Premier
voyage en Inde, février-mars 2001.
12
février 2001 - 23 février 2001 : The Pushkar Experience,
Pushkar et ses environs (Rajasthan)
Presque
chaque nuit, je fais des cauchemars concernant ma mère qui m’attaque
de toutes les façons imaginables, parfois vivante et parfois sous la
forme d'un zombie. Je sais que les pilules antipaludiques que je gobe
quotidiennement provoquent des rêves bizarres, alors je ne m’en
inquiète pas outre-mesure, mais vient un moment où je commence à
me demander à quoi bon qu’elle soit morte si c'est pour me hanter
ainsi… Je voudrais bien rêver d’elle douce et gentille, histoire
de rester sur une meilleure impression, mais ça serait tricher par
rapport à la femme qu’elle était. C'est ici, dans le désert,
qu'il va me falloir faire le deuil de ma mère. J'aime autant faire
ça ici qu'à Lyon… Je suis encore touché de près par son décès
mais je ne suis pas triste. Je l'ai été sur le moment, dans les
heures qui ont suivi. Ça n'a pas duré longtemps. J'ai tout de même
pleuré une dernière fois à la crémation. La semaine d'après,
j'étais complètement paumé : c'est une expérience étrange
que d'être à demi orphelin, que de perdre l'une des deux personnes
qui ont tapissé notre enfance. Après, tout dépend de quoi elles
l'ont tapissée… Je me demande, entre les dunes, ce que je lui dois
à cette femme. Mon amour des livres, de la musique, du cinéma, de
la connaissance… Mon père proteste que je me consacre à la
création artistique, que je n'ai pas un « vrai métier ».
Mais enfin il faudrait qu'il se rappelle que ma mère et lui m'ont
élevé dans cette idée qu'il n'est rien de plus grand que l'art.
Alors finalement, mes choix professionnels ne font que se conformer à
mon éducation ! Mais mon père est en vie, et ma mère est
morte. Cette garce persiste à me poursuivre dans mes rêves mais
elle est bien morte. Je me demande ce que je lui dois, à cette
femme. Des nuits entières à me faire rouer de coups, insulter,
humilier, cracher dessus… Voilà ce que je lui dois surtout :
une vie entière à guérir de sa violence, de sa haine, des
blessures affectives qu'elle m'a léguées… Cette femme que j'ai
tant aimée, je l'ai vue basculer dans la folie et l'alcoolisme
depuis mes six ans. Je l'ai vue essayer d'entraîner tout le monde
avec elle dans le gouffre sans fond de sa démence. Cette femme que
j'ai tant aimée m'a poussé à la haïr, mais ma haine n'a jamais pu
se départir tout à fait de l'amour d'un enfant pour sa mère. C'est
pour ça que j'ai pleuré. Non pas en mémoire du monstre qu'elle
était devenue, mais en mémoire de la mère aimante qu'elle avait
brièvement été. Cette femme là, en 2001, était morte depuis bien
longtemps… Lorsque, en 1991, quatre ans après le divorce, je me
suis réfugié chez mon père pour échapper à cette folle, ma mère
s'est installée chez ma grand-mère. Celle-ci coulait des jours
heureux à Cannes, auprès d'un amant retrouvé lorsque tous deux se
trouvèrent veufs. Ma mère ne travaillant pas, elle n'avait plus
qu'à se laisser aller complètement. Paranoïaque, alcoolique,
ressassant inlassablement les mêmes histoires, avec ses livres, ses
films et sa musique pour seule compagnie… Tout alla ainsi jusqu'à
ce que le compagnon de ma grand-mère décède en 1998. Ma grand-mère
fut bien forcée alors de réintégrer son domicile, mais ma mère
s'en trouva indélogeable. Ma tante et moi lui proposèrent mille
fois de l'aider à déménager, ma grand-mère de payer le loyer d'un
autre appartement. Rien n'y fit. J'ai d'abord mis ça sur le compte
de l'immobilisme. J'ai compris finalement qu'elle se délectait
d'avoir enfin, de nouveau, une victime.
Elle n'osait certes pas lever la main sur sa propre mère. Mais cette
vieille femme de quatre-vingt-dix ans n'avait plus le tempérament
qu'elle avait jadis. Ainsi ma mère put-elle se livrer à des scènes
qui duraient des nuits entière, empêchant ma grand-mère de dormir,
la traitant de tout, lui hurlant dessus, l'accablant de reproches
plus insensés les uns que les autres… La vieille femme tint bon :
elle survécut à sa fille. Moi je n'y tint plus : je cessai
d'entretenir toute relation avec ma mère. J'étais bien forcé de la
voir, puisqu'il fallait bien que je voie ma grand-mère et que l'un
n'allait sans l'autre. Mais je lui parlais le moins possible. Ce
qu'elle m'avait fait à moi, je pouvais encore concevoir de parvenir
à le lui pardonner un jour. Ce qu'elle faisait subir à ma vieille
grand-mère, que j'aimais tant, j'en serai à jamais incapable.
Par
une belle journée de septembre 2000, ma mère m'annonça qu'elle
souffrait d'un mal étrange et qu'elle allait subir des analyses.
J'allai la voir : elle fut infecte comme à son habitude. Deux
semaines plus tard, elle me téléphona de nouveau : on lui
avait diagnostiqué un cancer du pancréas. Il n'y avait aucun
espoir. Il lui restait, au plus, six mois à vivre. Elle s'empressa
d'ajouter qu'avec la vie qu'elle menait, vivre ou mourir la laissait
indifférente. Ça tombait bien, je n'avais pas envie de m'en
émouvoir. Je savais bien, pourtant, que ce qu'elle venait de
m'annoncer était d'une importance capitale, que je n'en sortirai pas
indifférent. Elle fut hospitalisée peu après. Fin octobre, je
décidai de lui donner une dernière chance. Peut-être, la mort
approchant, elle allait souhaiter une réconciliation, un
rapprochement, quelque chose d'un peu constructif entre nous. Elle
n'avait jamais reconnu la gravité des atrocités qu'elle m'avait
fait subir : ce n'est pas à la victime de supplier son
bourreau. Je lui donnerais une chance de faire le premier pas mais je
ne proposerais rien moi-même. Fumant comme un pompier dans sa chambre
d'hôpital au grand effroi des infirmières, elle ne trouva à me
dire que des choses désagréables. Lorsque je lui dis au-revoir, je
sus qu'on ne se reverrait plus, en tout cas pas avant la toute fin.
J'étais en train de tomber fou amoureux de la jeune fille aux yeux
de miel, j'étais embarqué dans toutes sortes de projets artistiques
passionnants, je devais co-gérer deux structures culturelles, je
devais bosser tous les week-ends car mon père était sur le point de
cesser toute contribution financière, j'étais empêtré dans une
guerre pseudo-idéologique avec des intégristes débiles. Bref,
j'avais des chats à fouetter sur tous les fronts. Je n'allais pas en
plus m'imposer l'agonie d'une mère qui me méprisait. On me dit cent
fois que c'était ma dernière chance de partager des choses avec
elle, que je devrais y aller, que j'allais le regretter ensuite… Je
répondais que c'était un risque à courir, que j'assumais.
Mi-décembre, j'avais pris la décision de ce voyage en Inde. Ma mère
était censée survivre jusqu'au jour de mon départ, et je me
demandais si j'allais la retrouver en rentrant. Tant pis, ce voyage
s'imposait à moi et il s'imposait en février. Il y a des intuitions
que la raison ignore…
Pour
Noël, ma mère fut autorisée à sortir de l'hôpital. Son état
s'était considérablement dégradé. Un repas de famille eut lieu
chez ma grand-mère, avec ma tante et mon cousin. Je n'y allai pas.
Ma tante et mon cousin me firent ensuite le récit d'une journée
sordide, d'une mère plus cinglée et cinglante que jamais, me dirent
que j'avais bien fait de m'épargner ça. Cinq jours plus tard, on
m'annonçait que cette fois c'était la fin. Pour de vrai. Une
question de jours. Une semaine, tout au plus. Le 31 décembre, je
pris mon courage à deux mains et un train pour Vienne. Ma mère
était dans la chambre 319. Elle y est morte. 319 :
le titre d'une chanson de O(+>. Je baignais dans les
synchronismes. Je la trouvai inconsciente, complètement shootée à
la morphine. On m'assura qu'elle n'avait pas souffert, que les doses
avaient été augmentées progressivement, qu'on ne la laisserait pas
reprendre conscience sous peine de douleurs inimaginables. Amen. Je
passai l'après-midi à son chevet, un peu scotché à vrai dire.
J'allais de temps à autre me ressourcer dans le parc, me sortir de
cette chambre morbide. Je passai le réveillon chez moi, en
« famille », avec Florence Bordarier, Fred G., Ben T.,
Céline R…. Ce soir-là, je rencontrai pour la première fois la
poète et photographe Caroline eRre, qui deviendrait une amie. J'étais dans un état bizarre,
un peu déconnecté, mais heureux d'être avec des proches. Ce fut,
somme toute, un réveillon bien meilleur que nombre des habituelles
grosses fêtes… Le lendemain, j'y retournai, et le jour d'après
encore. Ma mère ressemblait exactement à un zombie, comme dans les
films de Romero. Sa peau était jaune, non pas jaunâtre mais jaune.
Ses traits étaient creusés. Dieu sait quelle expression aurait eu
son regard si ses yeux n'avaient été clos. J'y passai les deux
après-midi, suffoqué par la glauquitude
de la situation. J'étais relayé à son chevet par ma grand-mère et
un cousin éloigné, que je n'avais jamais rencontré avant. Parfois,
je parlais à ma mère. Je ne sais plus trop ce que je lui racontais,
juste que je l'aimais (c'était vrai) et que je la pardonnais pour
tout ce qu'elle m'avait fait (c'était faux, mais je voulais qu'elle
parte en paix : on ne maudit pas un ennemi à terre). Il
arrivait qu'elle fasse des petits bruits, ou qu'elle bouge un peu.
Comprenait-elle ? N'était-ce que les réactions de quelqu'un
qui sommeille au son d'une voix familière ? Je ne le saurai
jamais et à vrai dire je m'en fiche. C'était difficile de lui
parler pourtant, parce qu'à chaque fois je me mettais à chialer
comme une madeleine, et j'avais du mal à prononcer. À la fin de
cette troisième journée, donc, il devait être je sais pas,
dix-sept ou dix-huit heures, nous décidâmes qu'il était temps de
partir, ma grand-mère, le cousin et moi. Nous reviendrions le
lendemain, bien-sûr. Alors que nous étions sur le pas de la porte,
ma mère commença d'avoir des spasmes. Rien de spectaculaire, mais
c'était suffisamment anormal pour que nous appelions l'infirmière.
Celle-ci jeta un coup d'œil à tous les bordelocardiogrammes,
prit le pouls de ma mère, se tourna vers nous et nous dit d'une voix
calme : « C'est la fin ». Je me suis assis à son
chevet, je lui ai doucement caressé les cheveux. Ma grand-mère et
le cousin étaient debout, au pied du lit. J'étais seul à la
toucher. Je lui ai peut-être pris la main aussi, je ne me souviens
plus. Je me souviens juste que je lui caressais les cheveux. Elle a
continué de spasmer
un peu, pendant peut-être une minute ou deux, puis elle a eu comme
un grand soupir, et c'était fini. Elle ne bougeait plus. Elle ne
respirait plus. Elle était morte. Ma maman était morte.
J'avais
déjà vu des morts, mais je n'avais jamais vu quelqu'un mourir. J'ai
beaucoup pleuré dans la chambre. Nous sommes partis et j'ai dis à
ma grand-mère que je dormais chez elle, parce que je ne voulais pas
la laisser seule. J'y ai dormi deux nuits. Lorsqu'on est arrivé dans
son appartement, j'ai longuement pleuré dans ses bras. Ma
grand-mère, cette femme forte, qui m'avait dit quand j'étais petit
qu'elle ne pleurait jamais devant autrui, qu'elle ne le faisait que
seule, cachée. Elle a tenu bon, la bourrique : sa fille aînée
venait de passer l'arme à gauche, et elle n'a pas versé une larme.
Et puis elle m'a posé cette question, cette question absurde, la
question la plus idiote qu'on m'aie jamais posé en vingt-quatre
ans : « Pourquoi tu pleures ? ». Je l'ai
regardé dans les yeux, gentiment, et je lui ai dit : « Parce
que tu ne pleures pas ». Je crois, en fait, que cette réplique
provient d'un film, je ne me souviens plus lequel et peu
importe : j'avais vu quelqu'un faire cette réponse à la même
question dans un film et j'ai refourgué la réplique à ma
grand-mère, c'est sorti tout seul. On s'est regardé dans les yeux.
Un océan de tendresse entre nous. On a souri, on a même un peu ri,
je crois. Après, quand ma grand-mère s'est couchée, je suis resté
seul dans le salon jusqu'à très tard, et j'ai écris, et j'ai
pleuré, et j'ai regardé Créatures
féroces
pour me vider la tête avant de dormir. Une VHS enregistrée par ma
mère. Il est nul ce film. Je me souviens avec précision de ce
sentiment d'incrédulité.
Elle avait toujours été là. Chronologiquement, elle avait été la
première personne importante dans ma vie. C'était vraiment un
fondamental
qui s'éteignait, une présence que j'avais toujours tenue pour
acquise,
que ça me plaise ou non d'ailleurs.
J'étais triste certes, mais j'étais surtout stupéfait. J'étais
quand même content d'un truc : elle n'était pas morte seule
dans une chambre d'hôpital. Crever tout seul chez soi passe encore,
mais la plupart des gens crèvent seuls dans une putain de chambre
d'hôpital. Je prie pour que ça ne m'arrive pas. J'étais content
d'avoir été là pour elle, à ses côtés, à l'instant « t »,
en train de lui caresser les cheveux. Peu importe ce qu'elle était,
ce qu'elle avait fait : personne ne mérite de crever seul dans
un putain d'hôpital ! Et puis tout ça était dans ma logique
d'extrême. Être là au moment précis où… C'était encore un
truc dingue et improbable qui m'arrivait. Au point où j'en étais
dans les trucs extrêmes, dingues et improbables, c'était logique
que ça se passe comme ça. Dieu m'aimait. Ma vie était, décidément,
une aventure extraordinaire…
Ensuite
il y a eu les funérailles, tout un bordel… À
la levée du corps, j'ai voulu la voir. J'aurais pas dû, mais je
pouvais pas savoir. Déjà qu'elle ressemblait à un zombie
lorsqu'elle vivait encore, mais là ça dépassait l'imagination. En
trois jours, son visage, outre qu'il était encore plus jaune,
s'était complètement affaissé
sur lui-même.
Elle ne ressemblait plus à rien. Ça
ne ressemblait plus à rien. Un machin de film d'horreur. Je suis
ressorti aussi sec. J'avais déjà vu deux de mes grands-parents
morts, mais ils étaient maquillés et ça n'avait rien d'effrayant.
Là, je crois qu'ils ne s'étaient même pas donné la peine de la
maquiller, parce que ça n'avait plus aucun sens à ce stade de
désagrégation. L'été d'avant, juste avant de savoir qu'elle
allait mourir, je bossais dans un hôpital, un mouroir pour
cancéreux. J'étais « agent de sécurité ». En gros on
me payait à ne rien foutre douze heures d'affilée, et je devais en
outre faire des rondes de temps à autre. Boulot d'étudiant…
J'avais les clés du royaume, le trousseau complet. On ne m'avait pas
formellement interdit
d'aller à la morgue, mais elle ne figurait pas non plus sur mon
itinéraire. Deux fois, alors que je taffais de nuit et que les
sous-sols étaient déserts, j'y suis allé. Je sais pas, j'étais
curieux, j'ai eu une sorte d'intuition, comme quoi c'était bien de
me confronter à la mort. Il y avait des vieux sur des brancards.
Dieu merci il n'y avait pas d'enfants, que des vieux. Ils n'avaient
pas l'air très morts à vrai dire… Mais ils l'étaient tout de
même un peu, et je crois que j'ai été bien inspiré d'y aller
parce que ça m'a un peu préparé. Pour la petite histoire, un jour
on m'a envoyé apporter Dieu sait quoi aux types de la morgue. Un
infirmier a entrouvert la porte pour prendre le truc et il avait
l'air très pressé de la fermer. Malgré sa hâte, un gros nuage de
fumée a eu le temps de s'échapper. De la fumée d'herbe. Alors je
me suis dit que si ils se mettaient des gros joints de beuh
là en bas, ça n'était pas un grand sacrilège d'aller juste y
jeter un coup d'œil… Bref, un gros bordel, disais-je. Une
infirmière a paniqué parce qu'elle s'est rendu compte qu'on allait
cramer ma mère sans soutien-gorge. Pour nous ça ne faisait pas
grande différence. Pour elle non plus je suppose. Mais pour
l'infirmière c'était le drame de tous les temps, alors on l'a
laissée s'amuser. Et au vu de l'odeur de putréfaction qui nous est
parvenue, à travers la porte, quand elle a remué ma mère pour la
rhabiller, elle a dû s'amuser en effet… Et puis le merdier avant la
crémation, avec une grue qui fait un speech complètement
impersonnel devant la famille, et moi qui pleure en chœur avec deux
ou trois autres. Et on a cramé un cercueil qui valait bien
deux-mille euros avec. C'est ma grand-mère qui payait bien-sûr,
mais c'est vraiment une arnaque colossale ces histoires de pompes
funèbres. Et puis j'ai hérité des cendres mêlées de ma mère et
du cercueil. Elle n'avait rien dit à personne sur rien, mais quand
j'étais gosse elle m'avait répété qu'elle voulait être incinérée
et répandue dans la Méditerranée. Alors j'ai expliqué ça et on
s'en est tenu à ça. Pas le temps d'aller à la mer avant de partir
en Inde, j'ai laissé l'urne à la maison… Et puis la semaine a
passé, comme je disais plus tôt, comme un tourbillon. J'ai erré à
droite à gauche, sans trop savoir ce que je faisais, à travers
Lyon. J'avais un tas d'amis dévoués mais comme je n'étais pas
triste, je n'avais pas besoin d'être consolé, alors ils ne
servaient pas à grand chose les pauvres. J'étais juste perdu. Et
puis j'ai réalisé que trois semaines plus tard, je prenais un avion
pour l'Inde et que j'avais un milliard de trucs à faire rapport à
ça, alors j'ai complètement arrêté de penser à cette histoire de
décès et j'ai foncé tête baissée. De sorte que c'est ici, dans
le désert du Thar, que je prends le temps d'y songer, de faire le
point… Ma mère est morte.
Tous
ces souvenirs m'emportent jusqu'au cinquième jour
de
cet exil.
Je suis à cours d'eau et de Laxmi Bread. Je dois me ravitailler. Je
marche quatre heures pour regagner Pushkar. Là, je m'accorde une
nuit d'hôtel et une douche, avant de rempiler pour cinq jours.