30 juin 2011

Le spectre de nos étreintes


























aubépine & ronces plantées
dans le sol vierge de l'exil
entrevues d'idoles
délavées
corps bouillis, peaux rouges
j'attendrai

pris en otage par
vos vulves mortes
romances empaillées
figées griffes dehors
nos cœurs aimants dans des bocaux
pourrissants

les hantises & l'espoir
les aveuglants éclats
de colère
ma chair en vibre encore
voix des sirènes
police de la pensée

épousées
les princesses
envoûtés
les amants
embarqués sur des voiliers
suicidaires

qu'étions-nous ?
parodies d'adultes livrés à eux-mêmes
nuits torrides, aubes froides
orgasmes-appâts dont peu à peu
vous m'empoisonniez
enchaîné sur vos îles désertes

grises vos paupières
lorsque vous dormez (loin de moi, nouvelles vies)
gris
ces éléphants qui s'écroulent
sur le temps
armes de guerre

de quoi sont faites
les trahisons ?
de quels vernis
se recouvrent vos lèvres aujourd'hui ?
je rêve de danseuses & d'indiennes
qui brûlent sur le port de marseille !

je rêve d'eaux claires
je rêve éveillé
je rêve de boire
je rêve de pouvoir
je rêve de styx
j'attendrai (& je compte)

j'énumère vos chorégraphies
dictatoriales (une, deux, trois...)
à ce point illusoires
que les passants s'arrachaient
les petites galettes d'esbroufe
que vous semiez derrière vous

livres ouverts
à tous les fertilisants
de la putréfotèque
épaves de soie
outrancières tentations
j'attendrai

je ramasserai
un par un
mes chaussons égarés
je me réinventerai
jusqu'à noyer vos lèvres
dans l'oubli

oubli du jour où shiva
m'a laissé crever
sur le bord de vos routes
gloire de son murmure
qui me suppliait
de m'écouter

vos mots doux
ce vaudou
pour mieux m'empaler
sur les sexes érigés
de vos féminités viriles
sorcières démentes

toutes ces promesses
petites filles sages
les veines qui s'agitent
dans vos cercueils
lianes sanglantes
agrippées

combien de potentiels
pourront encore ainsi
s'effondrer
avant que les voix des anges
ne s'éteignent ?
silences & mots croisés

alors je m'égare
dans la comptabilité
de tant d'épopées
je cherche l'épée
pour trancher enfin
la corde de vos dictats

au bout du compte, sur le rebord
d'un précipice
je voudrais être encore capable
de ne pas trembler
immortel
& tant pis si je chute !

& toi, là au milieu
promesse en devenir
témoin de mes guerres secrètes
j'essaie de te préserver
j'aurais tant voulu
que tu fus la première...

Pushkar, Inde – décembre 2010

13 commentaires:

Anonyme a dit…

Euh, je me suicide d'abord puis je lirai tes trucs de l'au-delà, dans un bain de lave et écorchée vive... Je me suis arrêtée aux vulves mortes...
je vais vomir un coup en fait

Papy38 a dit…

J'ai lu et je m'étonne de vivre encore,
Et pourtant je vibre de sensations...

Sigouline a dit…

idem ;-)

padreux a dit…

On n'oublie rien, on porte tout, et on transforme, en mot, en image, en énergie renouvelable ... c'est pas facile, mais faut y aller..et surtout, surtout, ... je te laisse deviner, merde après tout...

Fabrice Brunet a dit…

"gloire de son murmure
qui me suppliait
de m'écouter"
En même temps comment ne pas aller jusqu'au bout, au bout de soi-même
quelque en soit le prix et quelle valeur réelle attribuer aux pièges que l'on
appelle et que l'on vénère avec tant de force ? Somme nous la somme
de nos aspirations ou de nos méfiances ? L'écriture est aussi une catharsis
mais les cicatrices sont tiennes et tu es le seul qui peut les chérir à l'enchère que tu as toi-même fixé.
Beau cri !

Pentrick a dit…

Les chants désespérés sont les chants les plus beaux... et d'aucuns, d'une charogne firent une oeuvre d'art..

Mandy RUkwa a dit…

" j'aurais tant voulu
que tu fus la première..." mais elle l'est à bien des égards, non? KISSS

Paul Jolit a dit…

Très beau et remuant poème

Jmemêledetout a dit…

Et bien moi, j'ai tout lu, sans me suicider :-)

Mais c'est vrai que tu ne fais pas dans la dentelle lorsque tu descends dans les abîmes. Moi j'aime les gens qui vont au bout, ne se satisfont pas de pirouettes dès qu'il s'agit de se révéler avec honnêteté. Tu me touches de plus en plus, au fur et à mesure de mes lectures, j'y découvre un être d'une richesse et d'une sincérité incroyable, d'une élégance et d'un talent certain. Tu écris comme je fais de la musique, sans concession, même si la maîtrise de ton art est nettement supérieure à la mienne. J'aime aussi les gens qui nous tirent vers le haut.

J'ai juste deux questions :

1) combien de potentiels pourront-ils encore
ainsi s'effondrer ?

Pourquoi "pourront-ils" et non "pourront encore ainsi s'effondrer"

Pour moi ce "ils" est superflu.

2) Pourquoi des & en lieu et place des "et" ?

Par paresse ? Par déformation anglophone ? LOL

A part ceci, ce texte est magnifique. N'ai pas encore rattrapé tout mon retard sur ton blog, mais, cela viendra quand des choses beaucoup moins intéressantes me lâcheront la grappe.

CLAP CLAP CLAP !

Mandy RUkwa a dit…

le dernier strophe est émouvant :) c'est beau et vrai

Manoé a dit…

quand tu ne dors pas ça craint....oh la la...dodo Sha'..!

Élaine Germain a dit…

‎"je me réinventerai
jusqu'à noyer vos lèvres
dans l'oubli", j'adooore...

Claude Curutchet a dit…

C'est fort ... Je reprends mon souffle ... C'est beau ...

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