Après La malédiction du plombier-garou, Justin Chien, Cassandre, Le long halloween et L'homme qui vivait la nuit, voici le sixième des huit récits pour enfants composés fin 2005. Contrairement aux précédents, qui visaient un public 7-12 ans, Apesanteur s'adressait aux tout petits. L'idée m'avait été inspirée par une réplique du film Deux garçons, une fille, trois possibilités, lorsque l'un des personnages, totalement ivre, demande à son colocataire s'il a payé la facture de pesanteur.
APESANTEUR
Voici Monsieur X.
Monsieur X est très négligeant.
Il oublie ses clefs sur sa porte.
Il oublie de promener son chien.
Il oublie de faire la vaisselle.
Il oublie de payer ses factures de téléphone, d’eau et de gaz.
Seulement voilà, il y a une facture qu’il ne faut jamais oublier de payer.
C’est la facture de pesanteur.
Monsieur X met des mots sur le mur de sa chambre pour y penser.
Mais un jour, il y a tellement de désordre que le mur est caché par des piles de vêtements sales.
Comme Monsieur X oublie aussi de relever son courrier, il ne trouve pas la lettre de relance de la société de pesanteur.
Et voilà qu’un beau jour… on lui coupe la pesanteur !
Ce jour-là, Monsieur X ouvre sa porte, et trouve un sacré chaos chez lui.
Les objets et les papiers volent dans tout l’appartement.
Même le chien flotte sans comprendre ce qui lui arrive.
Et lorsqu’il rentre, Monsieur X se met à flotter lui aussi.
Il est bien embêté.
Il téléphone à la société de pesanteur, on lui dit que s’il envoie son chèque tout de suite, la pesanteur sera rétablie dans trois jours.
Dire que Monsieur X avait prévu un dîner chez lui le lendemain !
Il a déjà du mal à retrouver ses affaires d’habitude, mais là c’est vraiment compliqué, avec des choses qui volent partout.
Lorsque les amis de Monsieur X arrivent le lendemain soir, il s’excuse pour l’apesanteur.
Au début, ses amis sont ravis : ils trouvent cela très drôle.
Mais c’est un peu compliqué de manger lorsque la nourriture ne veut pas rester dans l’assiette.
Et c’est compliqué de boire lorsque les liquides se transforment en boules qui flottent dans l’air.
Les amis de Monsieur X ne disent rien, mais ils ne sont plus très amusés.
Le lendemain, Monsieur X ouvre la fenêtre pour aérer, et plein de choses s’échappent de l’appartement et tombent dans la rue.
Les passants ne sont pas content de recevoir les chaussettes de Monsieur X sur la tête.
Ainsi, pendant trois jours, Monsieur X dort au plafond, boit au biberon, et il est obligé de garder ses fenêtres fermées.
Finalement, la pesanteur est rétablie pendant que Monsieur X fait la grasse matinée, il tombe et se fait bien mal.
Ah ça non ! Plus jamais Monsieur X n’oubliera de payer sa facture de pesanteur !
Il envisage même de cesser d’être négligeant.
8 commentaires:
Ton texte n'est pas pesant ! Amusant ;0))
Au moins, ce genre d'aventure, c'est pas du lourd...
J'ai bien aimé lire la fable "La malédiction du plombier-garou" !
Un commentaire psychanalytique serai peut-être même intéressant à ce sujet-là, mais sans doute pas aussi amusant que la portée poétique intrinsèque du texte, son décalage surréaliste et sa drôlerie bien-sûr ...
L'insoutenable légèreté de l'être .....
voila plutôt une facture qu'il serait sympa de laisser tomber!!!
Ça plane pour lui...
+++++ Yes !
Du coup je pense à Mary Poppins moi (ben oui, moins classe que Kundera mes références !) et à cette scène où le rire fait s'élever ceux qui le poussent, les menant parfois jusqu'à la mort.
C'est marrant, j'avais vu ce film (il y a longtemps) mais je ne n'avais pas relevé cette jolie phrase, très poétique :)
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