17 mai 2010

De l'éblouissement...

« La rencontre de l'univers réel des états totalitaires et du « poème » de Kafka gardera toujours quelque chose de mystérieux, et elle témoignera que l'acte du poète, par son essence même, est incalculable ; est paradoxal : l'énorme portée sociale, politique, « prophétique » des romans de Kafka réside justement dans leur « non-engagement », c'est à dire dans leur autonomie totale à l'égard de tous programmes politiques, concepts idéologiques, prognoses futurologiques.
En effet, si, au lieu de rechercher « le poème » caché « quelque part là-derrière », le poète s'engage à servir une vérité connue d'avance (qui s'offre elle-même est qui est « là-devant »), il renonce à la mission propre de la poésie. Et il importe peu que la vérité préconçue s'appelle révolution ou dissidence, foi chrétienne ou athéisme, qu'elle soit plus juste ou moins juste ; le poète au service d'une autre vérité que celle qui est à découvrir (ce qui est éblouissement) est un faux poète »

Milan Kundera, L'art du roman.

8 commentaires:

Susie Robichon a dit…

point besoin...cela résonne en chacun :)

Manoé a dit…

c'est Kafkaen... :(

Sigouline a dit…

Les poètes doivent s'occuper des petits zoziaux qui chantent, des fleurettes et des jolis nuages qui se promènent dans le ciel. Sinon ils deviennent de dangereux dissidents mettant en danger le bon fonctionnement de nos états. CQFD.

Élaine Germain a dit…

Je dois tout à Kundera. C'est en effet grâce à lui que j'ai ENFIN compris que mon plus gros problème n'était pas de ne pas aimer lire, mais bien que je détestais en fait lire ce que l'on m'a toujours donné à lire: les romans.
Et depuis, j'aime lire, mille fois plus qu'à la douce époque de mes "j'aime lire". Et puis aussi, grâce à Kundera, j'ai réussi à me défaire de cette croyance tenace et typique ment française que toute répétition était synonyme de maladresse. Alors merci encore, Milan, de m'avoir tout simplement libérée l'esprit pour mieux penser et enfin lire comme je l'entendais!

rosemarie a dit…

le poête est porteur de lumière
messager des dieux...et quand il se
tait tout devient gris .. et l'humain
se métamorphose en insecte amorphe...
le poête de tout temps et époque a une mission sociale de haute importance...mais de nos jours ils se taisent baîllonnés par la peur ..
hypnotisés par l'artifice et soûlés
par les fausses vérités...kafka
traduit la folie du monde la perte
de l'identité humaine...la robotisation ds masses...

Jmemêledetout a dit…

Hein ? tu ne peux pas parler français comme tout le monde ? :-)

Claude Clément a dit…

BRAVO pour ce que vous dites sur votre blog !

Claude Curutchet a dit…

Ah! les insomnies...

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