27 novembre 2008

Croire & savoir

« - Pendant quarante ans, j’ai cherché quelque chose qui n’existe dans le christianisme que de façon éparse, presque cachée. Tu imagines mon émerveillement quand, en ouvrant les Discours Longs du Bouddha, j’ai trouvé ça expliqué en peu de mots, comme une chose toute naturelle !
- Je suis bien obligé de constater, en voyant comment tu as pu survivre ici, que ce doit être quelque chose de sérieux. Mais moi, que veux-tu, je ne crois pas en Dieu.
- Moi non plus.
- Comment ! Mais bien sûr que tu y crois, ça se voit, ça se respire comme la fumée des bougies éteintes dans une église !
- Non. Je ne crois pas en Dieu.
- Allons, tu n’as pas à en avoir honte ! Ce n’est pas une maladie, et je t’assure que ce n’est pas contagieux, la foi ne me menace pas !
- Mais non, Wolfy, je ne crois pas en Dieu. On croit ce qui n’est pas évident, on choisit de ne plus douter. On croit en ce qui n’est pas tangible, en ce qui peut paraître absurde. On croit en l’irrationnel, à l’irréel : je ne crois pas, je constate.
- Quoi, tu constates quoi ?
- Je constate ce qui ne peut pas être nié, si on est un peu raisonnable. Ou plutôt j’ai constaté il y a longtemps, et ensuite les faits sont venus confirmer ma constatation. Je me range à l’évidence, le contraire serait sottise. Je ne crois pas en Dieu, je constate que Dieu est.
- Et ça n’est pas la foi, ça ?
- Non. On lutte pour justifier la foi, on décide de croire plutôt que de douter, on fait souffrir les autres, on tue au nom de la foi. On discute, on argumente, on asservit au nom de la foi. Quand il s’agit de constater une évidence, c’est beaucoup plus simple… et plus paisible. »

Michel Benoît, Bienvenue en Inde - une escale en enfer

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