Performance, quand tu nous tiens…
Quelques mots suite au festival Update, organisé par la compagnie La Hors De, qui s’est déroulé il y a quelques semaines avec la contribution de votre serviteur (et quelques dizaines d’autres). Le concept tient en quelques mots : prenez quatre artistes de disciplines différentes, enfermez-les quatre jours avec mission de créer une performance de vingt minutes autour du thème « mise à jour », et terminez par une représentation publique. Cerise sur le gâteau : la plupart des artistes ne se connaissaient pas auparavant.
Je me suis donc retrouvé en compagnie de Séléna Hernandez (comédienne), Sam Quentin (vidéaste) et Seb The Player (DJ) et nous avons monté sans heurts une perf qu’il serait inutile de vous décrire (car une perf, ça se vit ou ça se voit, mais à raconter c’est bof).
Ce que je tiens à souligner, c’est la qualité d’accueil que nous avons reçue de la part du staff de La Hors De. Il est rare de voir des gens se décarcasser à ce point pour vous permettre de créer dans les meilleures conditions. Ce respect pour le travail de création, ce souci de l’artiste, sont bien trop rares en ces temps où la culture navigue entre deux extrêmes idéologiques (art « populaire » et formaté, qui génère des millions et monopolise les médias d’un côté ; art « de recherche » qui intéresse trop peu de gens et finit en culture « gratuite » et bénévole de l’autre côté. Et au milieu, nous autres artistes, déchirés entre envies et principe de réalité).
Ceci étant dit, on peut se demander « pourquoi des perfs ? » Ou encore « pourquoi pluridisciplinaires ? » Ma réponse, pour ce qu’elle vaut, serait « pour l’instantané », et « parce que c’est là que naît la richesse ».
L’interdisciplinaire, pour moi, a toujours été une évidence. Cette notion est au cœur du concept du collectif Neweden que j’ai créé en 1997 et de la revue Mercure Liquide qui est sa dernière émanation. On nous a souvent reproché de manquer de « ligne artistique » claire, quand justement c’était l’idée de départ : prendre des gens qui ne sont réunis au départ que par le désir (ou le besoin) de se réunir, au-delà des affinités de genre, de courants artistiques, de discipline. Pourquoi ? Parce que je défendrai toujours cette idée que la création artistique est une démarche indépendante de son support. Que l’on fasse de la peinture, de la littérature, de la musique, de la danse, de la vidéo : nous faisons la même chose, ce n’est que le médium qui varie. Et s’il en est une preuve, c’est que j’ai sans doute autant appris sur ma pratique (l’écriture) en discutant avec des artistes d’autres disciplines, qu’en discutant avec d’autres auteurs (et j’ajouterai que le cinéma m’a autant appris que la littérature sur l’art d’écrire une histoire). En me joignant à des artistes d’autres horizons et d’autres disciplines pour accomplir des performances, j’avoue avoir inconsciemment toujours cherché à tendre vers une sorte d’« œuvre complète ». Une œuvre qui ne souffrirait pas des limitations d’un médium unique, ni de celles d’un point de vue unique : ce que je dis s’enrichit de ce que disent les autres, et les différents niveaux de discours se superposent via différents niveaux de narration.
L’instantané, parlons-en ! Permettez-moi d’évoquer quelques délicieux souvenirs. Les perfs sont entrées dans ma vie d’une façon inattendue et sous le coup d’une pulsion. Tout a commencé pour moi au festival le Renc’art (Castelneau-le-Lez), en mai 2000. Ben T. et Pierrick Maîtrot étaient alors les deux « performeurs » attitrés de Neweden, et ils avaient décidé de profiter de l’expo que nous avions monté là-bas pour sévir, en compagnie de Florian Vidgran et Colin Bosio (que beaucoup connaissent via leur regretté combo, l’éClectro Fonque Band). Voici donc trois types en train de se rouler dans la peinture, de projeter du super 8 en train de cramer et de jouer de la trompette, tout ça à grand renfort de vin rouge, et moi qui me dit cinq minutes avant de commencer : « pourquoi pas moi aussi ? ». Sans doute encouragé par l’alcool, je me suis donc retrouvé à déblatérer des insanités en duo avec la trompette de Yan, et vous savez quoi… j’ai adoré ! Ma seconde perf, à peine plus préparée, eut lieu au [Kafé Myzik] lors du festival Neweden Week. Il s’agissait cette fois de créer une BD en direct, avec le scénariste Frédéric Thirion et les dessinatrices Cycy Ann Foyle et Vyrhelle. Nous prîmes un parti-pris humoristique pour ne pas trop nous planter, l’expérience fut mineure mais drôle.
Ont suivi six mois d’expériences aléatoires qui n’étaient qu’une suite d’instantanés. Il y eu Rumeur Publique, au squat du Point Moc. Le cheval de Troie version Croix-Rousse. Ce spectacle mêlant théâtre, danse, musique et arts plastiques est né du besoin que Ben T. & moi-même avions de réagir à l’O.P.A. intellectuelle menée alors sur les Pentes par les Taliban(E)s du Point Moc. Ces derniers avaient alors une influence hallucinante sur le microcosme artistico-alternatif local, et prenaient un malin plaisir à salir la réputation de cibles prises au hasard, ou de qui résistait un tant soit peu à leur radicalisme politique. Votre serviteur en particulier s’en prit plein la gueule sans l’ombre d’une raison (je ne leur avais jamais rien fait, mais j’étais un « sale sexiste capitaliste arriviste » - !!!) et Ben et moi étions totalement dégouttés par tant de vice. Nous décidâmes donc de monter, en un mois, un spectacle d’une heure qui dénoncerait les dérives de l’anti[capitalifascisexispéci]sme poussé à l’extrême (si vous avez lu La ferme des Animaux d’Orwell, vous voyez de quoi je parle) et de le jouer… au Point Moc (sans leur annoncer de quoi parlerait la perf, bien sûr). Le cheval de Troie… Cette aventure, qui réunit autour de moi st Ben six autres performeurs (Colin Bosio, DaBoostemp, Rémy Dumont, Pierrick Maitrot, Chantal Vasseur, Florian Vidgrain et Céline Z – merci !), aurait pu aboutir à un véritable spectacle qui, avec quelques mois de travail en plus, aurait pu être vraiment chouette ! Non, vraiment, il y avait du potentiel : histoire solide, propos non consensuel, mise en scène créative… Je resterai toujours très fier de ce one-shot. Nous aurions pu le développer, essayer de le faire tourner, nous en avons longuement parlé avec Ben… et nous avons décidé que non. Rumeur Publique était quelque chose que nous avions à dire en un lieu et temps donnés. Le coup de gueule était poussé, nous avions vidé notre sac, il fallait passer à autre chose… et ainsi, Rumeur Publique resta un mémorable instantané.
Nous occupions alors le squat Casa Okupada, rue Puit Gaillot, et chaque jeudi voyait le lieu s’ouvrir au public pour une « perfi-bouffe ». Là aussi, ce fut l’occasion de nombreuses expériences scéniques aléatoires. Il y a eu un vrai élan, une vraie émulation entre les gens de Rumeur Publique, plus quelques autres, à cette époque. Une envie pour chacun d’expérimenter, de se mettre en danger sur scène. Il en résulta nombre de perfs dont, avouons-le, beaucoup étaient brouillons, maladroites… mais quel bonheur ! Nous montions sur scène, sans avoir rien préparé, où à peine. Notre propos était juste de se lancer, comme ça, chacun à travers son médium (texte, musique, danse, peinture, vidéo…), tous ensemble… et de voir ce qui allait se passer, avec un public pour témoin. Je garderai toujours de cette époque une grande nostalgie : certes nous étions tous encore loin de nos maturités artistiques respectives, mais nous avions l’énergie, la curiosité, la gourmandise… nos vies artistiques et nos vies personnelles étaient en proie à des tremblements de terre quotidiens et il en résulta de grands pas en avant pour chacun de nous. Par la suite, la Casa Okupada fut murée par ses propriétaires et je regrette depuis l’absence à Lyon d’une scène ouverte pour improvisations aléatoires et performances pluridisciplinaires… J'ai voulu il y a deux ans réinstaurer le concept de perfi-bouffes à la friche RVI, dont j'étais alors membre, mais pour quelque raison, la sauce ne prit pas vraiment.
Les folies de l’an 2000 m’ont laissé à jamais le goût de la perf, parce qu’elle est surprise, et c’est ainsi que, fin 2001, je lançais un nouveau projet nommé La Terreur. Ecrit quelque jour après le 11 septembre, La Terreur était un texte très politique, certes parfois un peu naïf mais plutôt incisif, et il fut un temps question de le monter en perf avec le duo Poupée Mobile, DaBoostemp, Nicolas Sardin (musique), Florence Bordarier (danse), et le duo RhumSteak (vidéo). Le projet avorta malheureusement après quelques répétitions, faute de disponibilités. Fin 2003, je relançais la machine en collaboration avec le musicien NeSty NeSs. Héritier direct de La Terreur, Bébé Coma est un long texte mêlant politique et métaphysique, l’histoire d’un fœtus qui se refuse à naître dans cet immense asile de fou qu’est le monde des hommes. Deux versions préliminaires furent testées à la friche RVI (dont une avec projection photo de safran), puis le spectacle fut joué à l’Ovale 203 (une fois avec le duo performeur/vidéaste Jean-Pierre Ollinger/Stéphan Meynet, une autre avec Pierrick Maîtrot à la peinture) ; puis au Subsistances pour la sortie de Mercure Liquide #1 (de nouveau avec Pierrick). Ma « rupture artistique » avec NeSs en avril dernier mit une halte au projet, et après un faux départ à la rentrée, il semble que la machine Bébé Coma soit relancée avec Vincent Palumbo (son), Isa Borgo (vidéo) et Florence Bordarier (danse). Bébé Coma est un projet qui me tient beaucoup à cœur, peut-être parce que son propos me dépasse et parce que j’y vois la possibilité d’infinies possibilités. Il y a certes un squelette narratif à ce spectacle, mais c’est avant tout une plate-forme de semi-improvisation dans laquelle des artistes peuvent s’engouffrer le temps d’une ou deux représentations, ou le temps d’un travail de long terme. Les idées que j’y défends me semblent primordiales : le ton est radical et donc parfois très violent. Les réactions du public ont souvent, de fait, été très violentes elles aussi, dans l’enthousiasme comme dans la critique. C’est la preuve que mes mots vont quelque part et j’en suis ravi. Je vous tiendrai au courant…
Depuis, il y a eu Update, puis une autre perf dans une galerie de St. Georges la semaine suivante, et tout cela m'a fait réaliser combien ce concept de perf, d’improvisation, était pour moi crucial. Comme le dit Ferré, « la poésie ne prend son sexe que dans la corde vocale ». J’ai besoin de cette mise en voix, de cette rencontre avec d’autres formes artistiques, pour que ma poésie prenne tout son sexe. Dans l’immédiateté, l’instantané, l’imprévu, l’aléatoire… C’est ainsi que j’aime la poésie et c’est ainsi que j’ai envie de la défendre.
PS : Quelques heures après avoir posté cet article, je reçois un coup de fil m'annonçant que le Théâtre de l'Anagramme est à moi du 20 au 23/12 pour organiser quatre soirées de perfs avec différents artistes. YesYesYes !!!
Quelques mots suite au festival Update, organisé par la compagnie La Hors De, qui s’est déroulé il y a quelques semaines avec la contribution de votre serviteur (et quelques dizaines d’autres). Le concept tient en quelques mots : prenez quatre artistes de disciplines différentes, enfermez-les quatre jours avec mission de créer une performance de vingt minutes autour du thème « mise à jour », et terminez par une représentation publique. Cerise sur le gâteau : la plupart des artistes ne se connaissaient pas auparavant.
Je me suis donc retrouvé en compagnie de Séléna Hernandez (comédienne), Sam Quentin (vidéaste) et Seb The Player (DJ) et nous avons monté sans heurts une perf qu’il serait inutile de vous décrire (car une perf, ça se vit ou ça se voit, mais à raconter c’est bof).
Ce que je tiens à souligner, c’est la qualité d’accueil que nous avons reçue de la part du staff de La Hors De. Il est rare de voir des gens se décarcasser à ce point pour vous permettre de créer dans les meilleures conditions. Ce respect pour le travail de création, ce souci de l’artiste, sont bien trop rares en ces temps où la culture navigue entre deux extrêmes idéologiques (art « populaire » et formaté, qui génère des millions et monopolise les médias d’un côté ; art « de recherche » qui intéresse trop peu de gens et finit en culture « gratuite » et bénévole de l’autre côté. Et au milieu, nous autres artistes, déchirés entre envies et principe de réalité).
Ceci étant dit, on peut se demander « pourquoi des perfs ? » Ou encore « pourquoi pluridisciplinaires ? » Ma réponse, pour ce qu’elle vaut, serait « pour l’instantané », et « parce que c’est là que naît la richesse ».
L’interdisciplinaire, pour moi, a toujours été une évidence. Cette notion est au cœur du concept du collectif Neweden que j’ai créé en 1997 et de la revue Mercure Liquide qui est sa dernière émanation. On nous a souvent reproché de manquer de « ligne artistique » claire, quand justement c’était l’idée de départ : prendre des gens qui ne sont réunis au départ que par le désir (ou le besoin) de se réunir, au-delà des affinités de genre, de courants artistiques, de discipline. Pourquoi ? Parce que je défendrai toujours cette idée que la création artistique est une démarche indépendante de son support. Que l’on fasse de la peinture, de la littérature, de la musique, de la danse, de la vidéo : nous faisons la même chose, ce n’est que le médium qui varie. Et s’il en est une preuve, c’est que j’ai sans doute autant appris sur ma pratique (l’écriture) en discutant avec des artistes d’autres disciplines, qu’en discutant avec d’autres auteurs (et j’ajouterai que le cinéma m’a autant appris que la littérature sur l’art d’écrire une histoire). En me joignant à des artistes d’autres horizons et d’autres disciplines pour accomplir des performances, j’avoue avoir inconsciemment toujours cherché à tendre vers une sorte d’« œuvre complète ». Une œuvre qui ne souffrirait pas des limitations d’un médium unique, ni de celles d’un point de vue unique : ce que je dis s’enrichit de ce que disent les autres, et les différents niveaux de discours se superposent via différents niveaux de narration.
L’instantané, parlons-en ! Permettez-moi d’évoquer quelques délicieux souvenirs. Les perfs sont entrées dans ma vie d’une façon inattendue et sous le coup d’une pulsion. Tout a commencé pour moi au festival le Renc’art (Castelneau-le-Lez), en mai 2000. Ben T. et Pierrick Maîtrot étaient alors les deux « performeurs » attitrés de Neweden, et ils avaient décidé de profiter de l’expo que nous avions monté là-bas pour sévir, en compagnie de Florian Vidgran et Colin Bosio (que beaucoup connaissent via leur regretté combo, l’éClectro Fonque Band). Voici donc trois types en train de se rouler dans la peinture, de projeter du super 8 en train de cramer et de jouer de la trompette, tout ça à grand renfort de vin rouge, et moi qui me dit cinq minutes avant de commencer : « pourquoi pas moi aussi ? ». Sans doute encouragé par l’alcool, je me suis donc retrouvé à déblatérer des insanités en duo avec la trompette de Yan, et vous savez quoi… j’ai adoré ! Ma seconde perf, à peine plus préparée, eut lieu au [Kafé Myzik] lors du festival Neweden Week. Il s’agissait cette fois de créer une BD en direct, avec le scénariste Frédéric Thirion et les dessinatrices Cycy Ann Foyle et Vyrhelle. Nous prîmes un parti-pris humoristique pour ne pas trop nous planter, l’expérience fut mineure mais drôle.
Ont suivi six mois d’expériences aléatoires qui n’étaient qu’une suite d’instantanés. Il y eu Rumeur Publique, au squat du Point Moc. Le cheval de Troie version Croix-Rousse. Ce spectacle mêlant théâtre, danse, musique et arts plastiques est né du besoin que Ben T. & moi-même avions de réagir à l’O.P.A. intellectuelle menée alors sur les Pentes par les Taliban(E)s du Point Moc. Ces derniers avaient alors une influence hallucinante sur le microcosme artistico-alternatif local, et prenaient un malin plaisir à salir la réputation de cibles prises au hasard, ou de qui résistait un tant soit peu à leur radicalisme politique. Votre serviteur en particulier s’en prit plein la gueule sans l’ombre d’une raison (je ne leur avais jamais rien fait, mais j’étais un « sale sexiste capitaliste arriviste » - !!!) et Ben et moi étions totalement dégouttés par tant de vice. Nous décidâmes donc de monter, en un mois, un spectacle d’une heure qui dénoncerait les dérives de l’anti[capitalifascisexispéci]sme poussé à l’extrême (si vous avez lu La ferme des Animaux d’Orwell, vous voyez de quoi je parle) et de le jouer… au Point Moc (sans leur annoncer de quoi parlerait la perf, bien sûr). Le cheval de Troie… Cette aventure, qui réunit autour de moi st Ben six autres performeurs (Colin Bosio, DaBoostemp, Rémy Dumont, Pierrick Maitrot, Chantal Vasseur, Florian Vidgrain et Céline Z – merci !), aurait pu aboutir à un véritable spectacle qui, avec quelques mois de travail en plus, aurait pu être vraiment chouette ! Non, vraiment, il y avait du potentiel : histoire solide, propos non consensuel, mise en scène créative… Je resterai toujours très fier de ce one-shot. Nous aurions pu le développer, essayer de le faire tourner, nous en avons longuement parlé avec Ben… et nous avons décidé que non. Rumeur Publique était quelque chose que nous avions à dire en un lieu et temps donnés. Le coup de gueule était poussé, nous avions vidé notre sac, il fallait passer à autre chose… et ainsi, Rumeur Publique resta un mémorable instantané.
Nous occupions alors le squat Casa Okupada, rue Puit Gaillot, et chaque jeudi voyait le lieu s’ouvrir au public pour une « perfi-bouffe ». Là aussi, ce fut l’occasion de nombreuses expériences scéniques aléatoires. Il y a eu un vrai élan, une vraie émulation entre les gens de Rumeur Publique, plus quelques autres, à cette époque. Une envie pour chacun d’expérimenter, de se mettre en danger sur scène. Il en résulta nombre de perfs dont, avouons-le, beaucoup étaient brouillons, maladroites… mais quel bonheur ! Nous montions sur scène, sans avoir rien préparé, où à peine. Notre propos était juste de se lancer, comme ça, chacun à travers son médium (texte, musique, danse, peinture, vidéo…), tous ensemble… et de voir ce qui allait se passer, avec un public pour témoin. Je garderai toujours de cette époque une grande nostalgie : certes nous étions tous encore loin de nos maturités artistiques respectives, mais nous avions l’énergie, la curiosité, la gourmandise… nos vies artistiques et nos vies personnelles étaient en proie à des tremblements de terre quotidiens et il en résulta de grands pas en avant pour chacun de nous. Par la suite, la Casa Okupada fut murée par ses propriétaires et je regrette depuis l’absence à Lyon d’une scène ouverte pour improvisations aléatoires et performances pluridisciplinaires… J'ai voulu il y a deux ans réinstaurer le concept de perfi-bouffes à la friche RVI, dont j'étais alors membre, mais pour quelque raison, la sauce ne prit pas vraiment.
Les folies de l’an 2000 m’ont laissé à jamais le goût de la perf, parce qu’elle est surprise, et c’est ainsi que, fin 2001, je lançais un nouveau projet nommé La Terreur. Ecrit quelque jour après le 11 septembre, La Terreur était un texte très politique, certes parfois un peu naïf mais plutôt incisif, et il fut un temps question de le monter en perf avec le duo Poupée Mobile, DaBoostemp, Nicolas Sardin (musique), Florence Bordarier (danse), et le duo RhumSteak (vidéo). Le projet avorta malheureusement après quelques répétitions, faute de disponibilités. Fin 2003, je relançais la machine en collaboration avec le musicien NeSty NeSs. Héritier direct de La Terreur, Bébé Coma est un long texte mêlant politique et métaphysique, l’histoire d’un fœtus qui se refuse à naître dans cet immense asile de fou qu’est le monde des hommes. Deux versions préliminaires furent testées à la friche RVI (dont une avec projection photo de safran), puis le spectacle fut joué à l’Ovale 203 (une fois avec le duo performeur/vidéaste Jean-Pierre Ollinger/Stéphan Meynet, une autre avec Pierrick Maîtrot à la peinture) ; puis au Subsistances pour la sortie de Mercure Liquide #1 (de nouveau avec Pierrick). Ma « rupture artistique » avec NeSs en avril dernier mit une halte au projet, et après un faux départ à la rentrée, il semble que la machine Bébé Coma soit relancée avec Vincent Palumbo (son), Isa Borgo (vidéo) et Florence Bordarier (danse). Bébé Coma est un projet qui me tient beaucoup à cœur, peut-être parce que son propos me dépasse et parce que j’y vois la possibilité d’infinies possibilités. Il y a certes un squelette narratif à ce spectacle, mais c’est avant tout une plate-forme de semi-improvisation dans laquelle des artistes peuvent s’engouffrer le temps d’une ou deux représentations, ou le temps d’un travail de long terme. Les idées que j’y défends me semblent primordiales : le ton est radical et donc parfois très violent. Les réactions du public ont souvent, de fait, été très violentes elles aussi, dans l’enthousiasme comme dans la critique. C’est la preuve que mes mots vont quelque part et j’en suis ravi. Je vous tiendrai au courant…
Depuis, il y a eu Update, puis une autre perf dans une galerie de St. Georges la semaine suivante, et tout cela m'a fait réaliser combien ce concept de perf, d’improvisation, était pour moi crucial. Comme le dit Ferré, « la poésie ne prend son sexe que dans la corde vocale ». J’ai besoin de cette mise en voix, de cette rencontre avec d’autres formes artistiques, pour que ma poésie prenne tout son sexe. Dans l’immédiateté, l’instantané, l’imprévu, l’aléatoire… C’est ainsi que j’aime la poésie et c’est ainsi que j’ai envie de la défendre.
PS : Quelques heures après avoir posté cet article, je reçois un coup de fil m'annonçant que le Théâtre de l'Anagramme est à moi du 20 au 23/12 pour organiser quatre soirées de perfs avec différents artistes. YesYesYes !!!
4 commentaires:
ben alors? ca vient la suite??
salut mad!
un petit coucou de schröderland qui va se transformer en merkelland!
Passe le bonjour à Safran und Noiram et transmets-leur mes koordonnées!
You´re probably Wonderin´ why i´m here...
and so am I
so am I.....
lililililililiiiiii.....
lililillililiiiiii......
When will you finish your Black Page
from your Utility Muffin Research Kitchen???
Because The week went by
And now it´s JULY!
And I Say, with a tear in my eye
"Watch out where the huskies go,
and don't you eat that yellow snow"
Uncle Meat
Les semaines sont rudement longues sur la planète Shaomix!!!
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