Expérience précédente : The Longest Way Home Experience.
Décollage ici.
27
novembre 2002 – 4 décembre 2002, Lyon (France).
Alors
reprenons les choses dans l'ordre.
Nous
sommes le mercredi 27 novembre 2002.
Je
rentre de trois mois de voyage en Chine, je suis complètement paumé
et j'aurais besoin d'une bonne semaine pour me réaccoutumer. Je
suis, en outre, dans un état de fatigue nerveuse et physique absolu.
Sauf
que...
Je
n'ai plus d'appartement.
Je
n'ai plus de job.
Je
n'ai plus un rond, sinon quatre-cent-cinquante euros sur un PEL à la
Caisse d'Épargne, qu'il me faut débloquer d'urgence.
Je
dois reconquérir mon amoureuse, qui s'est tirée avec un flûtiste.
J'ai
cinq jours pour trouver un endroit où caser ma quarantaine de
cartons et tous mes meubles, parce que la fille aux yeux de miel me
l'a joué à l'envers et doit rendre les clés de mon ancien
appartement le 2 décembre.
Ma
régie me réclame deux-mille-cinq-cent euros et je dois trouver un
moyen de démontrer qu'ils m'ont arnaqués ou de négocier un
échelonnement, sans quoi ils vont tomber sur mon père qui s'est
porté caution.
Mon
père, qu'ils ont déjà contacté, est tellement fou-furieux qu'il
n'est pas loin de me renier.
Et
comble du comble, j'apprends qu'un de mes deux chats, laissés chez
un ami, s'est tiré dans les rues depuis trois semaines. Je dois le
retrouver d'urgence.
Je
dispose peu ou prou d'une semaine pour régler tous ces problèmes.
À
peine débarqué de l'avion puis du train, j'arrive donc chez ma
meilleure amie, où j'avais laissé des affaires. J'ai rendez-vous
avec mon Indienne dans trente minutes. Je me précipite sous la
douche, me rase, me parfume, me coiffe, enfile mes fringues les plus
élégantes. Je suis fin prêt juste à temps. Ma meilleure amie aura
plus tard les mots suivants : « Tu m'as épaté ce
jour-là : je t'ai vu arriver dans la station de métro, tu
étais livide, les traits tirés, les yeux pochés de fatigue,
ébouriffé, des fringues crades, à la limite un vrai clochard. Une
demi-heure plus tard tu étais tout propre, élégant, tu sentais
bon, tu avais retrouvé des couleurs et une mine de jeune dandy
clinquant ! ». Il faut ce qu'il faut.
Je
sonne à la porte. Elle ouvre. Je suis bouleversé : elle est
belle, elle brille dans le noir, elle est ma femme et je suis son
homme. Je voudrais la serrer dans mes bras, la couvrir de baisers, la
rendre heureuse. Mais je ne peux pas. Du désastre sur pattes que
j'étais quelques heures auparavant, il ne reste rien. Je ne sais pas
où je trouve la force, mais je suis souriant, serein, calme, posé.
Je serais juste parfait pour un entretien d'embauche. Elle aussi a
changé : de sa froideur au téléphone il ne reste rien non
plus. En face de moi, elle fait moins la mariole, elle est aimable,
me sourit, m'offre un thé. Nous nous asseyons et nous entamons les
négociations. Elle m'explique ce qui lui est passé par la tête, sa
rencontre avec ce type, la façon dont notre échange d'emails à
Lijiang l'a poussé dans ses bras (un peu plus et ça va être de ma
faute !). Elle me dit qu'elle l'aime, qu'il est mieux pour elle,
que je me rendrai compte qu'il y en a d'autres qui sont mieux pour
moi, et tout un tas d'ânerie de ce genre que j'avale sans broncher.
Ensuite je commence mon plaidoyer. Je tripote ses cordes sensibles.
Je déchiffre le moindre signe sur son visage et ajuste mon discours
en conséquence. Je fais preuve d'une rhétorique digne de Socrate.
Je démonte tous ses arguments. Tout ce qu'elle me dit de sa nouvelle
relation est retourné contre elle. Toutes les critiques qu'elle
formule sur notre relation est atténué. Je m'excuse encore pour ma
vive réaction à son mail incisif à Lijiang. Je lui ré-explique
combien ce voyage était nécessaire, combien j'en suis sorti grandi,
combien il devrait profiter à notre couple et non pas le détruire.
Évidemment elle ne lâche pas prise si facilement : elle est
amoureuse de lui, elle n'est plus amoureuse de moi. À
chaque fois qu'elle réaffirme sa position, je m'écroule
intérieurement. Mais je n'en montre rien, pas une miette. Je porte
le masque impassible de l'homme tout à fait sûr de lui alors qu'en
fait, j'ai le sentiment d'une cause perdue et je suis mort de peur.
Je n'ai même pas besoin de jouer la comédie, je ne fais même pas
semblant : c'est une question de vie ou de mort, une affaire de
survie. Je m'adapte spontanément à ce que les circonstances exigent
de moi pour survivre. Grandir auprès d'une mère ultra-violente vous
enseigne ce genre de choses. Il y a un moment décisif. Je suis là,
nonchalamment vautré sur son canapé. Je la regarde droit dans les
yeux. D'une voix douce mais confiante, je dis : « Mais
non. Tu te trompes. Tu vas le quitter et tu vas revenir avec moi.
Parce que c'est ainsi que cela doit être. Et tu as beau te raconter
des histoires, tu le sais aussi bien que moi ». Comme au
téléphone, ce n'est en aucun cas un ordre. C'est l'énoncé d'une
évidence. Et elle le prend comme tel. À
ce moment précis je sens, pour la première fois, quelque chose
flancher dans son regard. Elle n'en montre rien mais elle est
ébranlée par ma détermination. Tout ce cirque dure deux heures
puis elle doit aller travailler. Elle n'a pas changé d'avis mais
elle a changé de posture : elle est prête à réfléchir, et à
ce que nous en rediscutions. Rendez-vous est pris pour le
surlendemain. Avant de partir, je lui offre les statuettes. Le dragon
et le phénix. Je lui explique leur signification. Elle les accepte.
Il s'appelle Florent. Je vais l'anéantir.
Après
ça je ne sais plus trop. Je vais voir mes chats chez mon ami Fred,
et c'est là que j'apprends que Goldie s'est tiré. C'est mon bébé,
je suis dévasté, il faut que je le retrouve ! Comme j'expose
mon problème d'appartement et d'affaires, Fred me propose de stocker
les meubles dans son immense appartement. Mes amis Nico et Chloé,
qui par hasard se trouvent là, m'expliquent qu'ils disposent d'une
cave vide où que je peux entreposer les cartons. La fille aux yeux
de miel est là aussi et il ne lui vient même pas à l'idée de
s'excuser pour son plan foireux. Je passe outre, j'ai des problèmes
plus urgents à régler. Nous convenons d'un rendez-vous le samedi à
treize heures, pour procéder au déménagement. Déjà, une solution
à l'un de mes problème est tombée du ciel. J'en remercie Shiva. La
fille aux yeux de miel me soumet mon état des lieux de sortie :
un tissu de mensonges. Il y a bien quelques trucs qui ont été
abîmés, mais je m'attendais à perdre ma caution tout au plus. Pour
le reste, ils ont décrété que des tas de choses étaient dégradées
qui ne l'étaient pas, ils vont tout bonnement refaire l'appartement
sur mon dos ! Soit dit en passant, j'apprends à cette occasion
que toutes les putains de Pentes de la Croix-Rousse sont courant de
mon infortune avec la princesse, alors que pourtant nous n'avons
presque pas d'amis communs, comme quoi ma parano sur la rumeur
publique n'en est pas une ! Une de perdue, dix de perdues.
Je
décide de m'accorder un peu de répit parce que je suis sur le point
de craquer : il sera temps de s'occuper du reste dès le
lendemain. Je pleure longuement dans les bras de ma meilleure amie,
chez qui je loge. Je retrouve ensuite Chris N., mon autre meilleur
ami. Mais le soir je trépigne. De nouveau, je ne supporte pas mon
impuissance à reconquérir ma princesse. Il me vient une idée. Je
prends un stylo et j'écris la plus longue, la plus passionnée, la
plus belle lettre d'amour de ma vie. Zéro argumentation : je me
contente de faire la liste des choses pour lesquelles j'aime cette
femme. Je n'ai même pas besoin de me creuser la cervelle ni de peser
mes mots, j'écris tout ce qui me passe par là tête. Seize pages !
J'y passe deux heures peut-être. Une fois la lettre terminée,
j'envisage de la mettre dans sa boite aux lettres. Mais il y a mieux
à faire. Je sais en effet que le flûtiste passe la plupart de son
temps chez elle. Donc si je glisse la lettre sous la porte aux heures
où elle travaille, il va la trouver avant elle. Il saura
obligatoirement d'où elle vient. Il pourrait bien entendu ouvrir
l'enveloppe (scellée) et la lire, voire la dissimuler. Mais s'il la
lit elle le verra, et s'il la dissimule, elle le saura lors de notre
prochaine entrevue. Donc, dans tous les cas je suis gagnant parce
qu'elle sera furieuse (et de surcroît je garde un double de la
lettre au cas où). Ensuite je suis à peu près certain qu'elle va
fondre en larmes en lisant la lettre et si elle le fait devant lui,
il va badder
et je gagne encore des points. Évidement, cette stratégie comporte
un risque : il peut contre-attaquer. S'il décide de s'accrocher
à elle et fait preuve d'autant de détermination que moi, il
vaudrait mieux qu'il ignore, autant que se peut, que je suis entré
en guerre contre lui. Je repense alors au peu qu'elle m'a dit à son
sujet : il est mou, c'est un fumeur de pétards, il lui obéit
en tout, il habite encore chez ses parents. Je pèse longuement le
pour et le contre et je décide que c'est une lopette. Il ne réagira
pas. Par contre il commencera à flipper, donc à commettre des
erreurs. Je prends le risque !
Il
faut comprendre que je n'ai rien de personnel contre ce garçon. Il a
l'air, à vrai dire, d'être un type bien et je n'éprouve qu'une
joie très modérée à l'idée de lui faire du mal. Je n'ai pas pour
habitude de piquer la copine des autres. Je l'avais fait étant plus
jeune et j'en avais conçu un vif regret par la suite. Mais il s'agit
là de sauver ma
relation. Ma princesse indienne m'a expliqué qu'elle ne m'avait pas
trompé,
qu'elle m'avait quitté
pour quelqu'un d'autre.
J'ai rectifié de suite : jusqu'à mon coup de fil et jusqu'à
mon retour si je n'avais pas téléphoné, elle m'avait laissé dans
l'ignorance de sa décision. Le monde entier était peut-être au
courant mais en ce qui me concernait, jusqu'à-ce que je sache,
j'étais avec elle. Je ne pouvais pas faire mon deuil. Je ne pouvais
pas m'en aller séduire une petite Chinoise ou une touriste, parce
que je lui étais fidèle. Par conséquent elle me trompait.
Cet argument l'a laissée sans voix et grommelante que « oui
mais bon... ». Bref, ce type n'a eu aucun scrupule quand il
s'est s'agit de me chourer ma meuf. La souffrance qui me dévore
depuis Yangshuo, il s'en branle ! Le fait que son propre bonheur
ait pour prix une souffrance intolérable chez un autre être humain,
ça le laisse de marbre ! Alors je ne vais pas m'en aller
pleurer sur son sort. Il s'est comporté en connard et il sera traité
comme un connard. Parce qu'il s'agit de la femme de ma vie. Parce que
c'était écrit. Parce que je suis un agneau pourpre et lui un simple
flûtiste. « You're good, but me I'm magic! » (Frank Miller).
Jeudi.
Comme je la sais au taf, je vais chez elle. J'entends de la musique :
excellent ! Je glisse sans bruit la lettre sous la porte et je
file.
Après
cela, j'appelle la régie. Ils sont furieux et moi tout autant !
Je parviens tout de même à leur faire admettre que j'ai réglé les
deux mois de loyer qu'ils me réclament. Par contre ils ne lâchent
rien quant à l'état des lieux. Je leur arrache la promesse de
laisser mon père en dehors de tout cela et je file à l'UFC Que
Choisir. Ils sont formels : l'état des lieux de sortie fait foi
devant un tribunal, il eut fallu le contester sur le moment. La jeune
fille aux yeux de miel, bien entendu, l'a signé ! Dépité, je
recontacte la régie et leur explique que je suis insolvable mais que
je suis d'accord pour payer si nous convenons d'un échelonnement.
Ils me disent qu'ils vont voir et de les rappeler lundi.
Ensuite
je photocopie l'annonce pour mon chat perdu et commence à en
tapisser les pentes de la Croix-Rousse. Je consacrerai une bonne
partie des jours qui suivent à faire cela.
Vendredi.
Je me décide à appeler mon père. Il est fou furieux. Déjà que
mes choix de vie, ma volonté de me consacrer à ma création et d'en
vivre, ne lui plaisent pas. Déjà que mes voyages, perte de temps à
ses yeux, ne lui plaisent pas non plus. Mais voilà que je ne paie
plus mon loyer et qu'on lui réclame deux-mille-cinq-cent euros. Je
parviens à le convaincre que les deux mois de loyer sont un
malentendu, le rassure quant au fait que je prendrai mes
responsabilités, qu'il n'aura pas à débourser un sou. Il s'apaise
un peu mais part en récrimination : je n'ai plus d'appartement,
je n'ai plus un sou, que vais-je faire de ma vie, etc. Je ne suis pas
d'humeur à m'engueuler avec lui alors je prends sur moi et on en
reste là. Mais je n'oublierai pas qu'il s'est comporté comme un
connard à un moment où je n'avais vraiment, mais alors vraiment
pas besoin de ça.
Je
vais aussi à la Caisse d'Épargne pour liquider mon LEP. Je retire
de quoi survivre et combler mon découvert à la Société Générale.
Je
marche longuement sur les berges du Rhône. Là, j'ai un long
dialogue avec moi-même. Je fais l'inventaire de mes peurs, de mes
espoirs, je me soumets à la volonté du ciel en priant pour qu'elle
me soit favorable. Je me réjouis toute de même, reconnaissant, de
ma vie incroyable qui, faute d'être toujours facile, est au moins
passionnante. Plus dure ce monologue-prière intérieur, plus je me
sens raffermi, renforcé, encouragé, aimé et porté.
C'est
fort de cet élan que je retrouve ma princesse indienne. Je me sens
revivre en sa présence. Ma lettre l'a bouleversée. Elle a pleuré.
Elle a pleuré devant le flûtiste. Il s'en est trouvé très mal à
l'aise. Il est resté totalement passif. J'ai gagné mon pari :
c'est une lopette. Nous reparlons de la situation, elle m'avoue
qu'elle commence à se poser des questions. Je continue évidemment
de plaider notre cause mais j'évite soigneusement de ne parler que
de cela. Elle me raconte sa thérapie et sa vie depuis trois mois. Je
lui raconte les moments forts de mon voyage. Il faut que nous
retrouvions la complicité détendue que nous partagions auparavant.
Par conséquent, il faut évacuer la pression liée au choix que je
lui demande de faire. Nous passons un bon moment, c'est smooth.
Lorsque je la quitte, elle réaffirme que pour le moment elle reste
avec lui, mais qu'elle ne peut faire abstraction de mon retour. Elle
va réfléchir. Je lui demande quand je vais la revoir. Elle me dit
de passer boire le thé le lendemain à midi, avant mon déménagement.
Le
soir, je monte à la campagne, chez la mère de mon ami Chris. Nous
passons la soirée avec nos potes et ceux de son petit frère. C'est
un peu une famille d'adoption que, depuis l'âge de treize ans, j'ai
là-bas. Tout ceci me redonne un peu de courage.
Samedi.
Chris me dépose devant la porte de ma princesse. Je n'ai qu'une
heure devant moi. Je la sens fléchir de plus en plus et je tente le
tout pour le tout. Je sais que si je parviens à la toucher, j'ai
gagné ! Je l'effleure. Elle se laisse faire. Je l'embrasse.
Elle répond à mon baiser. Nous faisons l'amour et c'est
merveilleux. Une nouvelle victoire contre le flûtiste ! À
quatorze heures, je dois vraiment partir : j'ai une heure de
retard à mon propre déménagement ! Elle me dit que c'était
magique (sic), qu'elle a profondément aimé ce moment avec moi mais
que pour autant elle n'a encore rien décidé. Je lui dis de prendre
son temps, que je serai là pour elle quel que soit le temps qu'elle
mette à me revenir. J'hésite à lui demander de ne rien dire au
flûtiste : cela pourrait être la goutte d'eau qui le fera
réagir. Mais je décide de faire confiance à la vie et ne dis
rien : elle fera bien comme elle voudra. Elle me donne
rendez-vous lundi.
Fred
et la jeune fille aux yeux de miel me maudissent pour mon retard. Je
leur présente mes excuses et leur explique que je n'avais pas
vraiment le choix mais ils sont grognons. Nous passons la journée à
évacuer mes meubles d'un côté et mes cartons de l'autre et tout le
monde est énervé. Par mégarde, la jeune fille aux yeux de miel
bazarde mes taies de coussin de Jaisalmer à la benne. Tout un
symbole.
Le
soir, je fais le point avec ma meilleure amie. Je suis loin d'avoir
remporté la victoire : mon Indienne est têtue comme une
Indienne (et elles le sont) ! Mais j'ai tout de même réussi à
inverser la tendance : j'étais cocu, c'est à présent le
flûtiste qui est cocu. Reste à savoir s'il le saura, et comment il
réagira le cas échéant.
Dimanche,
je cherche mon chat.
Lundi.
La régie m'apprend qu'ils ont décidé de confier mon dossier à une
société de recouvrement. Je dois attendre qu'ils me contactent et
me démerder avec eux pour l'échelonnement. Je paierai tous les mois
pendant sept ans mais c'est au moins une chose de réglée.
Je
file ensuite chez ma princesse indienne. Nous passons encore deux
belles heures à discuter. On s'embrasse un peu, mais nous n'allons
pas plus loin cette fois. Elle m'explique qu'elle ne sait plus quoi
faire, que son flûtiste ne bouge pas d'un poil et joue la carte de
« fais ce qui te semble juste pour toi ». Elle a préféré
l'épargner : il ignore que nous avons fait l'amour. Il ne le
saura jamais (sauf s'il lit ce blog, il n'est jamais trop tard).
Amen. De mon côté je continue de jouer la carte d'une détermination
sans faille, et je le fais d'autant mieux que je le fais sincèrement.
Finalement, elle me dit : « Téléphone-moi mercredi.
Mercredi j'aurai pris une décision. Et quelle qu'elle soit, elle
sera définitive et sans appel. Si je le choisis lui, je te demande
de t'engager à renoncer. ». Je n'ai d'autre choix que
d'accepter ce contrat.
Mardi.
Le suspense est insoutenable mais je ne peux que prendre mon mal en
patience. J'en profite pour essayer de recoller les morceaux dans ma
tête. J'ai toute une vie à rebâtir. C'est ce que je voulais,
repartir à zéro. J'ai du travail. Je recontacte Da Boostemp et nous
convenons de reprendre les répétitions de Shoona Sassi aussi
rapidement que possible. Mon ami, le peintre Ronald König,
m'explique qu'il est en train de monter une friche artistique avec
quelques autres créateurs. Le lieu est immense : une ancienne
usine RVI. Il voudrait que je m'investisse dans ce projet. Je promets
d'y songer et de bientôt visiter les lieux. Quelques perspectives
s'ouvrent, il va bien falloir reprendre le taureau par les cornes.
Demain, je saurai si je dois construire cette vie avec ou sans elle.
Je continue également de chercher, vainement, le chat. Je le
retrouverai finalement, en bonne santé, début janvier.
Mercredi.
Je compose son numéro de téléphone en tremblant, mon cœur bat
comme un tambour. « If I don't get her back, my whole life is
fucked-up! ». Elle décroche. Il y a un sourire dans sa voix.
« J'ai
pris ma décision. Je veux être avec toi. »
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