15 mars 2009

Beatnicks

Disons que ça se passe dans un café où les gens parlent tellement fort que personne ne s'entend parler. Alors personne ne parle plus. Comme, de fait, tout le monde s'ennuie, tout le monde part et le café fait faillite et tous les autres cafés de la ville affichent un panneau selon lequel il est interdit de parler. Ainsi, tout le monde s'entend à nouveau et les affaires reprennent.

Après que la presse ait oublié ces événements néfastes, un groupe de jeunes beatniks alcooliques se retrouve dans un appartement. Ils sont cinq. Il y a Alphonse, qui rit quand ses sourcils se froncent ; Dracula, qui approuve ; Elkador Endomorphine, qui parle de films zoophiles ; L'Ange, qui médite sur un sujet inconnu ; et Alexandre Cépagrave, qui n'est pas là mais c'est pas grave. Tout ce beau monde discute d'autres et de choses.

- J'suis dégoutté, la serveuse trop trop bonne de l'autre jour n'était pas au Chantecler ce soir !
- Mais c'est pas grave ! Il y a l'autre qui est très bien aussi.
- Ça n'a rien à voir ! Écoute : d'abord celle-ci n'est qu'un clone d'Agnès ! En plus, si tu observes bien, personne d'autre que toi ne m'écoute, ce qui prouve que personne ne m'aime !
- Attention, Elkador, tu as un bout de sucre, là.
- Où ?
- Là, sur le tapis.
- Ah, merci.
- Bon, je reprends. Donc, au vu du fait que personne ne m'aime, sauf toi, veux-tu m'épouser ?
- On n'est pas obligé d'en passer par là. D'ailleurs, c'est traître ta réflexion. Qu'est-ce que ça changerait que cette serveuse soit là ?
- Je pourrais la regarder. Écoute : est-ce que ça t'arrive de lire en travers, en ayant une idée intuitive de quelques mots, puis en comprenant la globalité de l'action ?
- Euh... Non.
- Moi non plus.

Gros blanc dans la conversation.

- Donc, il n'y a rien de traître dans mon discours.
- Ah...
- Mais si ! Ecoute : la moto rouge est plus rapide que la moto bleue, on est bien d'accord. Or cela démontre bien que : petit A personne ne m'aime ; GRAND b je peux très bien avoir un grand plaisir à regarder la serveuse sans avoir envie de la toucher. Tu vois ta mère ?
- Oui.
- Et ben voilà !
- N'empêche que tu réduis tout ça à une vulgaire course de voitures !
- Ça n'a rien à voir ! Je te parle de religion et tu me parles de courses de voitures !
- Mais au fond ça n'est qu'une histoire de vitesse, ton histoire de motos.
- Non, c'est un fait : la moto rouge est plus rapide que la moto bleue, et...
- Oui mais non. Elle n'est pas plus rapide !
- Si puisqu'elle la double, c'est bien qu'elle roule plus vite.
- Dans un premier temps, mais après elle roule à la même vitesse. Tout ça n'est guère qu'une histoire de course.
- Pas du tout ! La moto bleue a quand même tué neuf mille neuf cent quatre vingt dix neuf prêtres, ça n'est pas négligeable. Ce n'est pas comme si c'était la moto verte. Là ça ne serait qu'une histoire de vitesse.
- De toutes façons, la moto rouge pourrait changer de route, ce serait du pareil au même.
- Vraiment ?
- Oui.
- Bon.
- ...
- Ben on y va, alors.
- Oui.

Et ils rentrent chez eux.

(Texte écrit au printemps 1997. Je fumais beaucoup à l'époque ^^)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

comme quoi, il vaut mieux écrire sous l'emprise de l'alcool... non?

Thierry a dit…

M'a bien fait marrer celui-là mais j'ai absolument rien compris ! ^^ Rooooh c'est moche d'être sobre parfois, on comprends pas ce que les autres veulent exprimer ! lol

Nicolas Manenti a dit…

vive la moto bleue! depuis le temps elle a bien du dépasser les dix mille pretres non?

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