Premier
voyage en Chine, septembre-novembre
2002.
07
septembre 2002 – 10 septembre 2002 : The
Hohot Experience
(Mongolie Intérieure).
« Hou-heu-ho-teu »
est aussi différente de Shanghai et Beijing que New Delhi l’est de
Paris. Enfin je découvre ce qui me semble être la vraie Chine, en
tout cas autre chose que la Chine-vitrine et ultramoderne de la
côte : une ville de poussière, aux rues à peine goudronnées,
aux caniveaux débordants de détritus. Les marchands squattent le
pavé devant leurs petites échoppes sombres, dont les enseignes
affichent, outre les caractères chinois, la très curieuse écriture
mongole tout en traits verticaux. Je découvrirai bientôt que, par
un curieux paradoxe, cette écriture traditionnelle ne subsiste qu’en
Mongolie chinoise. La nation mongole y a quant à elle totalement
renoncé au profit de l’alphabet cyrillique, trace indélébile du
protectorat soviétique. Les Mongols de Chine étant, si l'on en
croit les médias occidentaux, une « minorité opprimée »
au même titre que les Tibétains, il est assez surprenant de voir
leur écriture subsister ici davantage que dans leur propre pays.
Je
me lancerais bien à la découverte de cette ville qui me rappelle
l’Inde mais je suis à bouts de forces, il est impératif que je
m’écroule au plus vite dans une chambre d’hôtel. Je dors
quelque chose comme dix-huit heures d’affilée, de telle manière
qu’à mon réveil, je suis convaincu d’avoir dormi plus de deux
jours et deux nuits. Cette idée, j'ignore pourquoi, me met en
panique. Durant quelques minutes, la perspective des trois mois qui
m’attendent en terre inconnue, loin de ma princesse indienne qui me
manque déjà, me terrifie. Puis je recouvre mes esprits et me décide
à explorer Hohot. Il se trouve que je n’ai plus un yuan sur moi,
aussi je me précipite dans une banque pour y changer un traveller’s
cheque. La Bank Of China est ouverte mais une guichetière m’explique
très poliment qu'il est impossible d'encaisser un traveller’s
chèque le week-end. J’essaie d’argumenter que puisque la banque
est ouverte, je ne vois pas où est le problème mais elle ne veut
rien savoir. Je tente une autre agence où l'on me fait la même
réponse. Non seulement cela m’oblige à passer un jour de plus à
Hohot, mais quand je dis que je n’ai plus un yuan, je n’ai
réellement plus un yuan.
Je panique un peu à l’idée de devoir jeûner jusque au lendemain,
puis me souviens que ma bonne étoile a encore frappé. En prévision
de mon camping dans la steppe (où, contrairement au désert indien,
je ne trouverai aucune brindille pour alimenter mon feu), j’ai
emporté une gamelle, une fourchette et un petit réchaud à gaz. Par
ailleurs, ma princesse indienne a fourré dans mon sac un sachet de
riz et un autre de pâtes. J’avais eu beau protester en long en
large et en travers que je n’avais pas besoin de m’encombrer de
ça, elle avait tant et si bien insisté que j’avais fini par
céder. Et c’est ainsi que grâce à elle, j'évite de mourir de
faim et me retrouve à faire cuire des pâtes, sans sel ni huile,
avec un réchaud à gaz dans une chambre d’hôtel (en me demandant
si j'ai vraiment
le droit de faire ça) ! Dans cette même chambre, je fais
également connaissance avec la télévision chinoise : j’ai
beau n’y rien comprendre, je suis fasciné.
Le
lendemain, je peux enfin changer mes traveller's chèques. Requinqué
par une autre nuit de sommeil, je passe la journée à déambuler, me
posant çà-et-là, dans des ersatz de parcs, avec mon bouquin
d’Arnaud Desjardins. Les habitants de Hohot sont moins
communicatifs (sans doute parce que moins anglophones) que ceux de
Shanghai et Beijing, aussi personne ne vient faire la conversation
avec moi. Lonely can be sweet.
Expérience
suivante : The Out-of-time Experience.
1 commentaire:
les émissions TV chinoises sont délirantes....j'ai subi également cette fascination !
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