invisible, intangible sur un instru de DaBoostemp.
En farfouillant dans un autre café, je dégote un recueil du poète
beatnick
Allen Ginsberg. La poésie de Ginsberg est une véritable révélation,
qui influencera considérablement mes futurs écrits. J'en traduis
maladroitement quelques passages :
« Ce
ragot est un document excentrique, destiné à se perdre dans une
bibliothèque, et à être redécouvert lorsque descendront les
colombes. »
« J'écris
de la poésie parce que je veux être seul et parler aux gens. »
« J'écris
toujours de la poésie ''première pensée, meilleure pensée''. »
Comme
un parfait synchronisme, je rencontre Iris. C'est une grande, belle
Chinoise, aux longs cheveux noirs et au regard profond. Elle a
exactement dix ans de plus que moi et je ne sais plus comment nous en
venons à parler. L'écriture nous réunit : Iris est venue à
Lijiang pour terminer son premier roman. La France est un autre point
commun : Iris s'y est exilée depuis plusieurs années, a épousé
un Français dont elle a une petite fille. Elle en Chine pour six
mois, en compagnie de sa fille. Celle-ci est restée chez ses
grand-parents à Shenzhen, de sorte qu'Iris puisse venir se
recueillir ici. Nous échangeons longuement, nous donnons rendez-vous
le lendemain pour poursuivre. Il y a quelque chose qui la fascine
dans mes yeux, et l'impression est réciproque. Ce n'est pas une
attirance érotique, plutôt quelque chose de profondément
intellectuel. Durant notre conversation, des agents de police
viennent inspecter les lieux et je frémis un peu : je suis un
client « illégal » du dortoir. Il semble qu'ils gobent
les bobards de Yanli, et on ne me demande rien.
Photo : Dr. Ma Pingke |
À
peine Iris est-elle partie que je reçois un mail incendiaire de ma
princesse indienne. L'histoire du chien et de la brosse à dents l'a
rendue folle de rage ! En gros – tenez-vous bien –
madame est furieuse parce que, pendant que je m'amuse comme un petit
fou en Chine, elle déprime à Lyon. Elle me crucifie sur cinquante
lignes, affirmant que je suis responsable, de par mon absence, de sa
dépression. Je reste bouche-bée ! Comment puis-je être
responsable de son incapacité à être heureuse par et pour
elle-même ? Je lui réponds d'une façon très sèche, parce
que ce débordement s'ajoute à plusieurs autres, qui ne font pas
partie de ce récit. Cette agression gratuite, alors que je traverse
une expérience de sérénité totale en compagnie de gens
pacifiques, me gonfle profondément. J'ai des mots assez durs et je
clique sur « envoyer ».
Alors, un nuage se profile à
l'horizon de mon oasis, mais je n'en mesure pas encore la noirceur…
Prochaine
expérience : The Lijiang Experience (Pt. 22).
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