…mais Robert Kirkman a tout gâché !
Il y en a eu, des films de morts-vivants, des dizaines depuis La nuit des morts-vivants de George A. Romero en 1968. Des dizaines de nanars et quelques rares vrais bons films : La tétralogie du même George A. Romero (La nuit des morts-vivants, Zombie, Le jour des morts-vivants et plus récemment, le moins réussi Land of the dead), les remakes des deux premiers (La nuit des morts-vivants de 1990 et L’armée des morts en 2004), deux dérivations poétiquo-humoristiques (Dellamorte Dellamore et Shaun of the dead)... On peut à la rigueur ajouter à la liste la sympathique trilogie des Retour des morts-vivants et le respectable 28 jours plus tard de Danny Boyle, et voilà tout.
Donc, contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire un bon film de zombies est une tâche extrêmement ardue.
Pourquoi les films de Romero sont-ils des chefs d’œuvre incontournables, des films exceptionnels bien au-delà du genre horrifique auquel ils appartiennent ? Parce que ce sont des films politiques. Certes ils font peur, mais surtout ils font réfléchir. Car dans ces films, la cause de tous les désastres, ce n’est pas les hordes de zombies mais l’homme lui-même. Difficile de croire que des êtres décérébrés, lents, puissent anéantir la civilisation tout entière. Pourtant, de film en film, c’est ce qui se produit. Parce que nous sommes nuls, idiots, contre-productifs et violents. Parce que la peur et l’égoïsme en nous sont plus forts que notre capacité à travailler ensemble, fut-ce pour survivre. C’est en tout cas ce que démontrent ces films, qui nous plongent en outre dans une tension psychologique inouïe et qui (surtout Zombie et Le jour des morts-vivants) mettent en scène la vision d’apocalypse la plus effroyable de l’histoire du cinéma : un monde hanté par des cadavres ambulants, parsemé ça et là de quelques groupes de survivants livrés à eux-même… La fin pure et simple de notre espèce et de notre civilisation ! Sans parler de ce tabou millénaire, la profanation des cadavres, dont le phénomène des morts-vivants est l’expression la plus atroce.
Alors forcément, le scénariste que je suis rêvait d’écrire un jour une BD de morts-vivants, de poursuivre les thématiques de Romero à travers une longue saga, en montrant l’évolution des personnages à long terme…
Et puis Robert Kirkman est arrivé et il a publié The walking dead (le premier tome a été traduit chez Semic, la série se poursuivant en juin prochain chez Delcourt).
Il y en a eu, des films de morts-vivants, des dizaines depuis La nuit des morts-vivants de George A. Romero en 1968. Des dizaines de nanars et quelques rares vrais bons films : La tétralogie du même George A. Romero (La nuit des morts-vivants, Zombie, Le jour des morts-vivants et plus récemment, le moins réussi Land of the dead), les remakes des deux premiers (La nuit des morts-vivants de 1990 et L’armée des morts en 2004), deux dérivations poétiquo-humoristiques (Dellamorte Dellamore et Shaun of the dead)... On peut à la rigueur ajouter à la liste la sympathique trilogie des Retour des morts-vivants et le respectable 28 jours plus tard de Danny Boyle, et voilà tout.
Donc, contrairement à ce que l’on pourrait penser, faire un bon film de zombies est une tâche extrêmement ardue.
Pourquoi les films de Romero sont-ils des chefs d’œuvre incontournables, des films exceptionnels bien au-delà du genre horrifique auquel ils appartiennent ? Parce que ce sont des films politiques. Certes ils font peur, mais surtout ils font réfléchir. Car dans ces films, la cause de tous les désastres, ce n’est pas les hordes de zombies mais l’homme lui-même. Difficile de croire que des êtres décérébrés, lents, puissent anéantir la civilisation tout entière. Pourtant, de film en film, c’est ce qui se produit. Parce que nous sommes nuls, idiots, contre-productifs et violents. Parce que la peur et l’égoïsme en nous sont plus forts que notre capacité à travailler ensemble, fut-ce pour survivre. C’est en tout cas ce que démontrent ces films, qui nous plongent en outre dans une tension psychologique inouïe et qui (surtout Zombie et Le jour des morts-vivants) mettent en scène la vision d’apocalypse la plus effroyable de l’histoire du cinéma : un monde hanté par des cadavres ambulants, parsemé ça et là de quelques groupes de survivants livrés à eux-même… La fin pure et simple de notre espèce et de notre civilisation ! Sans parler de ce tabou millénaire, la profanation des cadavres, dont le phénomène des morts-vivants est l’expression la plus atroce.
Alors forcément, le scénariste que je suis rêvait d’écrire un jour une BD de morts-vivants, de poursuivre les thématiques de Romero à travers une longue saga, en montrant l’évolution des personnages à long terme…
Et puis Robert Kirkman est arrivé et il a publié The walking dead (le premier tome a été traduit chez Semic, la série se poursuivant en juin prochain chez Delcourt).
Évidemment, je me suis empressé de lire ça et... misère de misère ! La BD que je rêvais de faire depuis toujours… c’était The walking dead. Je n’avais plus qu’à me mettre ma BD de zombies là où je pense ! Vous me direz que l’un n’empêche pas l’autre mais The walking dead traite le sujet exactement comme j'aurais voulu le traiter. Pour citer l’auteur : « Avec The walking dead, je voulais parler de la façon dont des gens se débrouillent de situations extrêmes et comment cela les fait ÉVOLUER. ». Encore mieux : « Pour moi, le pire moment de chaque film de zombies est la fin. Je veux toujours savoir ce qui se passe ensuite. (…) Je veux que cela continue. (…) The walking dead sera le film de zombies qui ne se termine jamais ».
Si au moins il s’était planté…
Mais non, The walking dead est une excellente bande dessinée, qui exploite avec brio le thème abordé. Bien sûr, le médium a ses limites : la BD ne sera jamais le cinéma et le degré d’horreur que l’on ressent en voyant les dix premières minutes de Zombie est impossible à retranscrire sans les moyens narratifs du septième art. Dans la séquence susnommée (choquante, terrible, éprouvante, hallucinante de violence psychologique et physique), tout se joue sur le montage, le rythme, quelque chose que l’on ne maîtrise pas autant lorsque le lecteur est maître du temps (alors qu’au cinéma le spectateur subit le temps). Mais pour le reste, tout dans The walking dead est irréprochable : la psychologie des personnages, leur évolution, leurs relations, le contexte et ce jusqu’à poser les questions que je me suis toujours posé (par exemple : comment les zombies font-ils la différence entre eux et nous ?). Les questions que je voulais poser, justement. Sans parler du dessin épatant de Tony Moore, parfaitement au service du récit.
Alors voilà, Robert Kirkman a tout foutu en l’air, c’est un salaud, je le hais !
Et je vous conseille de vous précipiter lire The walking dead : un classique instantané, comme on dit en anglais.
Si au moins il s’était planté…
Mais non, The walking dead est une excellente bande dessinée, qui exploite avec brio le thème abordé. Bien sûr, le médium a ses limites : la BD ne sera jamais le cinéma et le degré d’horreur que l’on ressent en voyant les dix premières minutes de Zombie est impossible à retranscrire sans les moyens narratifs du septième art. Dans la séquence susnommée (choquante, terrible, éprouvante, hallucinante de violence psychologique et physique), tout se joue sur le montage, le rythme, quelque chose que l’on ne maîtrise pas autant lorsque le lecteur est maître du temps (alors qu’au cinéma le spectateur subit le temps). Mais pour le reste, tout dans The walking dead est irréprochable : la psychologie des personnages, leur évolution, leurs relations, le contexte et ce jusqu’à poser les questions que je me suis toujours posé (par exemple : comment les zombies font-ils la différence entre eux et nous ?). Les questions que je voulais poser, justement. Sans parler du dessin épatant de Tony Moore, parfaitement au service du récit.
Alors voilà, Robert Kirkman a tout foutu en l’air, c’est un salaud, je le hais !
Et je vous conseille de vous précipiter lire The walking dead : un classique instantané, comme on dit en anglais.