14 août 2011

The India Experience - 6/ The Pushkar Experience (Pt.1)

Premier voyage en Inde, février-mars 2001.

Décollage ici.
Expérience précédente : The Highway Experience.


12 février 2001 - 23 février 2001 : The Pushkar Experience, Pushkar et ses environs (Rajasthan)

Le bus me débarque à la bordure d'Ajmer, une petite ville sans intérêt. Je décide, en dépit de mon épuisement, du cagnard et de mon sac à dos, de parcourir à pieds les onze kilomètres qui me séparent de Pushkar, afin d’économiser quelques roupies. Sur le chemin, une famille qui ne parle que le rajasthani insiste pour m’offrir le petit déjeuner. Je passe une demi-heure dans la cour de leur humble maisonnette, à communiquer de la façon rigolote dont on communique lorsque l’on n’a aucune langue commune. Les jeunes enfants sont ravis de cette présence inhabituelle et leurs parents me font comprendre qu’ils seraient heureux de m’accueillir plus longtemps, mais je leur signifie que mon destin m’attend à Pushkar. Je reprends la route avec leur bénédiction.

Pushkar est un joli village perdu au milieu des montagnes et du désert, bâti autour d’un petit lac. C’est aussi un lieu sacré de l’hindouisme et, très logiquement, un repaire de baba-cools. L'eau du lac est censée laver le karma de celui qui s'y baigne, et ce depuis la nuit des temps. Il aura pourtant fallu attendre le dix-neuvième siècle pour que l'occupant anglais, las des absurdités indiennes, capture et déplace les crocodiles dont le lac était infesté. Avant cela, les pèlerinages entraînaient leur lot annuel de victimes et personne ne jugeait utile de s'en alarmer. Pushkar est également voué aux mariages : les familles hindoues viennent de toute la région pour y célébrer leurs noces. La ville met à leur disposition des fanfares ambulantes, qui parcourent quotidiennement les ruelles en jouant peu ou prou… n'importe quoi ! Chaque musicien joue « tout seul » au milieu des autres, sans que nul ne se préoccupe d'interpréter quelque chose de cohérent. Pour faire bonne mesure, cette cacophonie est bien sûr amplifiée par une sono dégueulasse. Entre deux fanfares, on croise une multitude de vaches sacrées, obèses et heureuses.

Je loue une chambre afin de m’accorder une nuit de répit, puis je commence à m'informer auprès des gens du cru, quant aux possibilités d’aller camper seul dans le désert. J'ai beau être au courant de l'arnaque, un jeune brahmane trouve le moyen de me bénir au bord du lac, supposément gratuitement. Lorsqu’il me dit – au cours de la bénédiction – que je trouverai une femme « comme ma mère », j’hésite à me jeter dans le lac pour m’y noyer, ou bien à l’y jeter lui. Puis je me raisonne en me disant que tout brahmane qu’il soit, sa prophétie échappera à l’attention des dieux. Le truc consiste à me faire répéter toute la prière, phrase après phrase. Lorsque, au bout de cinq bonne minutes, nous parvenons à la phrase « et pour me remercier, tu vas me donner trois-cents roupies », mon cerveau est tant et si bien conditionné que je prononce « et pour te remercier, je vais te donner trois-cent roupies ». Et une fois qu'on l'a dit… Bon, ça n'est que vingt-cinq francs, mais ces vingt-cinq francs pèsent lourd dans mon maigre budget ! Je paie et m'en vais grognon. Je papote ensuite avec un gosse de neuf ans, qui a tout vu et qui m’explique ce que je sais déjà, à savoir que je viens de me faire berner par un escroc. Le gosse vit seul avec sa mère depuis la mort de son père. Leur famille est misérable. Chaque jour au sortir de l'école primaire, ainsi que les week-ends, il fait le porteur pour un commerçant, afin de contribuer au budget de la maison. Il est aussi éveillé que bien élevé et il ne me demandera jamais la moindre roupie. Je lui expose mon histoire de désert et lui demande s'il a une idée sur la façon dont je pourrais m'y nourrir. Il ne voit comme solution que d’emporter du pain en tranches.

Par la suite, nombre de locaux m’affirment que je m’apprête à commettre une folie, que je vais me faire dépouiller par quelque brigand. Comme je réalise que tous les mécréants du village seront bientôt au courant de mon expérience, je réponds invariablement en haussant les épaules que « Dieu me protégera ». Ce faisant, je mise sur la tradition indienne, qui veut que l’on ne dépouille pas un ascète qui s’en va méditer dans le désert en invoquant la protection divine. Moins respectueux des usages sont les singes, car on rencontre dans les rues de Pushkar une sorte de grands singes gris-blancs. Comme je déambule avec quelques pâtisseries en main, je me retrouve assiégé par dix de ces individus. Sans autre forme de politesse, ces messieurs exhibent leurs immenses crocs : ils exigent que je leur cède immédiatement ma pitance, sous peine de passer un mauvais quart d'heure. Un chien tente aussi sa chance et se fait chasser par les primates. Un Indien me tire d’affaire en les menaçant d’un caillou, puis me montre comment leur offrir des graines, dans le creux de la main. L’incident diplomatique est évité et je repars en bon termes avec la communauté des singes.

Le lendemain, je grimpe sur la colline la plus proche, afin de repérer la direction la plus appropriée. Là, je fais la connaissance des chèvres indiennes : leurs adorables bouilles les rendent fort différentes de leurs consœurs européennes. Je suis amoureux ! Je traînasse tant et si bien que je pars à l’aventure peu avant le crépuscule. Chargé de mon lourd sac à dos et d’un bidon de six litres d’eau à chaque bras, j’affronte sans sourciller la chaleur. Le remplissage des bidons, à une fontaine publique, m'a valu un étonnement sans borne de la part des gens alentours. « You drink Indian water?! ». Je précise que je ne la boirai pas sans l'avoir purifiée à l'aide de pastilles, mais même : ils sont admiratifs. La marche est épuisante mais je tiens bon. Les choses se corsent une fois la nuit tombée : les dunes – désormais invisibles – me font trébucher sans arrêt. Je commence à me demander ce qui m’a pris de partir aussi tard ! J'hésite à camper sur place mais l'endroit ne s'y prête pas : je m'estime encore trop près du village pour être en sécurité. Un camel driver dénommé Gopal surgit alors des ténèbres, me demande ce que je fiche ici, à une heure pareille, avec tout mon attirail. Je lui décris mon hasardeuse entreprise et il me convainc de le suivre en lieu sûr, ajoutant qu’il me conduira gratuitement où je voudrai dès le lendemain. Comme j'hésite, Gopal m'explique que son voisin est un médecin à la retraite, qui a exercé au Canada et en Europe. Cet homme respectable, promet-il, sera heureux de m'héberger pour la nuit. Le médecin s'avère en effet un homme des plus honorables, qui m'offre le gîte et le couvert. Il est venu finir ses jours dans son pays, mais il peste contre la corruption qui ronge l'Inde de l'intérieur. Je pourrais dormir tranquillement sur le canapé mais, selon une logique bien à moi et qui m'échappe tout à fait au moment où j'écris ces lignes, j’insiste absolument pour planter ma tente dans le jardin. L'expérience prend une bonne demi-heure, compte tenu qu’on n’y voit rien et que je n’avais jamais monté cette fichue tente auparavant. Je m'endors épuisé, mais satisfait d'avoir cédé une fois encore à mon légendaire entêtement.

Au petit matin, le médecin m'offre un petit déjeuner copieux et Gopal tient sa promesse. Il me fait même goûter à son whisky frelaté, alors que la charrette tirée par un chameau nous plonge dans le désert. Comme je m’étonne de sa générosité dans un pays où tout se paie, il m’explique qu’il s’efforce d’être bon pour améliorer son karma. Il est fort pauvre et il espère une réincarnation plus fortunée. Il me raconte un peu sa vie. Ses parent l'ont marié à l'âge de quatre ans avec une petite fille qui est aujourd'hui la mère de ses enfants. Je m'étonne de ces épousailles précoces et il me rassure : le mariage, longtemps symbolique, ne fut consommé qu'une fois le couple devenu adulte. Dieu sait pourquoi, nous évoquons ensuite les femmes qui, à Pushkar, dessinent au henné sur les mains des touristes. Gopal m'explique qu'elles se prostituent volontiers : si je le souhaite, il peut « arranger ça » pour moi à mon retour du désert. Les jeunes femmes en question sont d'une beauté bouleversante mais mon principe de ne pas payer pour baiser s'applique ici comme ailleurs. Gopal m'abandonne finalement au milieu de nulle part et je le remercie chaleureusement. Puis je m'en vais trotter sous la canicule avec mes bidons, légèrement enivré par le whisky.

Au bout d’une heure, ratatiné de fatigue et dégoulinant de sueur, je remonte ma tente et commence ce qui, je le sais, ne sera qu’un avant-goût de la véritable Desert Expérience. Celle-ci, je la mettrai en œuvre à Jaisalmer et j’ai d'ores et déjà prévu de l’organiser un peu mieux. Les alentours de Pushkar sont trop peuplés pour que je puisse m’exiler totalement : j’entends au loin le bruit des fermes et des routes. Je passerai les jours suivants à changer d’emplacement chaque matin, et chaque jour au moins un Indien passera par là. Cinq jours durant, je ne me nourris que de pain en tranches de la marque Laxmi Bread. Il y a un petit moment de stress, lorsqu'un groupe de paysans (deux femmes et trois hommes) s'offre une longue halte à mon campement. Ils se dégage d'eux quelque chose de très désagréable, une sorte d'avidité malsaine. La tribu semble menée par la plus âgée des deux femmes, une espèce de sorcière qui me met profondément mal à l'aise. Elle me demande plusieurs fois si j'ai un appareil photo, une caméra, etc. Je ne crains pas une agression immédiate : les trois hommes sont chétifs et comme je l'ai déjà dit, il n'est pas moins effrayant qu'un Indien. Je crains par contre qu'ils ne reviennent en force pendant la nuit et me pillent. À peine sont-ils partis que je plie bagage. Je ne me réinstalle qu'à une heure de marche de là.

N'ayant rien d'autre à faire, je passe mes journées à écrire, notamment pour Small City et divers projets de bandes dessinées. Je consigne un fantasme majeur : « un système qui me permettrait de diffuser immédiatement tout ce que je produis, sans les complications techniques d'une revue papier ou d'un site internet ». Je découvrirai plus tard que ça existe et que ça s'appelle un blog. Lorsque je ne travaille pas, je tue le temps en potassant mon Lonely Planet. J'apprécie également de ne rien faire du tout, juste flâner sur ce sable qui s’infiltre partout, se colle à ma transpiration et devient comme une seconde peau. Le soir, le ciel complètement dégagé, blindé d'astres, est souvent traversé d'étoiles filantes. Je n'en avais jamais vu avant, c'est un régal.


Prochaine expérience : The Pushkar Experience (Pt. 2).

30 commentaires:

Mandy RUkwa a dit…

Et je poursuis ton chemin avec une appréhension qui frise le stress...Tu me donnes envie de fuir et de rester en même temps, jusqu'où donc iras-tu cher Shaomi? Le karma à améliorer est une bonne chose, ça t'aura évité quelques bévues j'imagine. cette femme-sorcière, non, je n'ai aps confiance non plus...à te suivre donc, KISSS

Manoé a dit…

j'aime ces personnes qui donnent leur bénédiction au fil du trajet...c'est réconfortant de penser que quelque part, tu es connecté à l'univers par des ramifications tenues mais si...authentiques! j'ai vu des reportages sur Puskar, ces musiciens cacophones qui font du bruit...« et pour te remercier, je vais te donner trois-cent roupies » --> ça c'est du professionnalisme! Les singes agresseurs, dangereux non? "un bidon de six litres d’eau au bout de chaque bras" tu es ouf...j'admire ta détermination! Que les étoiles filantes continuent de t'éclairer la route petit frère....ton récit me plaît beaucoup Sha et j'en redemande...bises!

Élaine Germain a dit…

Tu m'as bien fait rire avec ta tente en plein jardin! De l'eau indienne et du pain de mie en plein désert... Tu me fais frémir, toi! Heureusement que la force inépuisable des mots sont indissociablement en toi et avec toi, pensés et écrits (pour notre plus grand plaisir).Et dire, qu'en plus cette expérience du désert ne fait que commencer!Arghh...

Fabrice Brunet a dit…

Shaomi je n'ai qu'un mot que j'avais formulé avant de d'arriver sur le mot de la fin de ton texte, un plaisir Régalien !

Nadir Dadi a dit…

merci de m avoir confirmer l envie de voyager dans ce monde fabuleu dans lesquel nous vivons.

Stéphanie Plume a dit…

légendaire entêtement hein? ;)
hâte de lire la suite tiens :D
des bises par ici

Nadir Dadi a dit…

tres belle façon de voir les choses...:)
mais ou est la seconde partie?

Anonyme a dit…

Je lis quotidiennement vos écrits et j'apprécie vraiment beaucoup.
D'ailleurs je devais partir en Inde en fin d'année car je suis invitée à un mariage d'un ami français;mais j'ai refusé par peur de ne pas supporter la misère ambiante;peur de ne pas supporter de voir ces enfants quémander de la nourriture;ma sensibilité pourrait me jouer des tours et j'ai préféré refuser plutôt que d''avoir de telles images en tête;peut-être est ce une erreur mais j'avoue ne pas en avoir la force.

El Che a dit…

Merci de publier ces chroniques, je veux aller en Inde un jour. Ça va m'aider. Par contre, je suis hésitant pour des endroits comme Varanasi, qui bien qu'ils sont très spirituels, sont très malpropres. Les eaux du Gange sont très polluées par les égouts et l'agriculture.

Radianxe a dit…

Baigne toi juste pas dedans; La première fois que j'ai tracé la route avec une voyageuse en Asie, c'est parce qu'elle était seule dut au fait que sont dernier compagnon était mort trois jours après avoir piqué une tête dans le gange à Varanasi. Et je conseille vivement les bouteilles en plastique

El Che a dit…

Il est mort d'être tombé dans le Gange ou il est mort d'autres choses ? Évidemment, si je vais à Varanasi, je m'éloigne de l'eau et je n'embarque pas dans un bateau non-sécuritaire du genre qui peut chavirer ou d'où on peut tomber facilement.

Radianxe a dit…

Il est mort à cause de l'eau, notre système immunitaire à nous occidentaux ne supporte tout simplement pas tout ce qui se trouve sous et dessus la surface de cette eau mythique.

El Che a dit…

Mais c'est terrible ! Je disais en blague qu'il devait y avoir des touristes occidentaux qui se baignaient dans le Gange mais je savais pas qu'on pouvait en mourir.

Note à moi-même : quand je vais aller à Varanasi, ne pas embarquer dans un bateau pas sécuritaire et s'éloigner du bord de l'eau.

Radianxe a dit…

Stress quand même pas trop, sa fait partie de la vie!

El Che a dit…

J'ai trouvé de drôles de sujets de discussions d'occidentaux qui souhaitaient se baigner dans le Gange à Varanasi. Certains sont tombés malades et d'autres n'ont rien eu (il avait de l'eau jusqu'aux chevilles). Évidemment, cette idée dégoûtait un bon nombre de gens. Il faut pas oublier que non seulement le Gange reçoit toutes les pesticides de l'agriculture et les eaux d’égouts mais aussi des restes humains, des cendres humaines et d'animaux.

Sinon, merci pour tes chroniques, j'ai pas trop le temps de les lire ces temps-ci à cause du Cégep, mais elles sont prises en note pour que je puisse aller les lire durant mes temps libres.

Patatartiner a dit…

Un rite initiatique bien risqué que tu as entrepris là ! J’apprécie de le lire bien tranquille devant mon PC, savourant un thé (ben oui, pour l'ambiance !). Seul regret, j'aurais bien aimé voir la tête des chèvres, et des singes racketteurs et surtout du soleil se couchant sur le désert !

Anonyme a dit…

A toi, Shao, le grand voyageur : on , enfin ... J'aimerais bien te voir encore sur myspace que tu agrémentes de ta singularité . Et, de plus , je pense qu'il faut absolument défendre sa langue, surtout quand elle est aussi belle que la tienne . Je suis très heureux de pouvoir lire tes récits de voyage-découverte et , ton travail sur ton roman se soldera par un succès, je le pense . A bientôt . Toute mon amitié .

Yann2013 a dit…

Très bon récit ;) , merci pour le partage

GIBBON a dit…

Avec les singes... Faut savoir s'y prendre ;0))...

Cachou a dit…

Sacrée expérience là encore. Où on s'aperçoit que la zénitude, c'est vraiment du boulot ! Curieuses luttes entre soif de rencontres et envie de solitude, entre des relations de confiance et des suspicions -les unes paraissant tout aussi subjectives que les autres (mais, je suis d'accord, il faut faire confiance à son instinct !), entre des entêtements et des lâcher-prises.
A part ça, jeune homme, parlez-moi donc de votre mère :-)

L'itinérante a dit…

Y a quelques 'tites coquilles, tu as écris "mes ces vingt-cinq francs" et "j'ai dors et déjà".
A part ça, le ciel traversé d'étoiles filantes est un régal et tout autant celui de te lire.

Patatartiner a dit…

Parler par les larmes oui, j'aime cette image... 70 % de ce qui nous compose, c'est parfois plus fort que des mots ; plus intérieur et plus précieux ^^

Patatartiner a dit…

Whaw, un caillou(x) si concentré qu'il en arrive à faire fuir une tripotée de singes mérite bien d'être pluriel (Oui, je fais ma Titine aussi ^^)...
En tout cas, tu nous fait voyager autant que toi, tant ce texte est plein de liens humains ou pas !
Ben, je retourne au monologue d'Erutirce, auquel j'ai coupé court de peur de perdre la sensation de désert qu'avait distillé ton texte en moi !

boudune a dit…

J'aime tout,le désert,les rencontres et cette vie dans tes pas. Ça bahute,et c'est bon.

Gévé a dit…

Dans ce texte, il y a toi, ton « je », ses perceptions et ses souvenirs, ses pensées par conséquent et, en plus de tout ça, ton corps qui est un incorrigible bavard qui a faim, soif et qui est fatigué du cagnard et du sac à dos !

nidjitt a dit…

un désert peuplé de singes, de cailloux et d'étoiles.....belles images de voyage à la boussole de l'intuition.....

Mandy Rukwa a dit…

une rencontre comme on aime lorsqu'on est ailleurs....:) merci!

Claude Curutchet a dit…

Je ne sais plus quoi dire : magnifique de sobriété, une écriture stylée et efficace ... C'est mièvre comme appréciation. C'est excellent, merci Shaomi. Toujours un bonheur de te lire .

Priya Goel a dit…

I have to re read again right from the beginning your whole India experience Shaomi, but really its captivating your travel diary, luving it, wish I was with you on your travels!

Isabelle Janvier a dit…

raconte moi encore ... J'aime les histoires simples :)

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