D'abord, je dois redire
que je n'ai jamais été fan de la présidence de Nicolas Sarkozy que
j'ai trouvé « puante » pour l'essentiel ; et que si
j'avais voté l'année dernière, je n'aurais jamais voté pour lui.
Pour autant, derrière la diabolisation ambiante, je me suis toujours
efforcé de ne jamais oublier que cet homme n'est précisément qu'un
homme parmi les hommes, avec ses convictions et ses carences.
J'ajouterai pour le principe que je n'ai jamais non-plus pris
position quant au globi-boulga palestino-israëlien, qui me fatigue
plus qu'autre chose et qui me semble trop complexe pour désigner des
gentils et des méchants (ils sont, en fait, TOUS méchants !).
Ce qui m'intéresse
aujourd'hui, alors que Sarko n'est plus chef d’État, c'est cette
« anecdote » rapportée par les médias, selon laquelle il
a été rémunéré cent-cinquante-mille euros pour une intervention
de quarante-cinq minutes auprès de l'élite juive suisse, et a fait
scandale en critiquant le comportement d'Israël vis-à-vis de la
Palestine. Rappelons que de manière générale, critiquer Israël
est davantage assimilé à une position de Gauche franco-française que de Droite pro-américaine. Pourtant, fort de son salaire
scandaleusement élevé (ça fait frémir : plus de dix ans de
smic pour une demi-journée de travail mais après tout, si des
gens étaient assez cons pour me payer cette somme, je l'accepterais
volontiers et vous aussi !), Nicolas Sarkozy s'en est allé,
« mal rasé » et « de mauvaise humeur »,
prendre position face à la crispation israélienne devant une
assemblée pro-sioniste.
L'ex-président aurait en effet
déclaré que « le gouvernement israélien enferme l’État
hébreux dans les murailles de Jéricho » et que « la
diaspora juive et la communauté internationale doivent faire
pression sur Israël pour l'obliger à reprendre les négociations
avec les Palestiniens », propos qui auraient été fort mal
accueillis par l'assemblée en présence (tu m'étonnes !).
Nicolas Sarkozy, atlantiste par excellence, aurait certainement pu se
priver de cet éclat et encaisser son chèque en tenant langue de
bois. Pourtant, le voilà qui provoque ceux-là mêmes qui l'ont
rémunéré afin d'affirmer une opinion qui donne à
la France – dont il reste représentant au yeux de la communauté
internationale – une position de relative neutralité, en tout cas
non-sioniste, à l'heure où notre pays est engagé dans un conflit
contre les islamistes maliens.
L'air de rien, Sarko assure au
monde musulman que la France, dans son « choix malien »,
ne s'oppose nullement à l'Islam dans sa globalité, se veut
objective et ne saurait de fait être accusée de pro-sionisme
(argument sans cesse repris par les islamistes en manque
d'inspiration). C'est, pour Sarkozy, une manière de protéger la
France d'une opinion publique défavorable dans le monde musulman et
de défendre, de fait, les intérêts français aux dépends de ses
intérêts personnels (qui sera prêt à payer de nouveau
cent-cinquante-mille euros pour se faire humilier en public ?).
Nicolas Sarkozy, encore
jeune, certainement nanti et donc plein d'avenir en dépit de l'échec
cuisant (et à mon avis mérité) qui a été le sien en 2012, commet
peut-être par cet « éclat » le premier pas d'une
réhabilitation. Lui qui a tant été accusé d'être vendu aux
intérêts des uns et des autres (du MEDEF aux États-Unis) et de
monter les uns contre les autres à des fins électorales (il l'a
fait et c'était une honte), détient enfin l'occasion de se racheter
aux yeux des Français en étant ce que les enjeux électoraux ne lui
ont finalement jamais vraiment permis d'être : vraiment,
totalement au service de son pays. Non pour dire qu'il faille à tout
prix être au service de son pays, mais c'est un minimum lorsque l'on
est président ou ancien président !
Alors je n'ai qu'une
chose à dire à ce sujet : continuez, Monsieur Sarkozy, de dire
ce que vous pensez au risque de perdre du fric ! Vous gagnerez
peut-être, ENFIN, l'estime de cette France qui vous a tant méprisé !