Alors oui, je sais, j'avais dit que je ne le ferais plus... J'étais censé m'être officiellement « retiré de la scène culturelle lyonnaise ».
Du moins est-ce ce que j’avais expliqué en toute sincérité, il y a quelques mois, à quelques personnes. Après deux ans sur Marseille, et ne me sachant de retour sur Lyon que pour deux ans au maximum, j’avais envie de me la jouer discret, de ne pas me mettre en avant, de faire mes trucs dans mon coin…
Et puis un gars adorable qui gère un lieu adorable (j’y reviendrai quand la date se confirmera) m’a proposé d’un coup comme ça clac de venir jammer sur scène avec lui et son pote musicien. Une bonne vieille impro, comme au bon vieux temps. C’était fait avec une telle spontanéité, une telle générosité, que je n’ai pas eu le cœur de dire non. Le même soir, un musicien de Bombay rencontré par hasard sur internet me propose, dès que je lui parle de mon travail d'écriture, de composer sur mes textes, collaboration qui pourrait devenir scénique lorsque je rejoindrai la Grande Inde. Le lendemain enfin, je rencontre Estelle Duquesnois, qui dirige la revue No-Dogs. On sympathise et je suis amené, je ne sais plus trop comment et pourquoi, à parler de mes vieilles perfs d'impro. Sans chercher plus loin, Estelle m'invite à participer à la soirée de lancement de leur prochain numéro, le 3 décembre prochain.
Ces trois invitations, venant de personnes que je connaissais à peine, m’ont profondément touché. Elles m’ont rappelé la façon dont j’invitais les gens aux événements que j’organisais jadis, juste parce qu’ils m’inspiraient confiance et que leur travail me semblait intéressant, sans faire de simagrées et on verrait bien ensuite comment cela se passerait…
Alors j’ai dit oui, et oui, et oui !
Pour quelqu’un qui raisonne comme je raisonne (résonne ?), une telle accumulation d’invitations ne pouvait être le fruit du hasard : la vie m’invitait à remonter sur scène, comment dire non à la vie ? Alors, comme certains de mes vieux compagnons d’improvisation me répétaient inlassablement qu’ils aimeraient bien reprendre les Combustions Spontanées (nom donné à nos performances depuis 2000), j’ai senti le plaisir de la scène renaître en moi et au diable le reste ! Je n’ai pas pu m’empêcher de relancer la machine, en collaboration avec mon amie - co-fondatrice de Neweden en 1997 - Florence Bordarier. Nous voilà donc lancés pour deux soirs au Théâtre de l’Anagramme, les 18 et 19 décembre, et nous avons dors et déjà prévu de remettre le couvert en 2009.
Le fait est que tout ça m’a fait comprendre que si je ne voulais plus monter sur scène, c’était pour de mauvaises raisons. Ces mêmes raisons qui m’ont poussé à prendre « Shaomi » comme nom de plume et de scène afin dissocier « madcap » (mon surnom dans la vie) et « l’artiste » Shaomi. Ces mêmes raisons qui m’ont poussé à me mettre en retrait derrière mes collaborateurs dans tous les projets auxquels j’ai participé ces dernières années. Des raisons qui n’ont rien à voir avec la scène, ni avec la création artistique : l’écœurement pur et simple (et légitime) d’être ce que l’on nomme un « personnage public » car, pour citer l'écrivain Ernesto Sabato, devenir un personnage public est toujours « une chose dégoûtante, une sorte de vulgarité, une somme de malentendus, une manipulation ». Il y a la personne que vous êtes réellement, que vos proches connaissent, et puis il y a cette personne qui porte votre nom mais qui n’est pas vous, qui vous échappe totalement, à propos de laquelle des tas de gens disent des tas de choses délirantes, en bien comme en mal. Tous ceux qui ont connu quelque notoriété, fut-elle locale et minuscule comme ce fut mon cas, le savent. Cet écœurement est toujours vif en moi, mais cela a-t-il quelque chose à voir avec l’art, avec la création ou la scène ? Non, rien du tout. Je me sens juste - enfin ! - suffisamment épanoui, serein et confiant pour ne plus me soucier de cela. Il ne faut pas tout mélanger : il ne faut pas avoir honte de faire ce que l’on doit et veut faire sous prétexte que cela déplaît à quelques âmes en peine. Pas quand on est honnête avec soi-même. Pas quand on sait exactement là où on en est. Raser les murs pour ne plus avoir à subir les langues de pute est un choix aussi vain que maladroit !
Et je sais qu’il est juste pour nous de combustionner à nouveau : parce que nous aimons ces moments d’improvisation, ce contact avec le public, cette expérimentation d’autant plus goûteuse que la présence du public la rend périlleuse… La valeur artistique du résultat peut-être plus ou moins bonne, plus ou moins mauvaise : « c’est l’jeu ma pauv’ Lucette ! ». Mais nous feront de notre mieux et tout ça n’a rien à voir avec les mondanités ou quelque désir de se « mettre en avant ». Tout ça obéit à une logique autre, celle-là même qui nous fait passer des nuits blanches à créer lorsque pourtant nous devons nous lever le lendemain, celle-là même qui fait qu’à notre âge nous nous obstinons dans cette voie artistique si peu valorisante en un monde de banquiers et de marchands d’aspirateurs.
Je vous invite donc à venir nous voir jeudi et vendredi soirs au Théâtre de l’Anagramme (27 rue Royale, 69001) à 21h, pour la modique somme de 4 euros (qui iront au lieu et c’est bien naturel vu l’accueil qu’il nous fait, les artistes ne gagnant rien sur ces soirées). J’y serai accompagné des danseuses Florence Bordarier et Géraldine Berger et des musicien(ne)s Pascale Auffret, Julien Grosjean et François Lamy. Ceci n’est pas un événement Neweden/Mercure Liquide : plus besoin de label, c’est juste nous !
J’en profite aussi pour remercier ceux qui m’ont accompagné sur scène le 3 décembre à la soirée No-Dogs : la même Florence, les musicien(ne)s Sylvain Gérard et Elodie Poirier, le peintre Jean-Pierre Olinger… ainsi qu’Estelle, son staff et celui de la Belle Equipe pour leur accueil. C’était cool ! Un grand merci également à Stéphan Meynet et à l’équipe du Théâtre de l’Anagramme pour le lieu qu’ils nous offrent. Un grand merci enfin à l’artiste Marie-Claire Cordat, que j’ai rencontrée à cette occasion et qui m’a impressionné par son obstination à faire ce qui doit être fait, en dépit des volées de bois vert que ça lui rapporte trop souvent.
Alors oui je sais, j’avais dit que je ne le ferais plus…
Ooops… trop tard !
Nous sommes là ! Où êtes-vous ?
3 commentaires:
Ben c'est génial tout ça!
haha tu y es en ce moment!!!!
moi aussi je combustionne spontanément grâce à un truc GÉNIAL!
LA FIEVRE 3000 de chez viruxdemerde (partenaire officiel du pape jean paul 2 depuis 2005)
... Lire la suite
bon j´espere que je me remettrai sur pattes pour ton arrivée.
combustionne pas trop sur le tapis mémé vient de passer l´aspire à terre.
*,* cuicui
he he shaomi retombe dans la Drogue!!!!!
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