Le monde se divise en deux catégories : ceux qui considèrent Star Wars comme un chef d’œuvre incontournable, et ceux qui n’y voient qu’un bon divertissement. Je ne reviendrai pas ici sur les vertus shakespeariennes de la saga Skywalker, tant elles me semblent évidentes, mais plutôt sur un aspect largement ignoré de l’œuvre de George Lucas : sa dimension politique ! La trilogie originale n’était déjà pas exempte de métaphores politiques : le totalitarisme de l’Empire était le fruit d’une époque encore marquée par l’ombre du nazisme, d’un monde encore à demi écrasé par le communisme ; sans parler de la double trahison du gouvernement Nixon envers le peuple américain : la guerre du Vietnam, imposée à une jeunesse qui n’en voulait pas, et le scandale du Watergate. George Lucas avait d’ailleurs déjà exprimé sa peur du totalitarisme à travers son premier film, THX 1138, libre ré-interprétation du 1984 d’Orwell et du Meilleur des Mondes d’Huxley, un film profondément humaniste et lucide ! Mais après tout, toute bonne saga de SF ou de fantasy se doit d’avoir un méchant cruel et puissant : l’Empire remplissait aussi (surtout ?) cette fonction dramatique.
Beaucoup plus complexes sont les manipulations politiques du Sénateur Palpatine dans le seconde trilogie, et leurs liens avec l’actualité sont si flagrants que je suis effaré de voir à quel point nul n’y fait jamais référence ! Dès l’ Épisode I, l’ennemi désigné (la Fédération du Commerce) rappelle étrangement des institutions qui font peur (l’OMC et le FMI, sans parler des multinationales). Le nerf de la guerre n’est d’ailleurs pas, pour la FDC, l’accession au pouvoir, mais l’augmentation des profits. On notera au passage le caractère hautement féministe du personnage de la Reine Amidala, digne successeur de la Princesse Leia (éternelle figure cinématographique d’une femme à la fois diplomate et guerrière, indépendante et forte). Dans les Épisodes II et III, le récit renvoie de nouveau à l’actualité : la façon dont Palpatine joue double jeu, fomente et nourrit un conflit militaire à seule fin de prendre, puis conserver, le pouvoir politique, ne renvoie-t-il pas à un certain George W. Bush ? L’instrumentalisation du terrorisme, la guerre sous de faux prétextes, le durcissement du régime au nom de la sécurité des citoyens… Autant de méthodes communes à Bush et Palpatine ! Le financement de l’ennemi afin d’ériger un épouvantail en est une autre : de même que Palpatine soutient en sous-marin les Séparatistes, les États-Unis ont longtemps armés les Talibans et l’Irak. Et de même que Palpatine écrase ses « pantins » lorsqu’il n’en a plus besoin, les Etats-Unis… Vous me suivez…
George Lucas a-t-il consciemment voulu cet aspect politique de son œuvre ? Il ne l’a jamais dit ouvertement. Mais, comme on nous l’apprend à l’école, il y a ce que l’auteur a voulu dire et ce que l’œuvre dit. Quelles qu’aient été les intentions de Lucas, son œuvre est éminemment plus engagée qu’il n’y paraît ! Quant à Lucas lui-même, beaucoup le considèrent aujourd’hui comme une vulgaire « major », bonne à abattre. C’est oublier à quel point le cinéaste a toujours lutté pour maintenir son indépendance vis-à-vis des géants d’Hollywood. Le tournage de la première trilogie fut un âpre combat contre la Fox tout d’abord, puis contre les puissants syndicats Hollywoodiens. Lucas est aujourd’hui a la tête d’un empire économique, mais il reste seul maître à bord de son navire et se dit conscient du paradoxe qu’il est lui-même devenu. Il continue pourtant de se revendiquer comme un cinéaste « indépendant » et le fait est qu’il l’est.
Star Wars, un simple divertissement ? Oui, mais aussi, en vrac : les six plus grands films de SF jamais réalisés ; un pamphlet politique anti-libéral, pro-démocratie et féministe ; une vulgarisation acceptable des spiritualités orientales ; une œuvre visionnaire qui révolutionna en son temps la manière dont on fait les films ; un progrès technologique majeur ; un rejet violent des studios hollywoodiens ; une tragédie héritière tant des Grecs que de Shakespeare ou Racine…
Pas si mal, pour un simple divertissement…
Beaucoup plus complexes sont les manipulations politiques du Sénateur Palpatine dans le seconde trilogie, et leurs liens avec l’actualité sont si flagrants que je suis effaré de voir à quel point nul n’y fait jamais référence ! Dès l’ Épisode I, l’ennemi désigné (la Fédération du Commerce) rappelle étrangement des institutions qui font peur (l’OMC et le FMI, sans parler des multinationales). Le nerf de la guerre n’est d’ailleurs pas, pour la FDC, l’accession au pouvoir, mais l’augmentation des profits. On notera au passage le caractère hautement féministe du personnage de la Reine Amidala, digne successeur de la Princesse Leia (éternelle figure cinématographique d’une femme à la fois diplomate et guerrière, indépendante et forte). Dans les Épisodes II et III, le récit renvoie de nouveau à l’actualité : la façon dont Palpatine joue double jeu, fomente et nourrit un conflit militaire à seule fin de prendre, puis conserver, le pouvoir politique, ne renvoie-t-il pas à un certain George W. Bush ? L’instrumentalisation du terrorisme, la guerre sous de faux prétextes, le durcissement du régime au nom de la sécurité des citoyens… Autant de méthodes communes à Bush et Palpatine ! Le financement de l’ennemi afin d’ériger un épouvantail en est une autre : de même que Palpatine soutient en sous-marin les Séparatistes, les États-Unis ont longtemps armés les Talibans et l’Irak. Et de même que Palpatine écrase ses « pantins » lorsqu’il n’en a plus besoin, les Etats-Unis… Vous me suivez…
George Lucas a-t-il consciemment voulu cet aspect politique de son œuvre ? Il ne l’a jamais dit ouvertement. Mais, comme on nous l’apprend à l’école, il y a ce que l’auteur a voulu dire et ce que l’œuvre dit. Quelles qu’aient été les intentions de Lucas, son œuvre est éminemment plus engagée qu’il n’y paraît ! Quant à Lucas lui-même, beaucoup le considèrent aujourd’hui comme une vulgaire « major », bonne à abattre. C’est oublier à quel point le cinéaste a toujours lutté pour maintenir son indépendance vis-à-vis des géants d’Hollywood. Le tournage de la première trilogie fut un âpre combat contre la Fox tout d’abord, puis contre les puissants syndicats Hollywoodiens. Lucas est aujourd’hui a la tête d’un empire économique, mais il reste seul maître à bord de son navire et se dit conscient du paradoxe qu’il est lui-même devenu. Il continue pourtant de se revendiquer comme un cinéaste « indépendant » et le fait est qu’il l’est.
Star Wars, un simple divertissement ? Oui, mais aussi, en vrac : les six plus grands films de SF jamais réalisés ; un pamphlet politique anti-libéral, pro-démocratie et féministe ; une vulgarisation acceptable des spiritualités orientales ; une œuvre visionnaire qui révolutionna en son temps la manière dont on fait les films ; un progrès technologique majeur ; un rejet violent des studios hollywoodiens ; une tragédie héritière tant des Grecs que de Shakespeare ou Racine…
Pas si mal, pour un simple divertissement…