Un
jour, un petit garçon qui était en fait une petite fille
mais-ça-y-faut-pas-le-répéter amena en classe un sac. Mais un
bruit étrange émanait de ce sac et de fait tous les élèves,
intrigués, se réunirent autour du sac et ce malgré les
imprécations de la maîtresse (qui souhaita que tous les enfants et
petits enfants de ses élèves perdent toutes leurs dents à l'âge
de quatorze ans). En fait, le sac contenait une voiture que son
conducteur tentait en vain de faire démarrer, et le bruit était
celui du moteur. Toutefois, la Ferrari - car c'en était une - démarra
finalement et sortit en trombe du sac. Les élèves stupéfaits
eurent juste le temps d'entendre le pilote leur crier:
-
Prenez garde. Il y a un trou au fond du sac !
En
effet, le sac - maintenant vide - était troué, ce qui fit que tout le
vide contenu dans le sac s'échappa. Son vide s'en étant allé, le
sac n'était donc plus vide. N'étant plus vide il était donc
forcément plein. Mais plein de quoi ? De grenouilles. Le sac était
plein de grenouilles et ces grenouilles jaillirent hors du sac et
s'envolèrent. Elles atteignirent bientôt les nuages les plus bas du
Paradis et en profitèrent pour faire quelques bulles. Toutefois, elles n'avaient pas de temps à perdre et elles se dirigèrent vers
le septième ciel qu'elles rejoignirent sans mal.
La
première chose qu'elles firent une fois arrivées fut de manger
quelques pâquerettes pour se remettre de leur éprouvant voyage,
puis elles allèrent directement voir Dieu pour lui demander:
-
Pourquoi sommes-nous des grenouilles et non des loups-garous ? Et
d'ailleurs, qui a mangé le foie gras du petit chat ?
-
Mais je ne sais pas, moi !, vociféra Dieu. Pour qui me prenez-vous,
pour Dieu, peut-être ?! Je ne peux pas être partout à la fois,
moi. Allez plutôt demander ça à Saint Pierre, il est plus au
courant que moi de ces choses là !
Désappointées
mais nullement découragées, les grenouilles allèrent trouver Saint
Pierre. Mais celui-ci était tant absorbé à jouer aux dés avec sa
femme qu'il ne prêta nulle attention à leur présence. Les
grenouilles eurent beau hurler
« Saint Pierre, vieille vipère
! », ce dernier - dont l'oreille était pourtant sensible à la
poésie - ne réagit même pas. Lassés, les batraciens grimpèrent
sur la table et se mirent en devoir de gober tous les dés - et ils
étaient légions - du couple de joueurs. La femme de Saint Pierre en
mourut. Quant à lui, voyant qu'il n'avait plus ni dés ni camarade
de jeu, il remarqua enfin les grenouilles.
-
Mais qui êtes-vous, et que voulez-vous ? leur demanda-t-il.
-
Nous sommes des grenouilles issues d'un sac qui fut plein de vide et
c'est Dieu qui nous envoie.
-
Dieu ?! Encore celui-là ! Ça n'en finira donc jamais ? Enfin,
puisque vous êtes là... Voyons voir : quel jour sommes-nous ?... Ah,
mardi ! Le jour de la veuve éplorée.
Saint
Pierre se transforma alors en veuve éplorée et s'écria :
-
Dieu ? Jésus Marie Joseph ! Ainsi c'est le Seigneur qui vous envoie
pour me rendre mon époux ! Oh merci Seigneur, que Votre nom soit
béni. Mais dites-moi, vous qui sous cette apparence primaire devez
être des Anges, que voulez-vous de moi en échange ?
-
Et bien, dirent les grenouilles pour le moins étonnées, nous
voulions savoir pourquoi nous étions des grenouilles et non des
loups-garous, qui avait mangé le foie gras du petit chat, et aussi
si le père de ce dernier était Rintintin ?
-
Oh, je comprends, dit la veuve éplorée en fondant en larmes, c'est
une énigme. Attendez voir que je consulte ma boule de cristal.
Elle
dirigea en effet son regard vers une boule de cristal violette qui
venait d'apparaître sur la table et s'exclama :
-
Oui... Je vois... Je vois... Une poule borgne ! J'ai la solution de
l'énigme : il s'agit de l'homme, qui marche à quatre pattes enfant,
sur ses deux jambes adulte et s'aide d'une canne arrivé à la
vieillesse. Ne montez jamais dans un avion avant l'an 2000.
-
Merci, dirent les grenouilles, combien vous devons-nous ?
-
Ce sera cinq-cent francs pour la consultation, plus vingt francs de
pourboire.
Les
grenouilles payèrent, dirent au revoir à la voyante et prirent le
premier métro en direction de Nantes.
Malheureusement,
le métro entra en collision avec un cycliste et dérailla. Les
grenouilles trouvèrent toutes la mort dans l'accident. Mais
l'existence n'est qu'un éternel recommencement et les grenouilles se
réincarnèrent en élèves et, un jour de classe, l'un d'entre eux
amena un sac. De ce sac émanait un bruit étrange et en ouvrant le
sac ils eurent la surprise de constater qu'il contenait un extra-terrestre (qui n'était pas un hamster, précisa l'un d'entre eux).
Pourtant, à leur grand étonnement l'extra-terrestre dégaina son
colt et fit feu. De l'arme sortit un petit drapeau sur lequel il
était inscrit « Je suis un hamster ». Et l'extra-terrestre - en fait un hamster déguisé - éclata de rire, disant aux
élèves qu'il les avait bien eus.
Morale :
L'habit ne fait pas le Martien.
Ce petit texte fut composé en 1993 : l'élève de seconde que j'étais alors faisait ses premières armes ! En 1999, il fut illustré par mon amie Léa et publié dans un numéro hors-série du
fanzine Scrach. Il remporta ensuite un
certain succès à l'occasion de lectures publiques organisées par
Neweden en 2000-2001.
6 commentaires:
Bienvenue au pays de l'absurde, de l'onirique et de l'illusoire :))))))
Complètement décalé comme texte, et ça me plait !!!!!
Retour aux sources... "Nostalgia", comme dirait notre adoré Kundera...
Génial ton texte ! déroutant, amusant, complètement dada !
Le sac, c'est comme ma tête, du vide extrêmement tassé, la béance compactée. Je crois que tu ne t'es pas beaucoup soigné non plus depuis ? M'illusionnais-je ?
J' ai lu quelques uns de vos écrits. dont le vivant qui s'en dégage me touche.
Tu m'étonne qu'on aime, qu'on adore, on y était!
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