Ne sachant pas trop quoi faire de mes millions de dollars, j'ai décidé de racheter le groupe Google. La preuve ici !
30 avril 2008
12 avril 2008
La malédiction du plombier-garou
Fin 2005, je m'essayai au genre de la littérature enfantine : il en résulta huit histoires à l'intention des plus jeunes. Voici ma préférée (les autres suivront ;-)
LA MALEDICTION DU PLOMBIER-GAROU
Paul était un monsieur tout à fait tranquille.
Il était chauffeur de bus.
Il vivait dans une résidence calme.
Il était célibataire et n’avait pas d’enfants et se couchait tôt et ne buvait pas d’alcool et ne sortait jamais et il était aimable et n’écoutait que de la musique classique et…
Enfin, c’est ce que je disais : Paul était un monsieur tout à fait tranquille.
(D’autres se seraient peut-être ennuyés, mais lui il aimait ça.)
Le souci principal de Paul, c’était de ressembler à l’acteur Gérard Jugnot (parce qu’il aimait beaucoup Gérard Jugnot.)
Il peignait sa moustache avec grand soin, et s’entraînait devant la glace à prendre les mêmes airs que son idole.
Puis, satisfait, il allait fièrement au travail.
Les passagers du bus aimaient bien quand il conduisait, car bien sûr, il conduisait… très calmement.
(Et les vieilles dames n’aiment pas trop faire de la voltige à l’intérieur des bus.)
Un incident très curieux vint pourtant bouleverser la routine de Paul.
Un soir qu’il rentrait du travail après la tombée de la nuit, il vit que quelqu’un était entré chez lui.
Il vit aussi que son appartement était plein d’eau.
Soudain, un plombier surgit de la cuisine.
(Voilà qui expliquait tout !)
« Bonjour », dit Paul. « Les voisins vous ont appelé parce qu’une fuite chez moi les inondait ? »
Le plombier se contenta de grogner bizarrement, et Paul remarqua qu’il avait l’air vraiment fou.
Alors, le plombier se jeta sur Paul et… il le mordit.
(Puis il déguerpit en courant.)
Le plombier n’avait pas mordu très fort, mais Paul saignait quand même un peu. En fait, il était surtout complètement abasourdi par ce qui venait de se passer.
(En plus, le plombier n’avait même pas réparé la fuite d’eau !)
Paul, tout à fait mécontent, du appeler un autre plombier. Et passer la nuit à éponger l’eau, et à nettoyer son appartement.
Le lendemain, il apprit que trois autres voisins avaient eu affaire au plombier fou : il ne les avait pas attaqués, mais il avait démonté leur plomberie. Puis les choses redevinrent normales, et Paul vécut tranquillement, sans autres contrariétés.
Un mois exactement plus tard, Paul se réveilla un matin très, mais alors très, très fatigué : comme s’il n’avait pas dormi.
Lorsqu’il voulut peigner sa moustache, il constata avec effroi qu’il était tout ébouriffé ! Et tout sale ! Il y avait des cochonneries collées dans ses cheveux, et on eut dit qu’il s’était roulé dans la boue.
(Mais enfin, qu’est-ce qui avait bien pu se passer pendant son sommeil ?!)
Il en fut contrarié toute la journée, et conduisit fort mal son bus, ce qui lui valut bien des remarques désagréables. Il apprit aussi que le plombier fou avait frappé de nouveau : quatre appartements avaient été inondés. Heureusement, personne n’avait été mordu.
Un nouveau mois passa, et Paul oublia cet incident. Pourtant, un beau matin, il se réveilla… allongé sur un banc. Il était encore plus sale que la fois précédente !
Il en toucha deux mots à un ami à lui, qui lui expliqua qu’il devait être somnambule, et qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter : des tas de gens très bien étaient somnambules. Le président de la république, lui-même, se réveillait parfois dans une décharge publique.
(Ce qui ne rassura pas beaucoup Paul.)
Un mois plus tard jour pour jour, l’incident se reproduisit. Cette fois-ci, Paul s’éveilla dans un abri-bus, toujours aussi dégouttant, et avec une énorme bosse sur le crâne. Un de ses collègue passa avec son bus, et le regarda d’un air choqué. Paul était tout à fait honteux d’être vu dans cet état.
Plus tard, comme il conduisait, il entendit une vieille dame raconter qu’elle avait été attaquée par un plombier dément, et qu’elle lui avait donné un grand coup sur la tête pour le mettre en fuite. Elle ajouta que le plombier ressemblait à Gérard Jugnot. Paul commença à se demander s’il était en train de devenir fou.
Le soir, en rentrant chez lui, il croisa ses voisins armés de bâtons. Ils lui expliquèrent qu’ils recherchaient le plombier qui terrifiait le quartier, et mettait les maisons des gens sans dessus dessous. Une petite fille qui passait pas là leur fit remarquer qu’ils perdaient leur temps : elle avait noté que le plombier ne frappait que les nuits de pleine lune. On ne le reverrait pas avant un mois.
Paul décida donc d’en avoir le cœur net ! Il avait vu une publicité à propos d’un nouveau modèle de chiens-robots, et il s’en acheta un. Ces bestioles mécaniques pouvaient être programmées pour suivre leur maître partout. Il accrocha ensuite une caméra sur la tête du robot.
La nuit de pleine lune suivante, il programma le chien-, mit la caméra en route, et s’endormit.
(Enfin, il allait savoir ce qui lui arrivait.)
Le lendemain matin, il se réveilla dans une ruelle, et comme prévu, le chien-robot était à ses cotés. Il rentra précipitamment chez lui, et regarda la vidéo avec inquiétude. Ce qu’il vit lui coupa le souffle !
Au douzième coup de minuit, il s’était réveillé et transformé en plombier ! Il était devenu plus grand et plus musclé, son pyjama était devenu un bleu de travail, et une boite à outils lui avait « poussé » dans la main !
(Quelle horreur, songea-t-il !)
Après cela, il était sorti de chez lui, et il avait pénétré discrètement dans un appartement voisin dont les occupants dormaient paisiblement. Il avait ensuite dégainé ses outils et saccagé consciencieusement les tuyaux de leur évier. Il était reparti en laissant l’eau inonder l’appartement.
Il avait fait cela, tour à tour, dans cinq appartements. Dans le dernier de ceux-ci, une femme s’était éveillée et mise à hurler. Il lui avait sauté au cou, et avait tenté de la mordre. Heureusement, le mari était apparu, et l’avait chassé.
Finalement, à l’aube, il s’était endormi sur un trottoir, et retransformé en lui-même.
Paul était dans tous ses états ! Que lui avait fait ce plombier fou ?! Que lui arrivait-il ?! Il commença par brûler la cassette vidéo pour détruire toute preuve de ses méfaits. Si les voisins l’apprenaient… Puis il réfléchit longuement, et comprit qu’il lui fallait de l’aide.
(Et vite !)
Pour ne pas risquer d’être démasqué, il alla chez un médecin dans une autre ville. Il expliqua son cas, mais le médecin lui rit au nez en disant qu’il était complètement fou, que tout se passait dans son imagination.
Il alla voir différents docteurs, et tous se moquèrent de lui, ou le regardèrent bizarrement, quand ils ne le mettaient pas tout simplement à la porte.
Comme il avait raté le dernier train pour retourner dans sa ville, il prit une chambre d’hôtel. Et comme il s’ennuyait, il regarda la télé. Il vit un mauvais feuilleton américain, puis la speakerine annonça un film : « La nuit du loup-garou. » Paul se demanda ce que pouvait bien être un « loup-garou », alors il regarda le film pour satisfaire sa curiosité.
C’était l’histoire d’un homme qui se faisait mordre par un loup. Suite à cela, toutes les nuits de pleine lune, il se transformait lui-même en loup, et attaquait les pauvres gens. Paul était stupéfait : c’était exactement son histoire ! Il était donc devenu un plombier-garou ! Il resta scotché à l’écran jusqu’à la fin du film, impatient de voir comment le héros allait s’en sortir. Malheureusement, il ne s’en sortait pas : il était capturé et enfermé !
Paul était très déçu ! Ce film n’avait fait que l’angoisser davantage : il ne voulait pas finir enfermé ! Il eut beaucoup de mal à dormir, cette nuit-là, car son problème lui tournait dans la tête. Lorsqu’il parvint enfin à fermer l’œil, ce fut pour faire un terrible cauchemar : il était dans un zoo, et les gens venaient voir le plombier-garou dans sa cage, et lui jetaient des cacahouètes.
(C’était un rêve fort angoissant !)
De retour chez lui, Paul cherchait désespérément quoi faire, lorsqu’il se souvint d’un papier qu’il avait trouvé dans sa boite aux lettres longtemps auparavant. Il fouilla ses tiroirs jusqu’à le retrouver, et lut :
« Monsieur Melonveau, Grand Marabout Africain. Résout tous vos problèmes même ceux que vous n’avez pas. Si ton mari ou ta femme ou ton animal est parti il courra derrière toi comme le chien. Guéris problèmes de santé graves : mal de dos, migraines, bavardage, dépendance à la télévision. Réussite aux examens et aux jeux vidéos si tu n’arrives pas à gagner à Mario tu viens me voir et tu gagneras toutes les parties. Rend riche. Désenvoûtement, exorcisme, si on vous a jeté un sort ou si vous êtes maudits de père en fils. Paiement après résultats ou avant c’est comme vous voulez. Téléphonez-moi au 09-88-66-66-88. »
Ça avait l’air d’un drôle de bonhomme, ce Monsieur Melonveau, songea Paul. Mais il y avait écrit « désenvoûtementé » et « exorcisme. » Si quelqu’un pouvait l’aider, c’était certainement ce monsieur-là.
(Et puis de toute façon Paul n’avait plus rien à perdre.)
Il prit donc rendez-vous avec le marabout. C’était un gros monsieur très impressionnant, qui vivait dans un appartement rempli d’objets bizarres, et Paul fut un peu effrayé lorsqu’il arriva sur place.
« Alors, qu’est-ce qui vous amène ? » demanda M. Melonveau d’une voix grave.
« J’ai peur que vous ne me croyiez pas », répondit timidement Paul.
« Mon garçon, j’ai exorcisé des gens possédés par le Diable en Afrique, j’ai chassé les vampires en Roumanie, et j’ai même été une fois kidnappé par des extra-terrestres, alors je vous assure que je crois n’importe quoi, surtout si c’est bizarre. »
Paul songea qu’à ce compte-là, son histoire n’était pas si étrange que ça.
« Toutes les nuits de pleine lune, je me transforme en plombier, je vais chez les gens et je démonte leur tuyauterie ! Parfois même, je les attaque. », dit-il d’une traite.
« Ah… Je vois. Vous avez été mordu par un plombier-garou ! C’est une maladie très répandue en Chine. Je ne pensais pas qu’elle était parvenue jusque chez nous. »
« Vous pouvez m’aider ? »
« J’ai bien peur, mon garçon, qu’il n’existe qu’un seul remède à votre mal : il vous faut mordre quelqu’un lorsque vous êtes transformé en plombier. Vous lui transmettrez le mal, et en serez libéré. C’est ce qui a du arriver à celui qui vous a mordu. Vous me devez 500 euros. »
Paul paya de mauvaise grâce, et rentra chez lui très fâché : il ne voulait pas mettre quelqu’un d’autre dans l’embarras ! D’un autre coté, il ne voulait plus se transformer en plombier-garou ! Il passa le reste de la journée à réfléchir. Il retourna le problème dans tous les sens, et il eut soudain une idée de génie !
(Du moins serait-ce le cas si son plan fonctionnait.)
Il attendit la pleine lune suivante, et le jour où il devait se transformer, il s’acheta un hamster. Il s’enferma ensuite à double tour chez lui, et jeta ses clefs par la fenêtre, de sorte à ce qu’elles tombent sur le balcon du voisin d’en dessous. Il n’aurait ainsi, pour les récupérer, qu’à téléphoner à ce dernier pour qu’il vienne lui ouvrir.
Lorsque minuit sonna, Paul se transforma comme d’habitude en plombier-garou. Il tenta de sortir de chez lui, mais n’y parvint pas. Furieux, il dévasta alors sa propre plomberie puis, dans l’appartement inondé, il aperçut le hamster. Il ne put s’empêcher de le mordre.
(Le hamster n’était pas ravi.)
Le lendemain, Paul appela le voisin pour récupérer ses clefs, un plombier pour réparer les dégâts qu’il avait commis durant la nuit, et désinfecta soigneusement la morsure qu’il avait faite au hamster. Puis il reprit sa routine quotidienne, prenant bien soin du hamster, qu’il nourrissait et câlinait quotidiennement.
Un mois plus tard, il était impatient de voir si son expérience allait porter ses fruits. Il attendit minuit et, ô miracle ! Il ne se transforma pas en plombier. Le hamster, par contre, grossit un peu, et il lui poussa un bleu de travail et une caisse à outil. Paul avait prévu une cage solide, et le hamster-plombier-garou ne parvint pas à s’échapper. Enfin, le cauchemar de Paul touchait à sa fin !
Aujourd’hui, Paul s’est beaucoup attaché à son hamster, et ils passent de longs moments à jouer ensemble. Chaque nuit de pleine lune, le hamster se transforme en minuscule plombier à fourrure. Mais Paul a tout prévu pour que, même sous cette forme, le hamster ne soit pas malheureux : il a installé dans la cage une minuscule plomberie, que le hamster-plombier-garou démonte joyeusement !
Depuis, Paul et son hamster vivent un bonheur parfait, et la ville a retrouvé son calme les nuits de pleine lune. Mais quoi qu’il arrive, QUOI QU’IL ARRIVE…
Si vous croisez un plombier une nuit de pleine lune : partez en courant !
LA MALEDICTION DU PLOMBIER-GAROU
Paul était un monsieur tout à fait tranquille.
Il était chauffeur de bus.
Il vivait dans une résidence calme.
Il était célibataire et n’avait pas d’enfants et se couchait tôt et ne buvait pas d’alcool et ne sortait jamais et il était aimable et n’écoutait que de la musique classique et…
Enfin, c’est ce que je disais : Paul était un monsieur tout à fait tranquille.
(D’autres se seraient peut-être ennuyés, mais lui il aimait ça.)
Le souci principal de Paul, c’était de ressembler à l’acteur Gérard Jugnot (parce qu’il aimait beaucoup Gérard Jugnot.)
Il peignait sa moustache avec grand soin, et s’entraînait devant la glace à prendre les mêmes airs que son idole.
Puis, satisfait, il allait fièrement au travail.
Les passagers du bus aimaient bien quand il conduisait, car bien sûr, il conduisait… très calmement.
(Et les vieilles dames n’aiment pas trop faire de la voltige à l’intérieur des bus.)
Un incident très curieux vint pourtant bouleverser la routine de Paul.
Un soir qu’il rentrait du travail après la tombée de la nuit, il vit que quelqu’un était entré chez lui.
Il vit aussi que son appartement était plein d’eau.
Soudain, un plombier surgit de la cuisine.
(Voilà qui expliquait tout !)
« Bonjour », dit Paul. « Les voisins vous ont appelé parce qu’une fuite chez moi les inondait ? »
Le plombier se contenta de grogner bizarrement, et Paul remarqua qu’il avait l’air vraiment fou.
Alors, le plombier se jeta sur Paul et… il le mordit.
(Puis il déguerpit en courant.)
Le plombier n’avait pas mordu très fort, mais Paul saignait quand même un peu. En fait, il était surtout complètement abasourdi par ce qui venait de se passer.
(En plus, le plombier n’avait même pas réparé la fuite d’eau !)
Paul, tout à fait mécontent, du appeler un autre plombier. Et passer la nuit à éponger l’eau, et à nettoyer son appartement.
Le lendemain, il apprit que trois autres voisins avaient eu affaire au plombier fou : il ne les avait pas attaqués, mais il avait démonté leur plomberie. Puis les choses redevinrent normales, et Paul vécut tranquillement, sans autres contrariétés.
Un mois exactement plus tard, Paul se réveilla un matin très, mais alors très, très fatigué : comme s’il n’avait pas dormi.
Lorsqu’il voulut peigner sa moustache, il constata avec effroi qu’il était tout ébouriffé ! Et tout sale ! Il y avait des cochonneries collées dans ses cheveux, et on eut dit qu’il s’était roulé dans la boue.
(Mais enfin, qu’est-ce qui avait bien pu se passer pendant son sommeil ?!)
Il en fut contrarié toute la journée, et conduisit fort mal son bus, ce qui lui valut bien des remarques désagréables. Il apprit aussi que le plombier fou avait frappé de nouveau : quatre appartements avaient été inondés. Heureusement, personne n’avait été mordu.
Un nouveau mois passa, et Paul oublia cet incident. Pourtant, un beau matin, il se réveilla… allongé sur un banc. Il était encore plus sale que la fois précédente !
Il en toucha deux mots à un ami à lui, qui lui expliqua qu’il devait être somnambule, et qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter : des tas de gens très bien étaient somnambules. Le président de la république, lui-même, se réveillait parfois dans une décharge publique.
(Ce qui ne rassura pas beaucoup Paul.)
Un mois plus tard jour pour jour, l’incident se reproduisit. Cette fois-ci, Paul s’éveilla dans un abri-bus, toujours aussi dégouttant, et avec une énorme bosse sur le crâne. Un de ses collègue passa avec son bus, et le regarda d’un air choqué. Paul était tout à fait honteux d’être vu dans cet état.
Plus tard, comme il conduisait, il entendit une vieille dame raconter qu’elle avait été attaquée par un plombier dément, et qu’elle lui avait donné un grand coup sur la tête pour le mettre en fuite. Elle ajouta que le plombier ressemblait à Gérard Jugnot. Paul commença à se demander s’il était en train de devenir fou.
Le soir, en rentrant chez lui, il croisa ses voisins armés de bâtons. Ils lui expliquèrent qu’ils recherchaient le plombier qui terrifiait le quartier, et mettait les maisons des gens sans dessus dessous. Une petite fille qui passait pas là leur fit remarquer qu’ils perdaient leur temps : elle avait noté que le plombier ne frappait que les nuits de pleine lune. On ne le reverrait pas avant un mois.
Paul décida donc d’en avoir le cœur net ! Il avait vu une publicité à propos d’un nouveau modèle de chiens-robots, et il s’en acheta un. Ces bestioles mécaniques pouvaient être programmées pour suivre leur maître partout. Il accrocha ensuite une caméra sur la tête du robot.
La nuit de pleine lune suivante, il programma le chien-, mit la caméra en route, et s’endormit.
(Enfin, il allait savoir ce qui lui arrivait.)
Le lendemain matin, il se réveilla dans une ruelle, et comme prévu, le chien-robot était à ses cotés. Il rentra précipitamment chez lui, et regarda la vidéo avec inquiétude. Ce qu’il vit lui coupa le souffle !
Au douzième coup de minuit, il s’était réveillé et transformé en plombier ! Il était devenu plus grand et plus musclé, son pyjama était devenu un bleu de travail, et une boite à outils lui avait « poussé » dans la main !
(Quelle horreur, songea-t-il !)
Après cela, il était sorti de chez lui, et il avait pénétré discrètement dans un appartement voisin dont les occupants dormaient paisiblement. Il avait ensuite dégainé ses outils et saccagé consciencieusement les tuyaux de leur évier. Il était reparti en laissant l’eau inonder l’appartement.
Il avait fait cela, tour à tour, dans cinq appartements. Dans le dernier de ceux-ci, une femme s’était éveillée et mise à hurler. Il lui avait sauté au cou, et avait tenté de la mordre. Heureusement, le mari était apparu, et l’avait chassé.
Finalement, à l’aube, il s’était endormi sur un trottoir, et retransformé en lui-même.
Paul était dans tous ses états ! Que lui avait fait ce plombier fou ?! Que lui arrivait-il ?! Il commença par brûler la cassette vidéo pour détruire toute preuve de ses méfaits. Si les voisins l’apprenaient… Puis il réfléchit longuement, et comprit qu’il lui fallait de l’aide.
(Et vite !)
Pour ne pas risquer d’être démasqué, il alla chez un médecin dans une autre ville. Il expliqua son cas, mais le médecin lui rit au nez en disant qu’il était complètement fou, que tout se passait dans son imagination.
Il alla voir différents docteurs, et tous se moquèrent de lui, ou le regardèrent bizarrement, quand ils ne le mettaient pas tout simplement à la porte.
Comme il avait raté le dernier train pour retourner dans sa ville, il prit une chambre d’hôtel. Et comme il s’ennuyait, il regarda la télé. Il vit un mauvais feuilleton américain, puis la speakerine annonça un film : « La nuit du loup-garou. » Paul se demanda ce que pouvait bien être un « loup-garou », alors il regarda le film pour satisfaire sa curiosité.
C’était l’histoire d’un homme qui se faisait mordre par un loup. Suite à cela, toutes les nuits de pleine lune, il se transformait lui-même en loup, et attaquait les pauvres gens. Paul était stupéfait : c’était exactement son histoire ! Il était donc devenu un plombier-garou ! Il resta scotché à l’écran jusqu’à la fin du film, impatient de voir comment le héros allait s’en sortir. Malheureusement, il ne s’en sortait pas : il était capturé et enfermé !
Paul était très déçu ! Ce film n’avait fait que l’angoisser davantage : il ne voulait pas finir enfermé ! Il eut beaucoup de mal à dormir, cette nuit-là, car son problème lui tournait dans la tête. Lorsqu’il parvint enfin à fermer l’œil, ce fut pour faire un terrible cauchemar : il était dans un zoo, et les gens venaient voir le plombier-garou dans sa cage, et lui jetaient des cacahouètes.
(C’était un rêve fort angoissant !)
De retour chez lui, Paul cherchait désespérément quoi faire, lorsqu’il se souvint d’un papier qu’il avait trouvé dans sa boite aux lettres longtemps auparavant. Il fouilla ses tiroirs jusqu’à le retrouver, et lut :
« Monsieur Melonveau, Grand Marabout Africain. Résout tous vos problèmes même ceux que vous n’avez pas. Si ton mari ou ta femme ou ton animal est parti il courra derrière toi comme le chien. Guéris problèmes de santé graves : mal de dos, migraines, bavardage, dépendance à la télévision. Réussite aux examens et aux jeux vidéos si tu n’arrives pas à gagner à Mario tu viens me voir et tu gagneras toutes les parties. Rend riche. Désenvoûtement, exorcisme, si on vous a jeté un sort ou si vous êtes maudits de père en fils. Paiement après résultats ou avant c’est comme vous voulez. Téléphonez-moi au 09-88-66-66-88. »
Ça avait l’air d’un drôle de bonhomme, ce Monsieur Melonveau, songea Paul. Mais il y avait écrit « désenvoûtementé » et « exorcisme. » Si quelqu’un pouvait l’aider, c’était certainement ce monsieur-là.
(Et puis de toute façon Paul n’avait plus rien à perdre.)
Il prit donc rendez-vous avec le marabout. C’était un gros monsieur très impressionnant, qui vivait dans un appartement rempli d’objets bizarres, et Paul fut un peu effrayé lorsqu’il arriva sur place.
« Alors, qu’est-ce qui vous amène ? » demanda M. Melonveau d’une voix grave.
« J’ai peur que vous ne me croyiez pas », répondit timidement Paul.
« Mon garçon, j’ai exorcisé des gens possédés par le Diable en Afrique, j’ai chassé les vampires en Roumanie, et j’ai même été une fois kidnappé par des extra-terrestres, alors je vous assure que je crois n’importe quoi, surtout si c’est bizarre. »
Paul songea qu’à ce compte-là, son histoire n’était pas si étrange que ça.
« Toutes les nuits de pleine lune, je me transforme en plombier, je vais chez les gens et je démonte leur tuyauterie ! Parfois même, je les attaque. », dit-il d’une traite.
« Ah… Je vois. Vous avez été mordu par un plombier-garou ! C’est une maladie très répandue en Chine. Je ne pensais pas qu’elle était parvenue jusque chez nous. »
« Vous pouvez m’aider ? »
« J’ai bien peur, mon garçon, qu’il n’existe qu’un seul remède à votre mal : il vous faut mordre quelqu’un lorsque vous êtes transformé en plombier. Vous lui transmettrez le mal, et en serez libéré. C’est ce qui a du arriver à celui qui vous a mordu. Vous me devez 500 euros. »
Paul paya de mauvaise grâce, et rentra chez lui très fâché : il ne voulait pas mettre quelqu’un d’autre dans l’embarras ! D’un autre coté, il ne voulait plus se transformer en plombier-garou ! Il passa le reste de la journée à réfléchir. Il retourna le problème dans tous les sens, et il eut soudain une idée de génie !
(Du moins serait-ce le cas si son plan fonctionnait.)
Il attendit la pleine lune suivante, et le jour où il devait se transformer, il s’acheta un hamster. Il s’enferma ensuite à double tour chez lui, et jeta ses clefs par la fenêtre, de sorte à ce qu’elles tombent sur le balcon du voisin d’en dessous. Il n’aurait ainsi, pour les récupérer, qu’à téléphoner à ce dernier pour qu’il vienne lui ouvrir.
Lorsque minuit sonna, Paul se transforma comme d’habitude en plombier-garou. Il tenta de sortir de chez lui, mais n’y parvint pas. Furieux, il dévasta alors sa propre plomberie puis, dans l’appartement inondé, il aperçut le hamster. Il ne put s’empêcher de le mordre.
(Le hamster n’était pas ravi.)
Le lendemain, Paul appela le voisin pour récupérer ses clefs, un plombier pour réparer les dégâts qu’il avait commis durant la nuit, et désinfecta soigneusement la morsure qu’il avait faite au hamster. Puis il reprit sa routine quotidienne, prenant bien soin du hamster, qu’il nourrissait et câlinait quotidiennement.
Un mois plus tard, il était impatient de voir si son expérience allait porter ses fruits. Il attendit minuit et, ô miracle ! Il ne se transforma pas en plombier. Le hamster, par contre, grossit un peu, et il lui poussa un bleu de travail et une caisse à outil. Paul avait prévu une cage solide, et le hamster-plombier-garou ne parvint pas à s’échapper. Enfin, le cauchemar de Paul touchait à sa fin !
Aujourd’hui, Paul s’est beaucoup attaché à son hamster, et ils passent de longs moments à jouer ensemble. Chaque nuit de pleine lune, le hamster se transforme en minuscule plombier à fourrure. Mais Paul a tout prévu pour que, même sous cette forme, le hamster ne soit pas malheureux : il a installé dans la cage une minuscule plomberie, que le hamster-plombier-garou démonte joyeusement !
Depuis, Paul et son hamster vivent un bonheur parfait, et la ville a retrouvé son calme les nuits de pleine lune. Mais quoi qu’il arrive, QUOI QU’IL ARRIVE…
Si vous croisez un plombier une nuit de pleine lune : partez en courant !